LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
DOMINIQUE
EPISODE 8
Le temple des promesses
- Et maintenant ? lui murmura Naomi.
- Je ne sais pas.
Dominique se tenait dans un costume sombre près de la grille et sa collègue et amie lui prit la main.
- Qu’elle se souvienne de ça ou pas, quelle différence ?
- Voyons, fit-il sans lâcher des yeux le petit comité qui se recueillait autour de la tombe. C’est mon élève.
Naomi secoua la tête et serra la main refroidie du jeune homme entre ses paumes.
- Je ne te reconnais plus, Dominique. Il y a quelques années, tu respirais la vie et le bonheur. Tu m’as soutenue dans les moments difficiles. Si je suis tombée amoureuse de toi, c’était sans le vouloir, parce que tu avais su toucher mon cœur dur et froid. Tu te souviens de ce que j’étais avant de te connaître... ?
Il ne répondit pas, les yeux fixés sur le visage incliné de celle qui s’était miraculeusement réveillée sous ses lèvres.
- Pourquoi est-ce que je me sens si... coupable ? J’ai l’impression que... Que j’ai fait quelque chose d’interdit.
- Embrasser une élève ? réfléchit-elle.
- La tirer de son coma.
Naomi demeura interdite un long moment. Déjà la petite foule s’animait autour de la dalle.
- Je ne sais pas d’où me vient ce sentiment, mais je crois très fort... qu’elle aurait dû mourir.
- Je ne... bredouilla-t-elle.
- Ne te méprends pas, Naomi, je ne veux pas son malheur. Je ressens quelque chose de particulièrement fort pour cette enfant. Et c’est mon amour pour elle qui m’a poussé à agir ainsi. Mais une voix me dit, dans un écho incertain, que ce n’était pas son avenir. Pourquoi ? Et surtout... comment ai-je pu lutter contre ça ?
Elle baissa la tête et Dominique comprit instantanément. Il chercha instinctivement son regard mais elle le fuyait.
- Ton amour... releva-t-elle
- Oui, je crois que c’est cela, assura-t-il comme un douloureux aveu.
- Je m’en doutais, tu sais ? Je m’en doutais, articula-t-elle sans redresser la tête. Quelle sotte je fais...
Elle recula d’un pas et il n’eut pas le temps de la retenir, elle s’éloignait en courant.
« Naomi... Je ne voulais pas te blesser... »
- Les filles ? les arrêta Dominique à la fin de son cours.
Sandra et Christelle le dévisagèrent un bref instant et il pria la première de rester.
- Je t’attends dehors, souffla la seconde en lui adressant un malicieux clin d’oeil.
- Sandra, commença Dominique hésitant. Tu es une amie de Nathalie Amamiya, n’est-ce pas ?
- Oui, monsieur.
- Je devrais demander ce service à Suzanne, mais elle me fuit.
- Oui, je sais, monsieur, répondit honnêtement Sandra.
- Est-ce que tu pourrais... enfin... lui donner ceci. A Nathalie, je veux dire.
Il se tourna vers sa serviette et en retira un paquet de feuilles.
- Ce sont les...
- Les cours, oui. Je ne veux pas qu’elle perde son année, malgré le chagrin et la douleur qu’elle peut ressentir. Je sais que vous vous en êtes déjà chargé, reprit-il en devançant la remarque de la lycéenne, mais j’y tiens. Je me sens... responsable. Un peu.
- Bien, accepta-t-elle finalement.
- Ne lui dis pas que ça vient de moi... Enfin, ne le dis pas à Christelle, s’il te plaît. Enfin, tu comprends.
Elle sourit, heureuse d’effleurer le secret de son professeur, et promit.
Charles traversa le couloir et frappa à la porte de la chambre. Dominique rêvassait en dessinant assis à sa fenêtre. Il tourna la tête vers son ami et celui-ci leva son propre calepin de dessin.
- Tu as recommencé à dessiner ?
- Ce n’est pas vraiment du dessin. C’est pour le concours, je m’entraîne avec tout ce qui me passe sous la main.
- Le concours ? releva Charles.
- Mais si, je t’en ai parlé. Pour le poste d’enseignant à l’université. Et peut-être qu’une fois dans le corps enseignant là-bas, je pourrai...
- Dominique, le coupa Charles en posant délicatement son calepin sur le bureau.
- Je peux voir ce que tu as fait ce soir ? lui demanda le jeune professeur.
Charles récupéra son cahier et le serra contre lui.
- Euh... Non, ce n’est pas fini...
- Ah.
- Dominique, que lui veux-tu à cette élève ?
Dominique haussa les sourcils.
- Je te demande pardon ?
Son ami baissa les yeux sur ses feuillets et se décida à en retirer quelques unes du bloc-notes pour les lui tendre, le regard préoccupé.
- Dominique qui patiente devant la bibliothèque, expliqua Charles en suivant le mouvement de son ami, dessin après dessin. Dominique, inquiet près du gymnase... Et là, Dominique tel que je l’imagine en classe.
Le dessin, représenté en vue subjective, depuis une des tables, vide, soulignait le regard tendre mais inquiet du professeur, une craie en main.
- Tu me suis ? sourit alors ce dernier.
- Tu es sûr de ce que tu fais ? Si sa famille savait...
- Mais je...
- Je vois ce qui flotte dans ton regard, tu sais ? On se connaît depuis trop longtemps. Tu es fou, souffla-t-il en se levant. Mais comme chaque fois, tu sais ce que tu fais, n’est-ce pas ?
- Pas vraiment, répondit alors Dominique, les yeux perdus sur ce dernier dessin. Vraiment pas, même. Pour la première fois, sûrement, je ne réagis plus que par ce qui vibre en moi. Tu te rends compte... ? Alors que je perds toutes mes sensations, ce don... Je me raccroche à mes dernières intuitions. J’ai presque l’impression d’être...
- Guidé ?
Il releva le visage et fixa le jeune professeur de dessin.
- Oui...
- Nous le sommes tous, lui accorda-t-il. Toi un peu plus que les autres. Alors vis ce que tu as à vivre.
- Merci, Charly.
Elle pleurait... là, tout près, elle pleurait.
Dominique n’avait pas résisté à cette sensation subite de tristesse qui l’avait conduit ici... Et la découvrir, sur ce banc, seule... Il approcha.
- Ça ne va pas ? demanda-t-il en s’agenouillant à ses côtés.
- Si, si. Ne vous inquiétez pas pour moi, répondit-elle alors sans laisser filtrer ses émotions.
Il sourit et elle releva la tête, posant sur lui ses yeux rougis, plaintifs, luisant dans le soir.
- Professeur Gauthier ? ! Mais que...
- Je faisais juste une promenade tardive. J’avais besoin de réfléchir...
Il prit place à côté de la jeune fille. A sa grande surprise, elle lui parla facilement. Elle se confia. Il lui sembla être le témoin de ses moindres pensées, parcourant avec elle cette histoire aussi triste que compliquée. Les mots glissaient sur ses lèvres et il ressentit pleinement, à cet instant, ce qu’il éprouvait pour elle. Pourquoi le nier, désormais ?
- Quand j’ai besoin de me retrouver, lui dit-il après l’avoir écoutée, je vais au sanctuaire tsukimine. Cet endroit respire la solennité. Je m’y rends d’ailleurs régulièrement.
Une idée folle le traversa et il patienta, marquant un bref arrêt dans sa phrase. En avait-il le droit ? Le regard de Nathalie se fit plus interrogatif et il céda. Il l’y invita.
Le jour suivant parut interminable à Dominique. Les heures, les minutes, les secondes mêmes semblaient passer avec une lenteur exaspérante. Ses sentiments bouillonnaient en lui, telle une fièvre tropicale. La décision de l’inviter, l’hésitation, les éternelles questions traînaient loin derrière son coeur. Sa raison avait déserté. Il en était là, poussé par une force incroyable... cette force contre son dos...
Il ouvrit les yeux sur le visage de celle qu’il avait tiré du sommeil éternel. Il sentait la chaleur de ses lèvres contre les siennes. Il posa les mains sur ses hanches. Le temps se suspendit. Tout disparut. Tout sauf eux deux. Sur le visage de la jeune femme, une lueur qu’il connaissait. Un rayonnement chaud, des ondes de bien-être le parcourait et il ferma les yeux, abandonnant sa contemplation, ce souvenir de l’arbre sacré, à son amour présent.
La jeune enfant ouvrit subitement les yeux, une main sur la poutre de l’entrée du temple. Des pas se rapprochèrent derrière elle et l’homme s’accroupit à ses côtés :
- Qui c’est ? demanda-t-elle alors que le couple s’embrassait sous les branches du cerisier sacré.
- Tu veux parler du garçon que tu viens de voir dans ton esprit ?
- Oui. Papa, qui c’est ?
- Un être qui te sera cher. Quelqu’un qui te plaira. Mais que tu ne pourras aimer qu’un temps, Katya. Juste le temps qu’il faudra pour que les choses se mettent en place.
- Ah oui... fit-elle en se levant pour se planter devant lui.
- C’est ça... la force du destin : nous manipuler en nous liant les uns aux autres par les sentiments. Tu le comprendras bien assez tôt, ma puce. En attendant, viens. Je veux te montrer un autre maillon du destin.
- Qu’est-ce que c’est, papa ?
- Un grelot tout mignon... suis-moi.
A SUIVRE...
Lire l'EPISODE 8 vu par Nathalie
Lire l'EPISODE 9 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
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