LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

DOMINIQUE

EPISODE 9
Seuls



Dominique déposa son vélo près de l’entrée de la salle. A l’intérieur, feutrée par les murs épais, la musique jaillissait bruyamment. Dehors, le ciel s’était parsemé d’une myriade d’étoiles que même l’éclat de la pleine lune ne ternissait pas. Une lune ronde. Parfaite. Entourée d’un halo blanchâtre. Une lune qui lui rappelait l’éclat diffus mais si chaleureux de l’écorce qu’il chérissait tant au sanctuaire.
Et ce baiser. Et cette tendresse. En un soir, en une seconde, ses idées s’étaient éclaircies. Comment peut-on s’ouvrir ainsi ? D’où lui venait cette impression ? « Du plus profond de moi ? » se demanda-t-il une main sur le torse. Peut-être. Et puis...
Cela faisait un mois.
Jour pour jour.
- Une chanson, une chanson, scanda-t-on à l’intérieur.
La porte s’ouvrit tandis que Dominique souriait béatement. Un de ces sourires qui décochent une flèche de bonheur à ceux qui les croisent.
- Je vois que tu es venu seul, lui lança Charles. C’est dommage.
- Elle a hésité. Elle a prétexté un rendez-vous, demain.
Charles secoua tendrement la tête et fit quelques pas vers lui.
- Elle est magnifique dans l’article... Je n’ai pas résisté au plaisir de m’en acheter un exemplaire.
- Comment ?! Toi, tu as acheté ce magazine ?
- Seijo a une élève qui caresse la gloire et on devrait s’en cacher... ? Je suis heureux pour elle.
- Moi aussi. Je crois que ça lui change les idées, en plus. Et dire qu’elle n’y allait pas pour ça, la première fois. Le hasard a ses raisons que l’homme ne comprendra jamais.
- Et toi, mon grand, demanda Charles, chaque jour plus amoureux ?
Il cogna amicalement le poing contre son épaule et Dominique repositionna ses lunettes en esquissant un sourire coquin.
- J’en suis fou. Si tu savais ce qu’elle m’apporte. Je ne veux évidemment pas brusquer notre relation mais j’ai l’impression de la connaître depuis toujours.
- Je comprends...
- Tous ses gestes, toutes ses pensées. Son rire et la lumière dans ses cheveux. Et sa chaleur. Elle et incroyable.
- Ah bah, si c’est pas de l’amour, ça !
Dominique eut un petit rire et Charles posa une main sur son épaule.
- Je ne sais pas à qui tu t’es adressé, mais je voudrais qu’on me serve la même chose.
- Idiot... Tu trouveras bien un jour.
- La perle n’est jamais loin, lança Charles en faisant un pas vers le parking. Mais est-elle accessible ? Je vais chercher les clefs de la voiture de Maggie. Tu m’attends ?
- Je reste là. Le champagne t’attendra, souligna Dominique en lui montrant la bouteille qu’il tenait à la main.

La musique lente prit place doucement et la foule s’écarta de la piste. Des couples s’avancèrent, main dans la main et les lumières se tamisèrent.
- Je déteste ce moment, soupira Charles. C’est une honte, on devrait enfermer tous ceux qui sont heureux !! S’exhiber ainsi... Brrr !
- Ne les décrie pas. Quand tu seras heureux, tu oublieras tout, tu verras. Mais merci de vouloir aussi m’enfermer, alors !
- Ne dis pas de bêtise, releva Charles. Ce soir tu n’es pas heureux. Donc tu es sympa !
- Logique implacable.
Eglantine se posta devant eux et tendit une main vers eux en signe d’invitation :
- Lequel de vous deux m’accordera cette danse ?
Dominique fit un pas en avant et prit la main de la demoiselle. Il se tourna vers Charles et d’un geste, réunit leurs deux mains.
- Mais... bafouilla Charles, en se voyant entraîné par leur colocataire.
Le jeune professeur lui adressa un signe et se faufila vers la sortie.
« Pas heureux » Même si c’était une blague, son ami avait encore vu juste.
Dominique lança un regard chargé d’un désir avoué sur la bague qu’il portait au doigt. Ses pensées filèrent sous le clair de lune.

- C’est un peu bête, tu sais, ce à quoi j’ai pensé, mais...
Elle le dévorait du regard. Happé par l’éclat de ses pupilles, il baissa les yeux et sortit une boîte de sa poche, tout en prenant délicatement la main de Nathalie.
- C’est pour toi. Pour nous.
- Qu’est-ce que c’est, demanda-t-elle, l’oeil vif et le sourire large.
- Un anneau de coeur. En fait, il est composé de deux anneaux entortillés l’un à l’autre. Mais ils peuvent être désunis, ajouta-t-il en accompagnant ses paroles des gestes appropriés, et revenir à deux êtres qui s’aiment.
- Je...
- Et je t’aime Nathalie. Il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu... Je le sais. Mais je crois très fort en mes sentiments pour toi. Comme un appel. Une voix qui me guide vers toi. Et j’aurais tort d’aller à son encontre, tu ne crois pas ?

Suzanne le frappa brutalement à l’épaule :
- Vous l’avez embrassée ! Perveeeers !!!
Dominique ouvrit les yeux. La nuit calme l’avait enrobé d’un manteau léger d’humidité et sa veste luisait sous les spots qui cernaient l’entrée de la salle. Suzanne. Sa cousine...

- Vous devriez avoir honte de ce que vous avez fait...
La classe était vide et aucun bruit ne parvenait du couloir.
- Je vais vous laisser, affirma sèchement Naomi en se dirigeant vers l’extérieur.
- Attends...
La porte glissa dans son encadrement et la jeune fille le contourna pour se retrouver entre lui et le couloir:
- Vous vous rendez compte ?!
- S’il te plaît, Suzanne. Je discutais avec mademoiselle Simon.
- Vous ne m’écoutez pas. Je vous interdis de revoir ma cousiiiine ! articula-t-elle en pointant un doigt vers lui.
Il ne réagit pas. « Revoir Nathalie » ? Alors, il en était arrivé là ?
- Je sais que vous êtes mon professeur et je dois reconnaître que je vous apprécie énormément, monsieur Gauthier. Mais ce que vous avez fait est inacceptable !
- Je l’ai sauvée, murmura-t-il sans bouger, les yeux posé sur l’horizon lointain.
- Mais vous l’avez... Grrrr.
- Tu m’en veux à ce point, continua-t-il. Alors qu’elle est revenue à la vie...
- Et je dois vous remercier ?
- Comprendre, peut-être...
- Ca suffit. Je vous dois le respect. Alors je n’en dirai pas plus. Mais je vous demande de me promettre de ne pas la revoir. De ne pas l’entraîner dans votre sillage.
- Je...
- Promettez-le-moi !
La porte s’ouvrit, Dominique releva le nez, Suzanne pivota et Naomi leur sourit maladroitement :
- J’ai oublié mon sac, assura-t-elle.
La cloche retentit alors et Suzanne chercha une réponse sur le visage neutre de son professeur.
- Ah, c’est l’heure des cours, souligna Naomi. Allez, allez, tous les deux...
Suzanne fixait encore Dominique et celui-ci posa un regard affectueux sur elle. Elle enragea de plus belle et sortit en claquant la porte.
- Pas facile... souffla Naomi.
- Merci.
- De quoi, donc ? feignit-elle.
- D’être intervenue.
- Pfff... Même pas ! Allez, mon grand, en classe !
- Oui, madame.
Il la frôla et quitta la salle en déposant une bise sur sa joue.

« Les choses se font et se défont, avait dit Frédéric quand ils s’étaient connus, surtout si on les presse. Ne songe jamais à planter tes racines dans un sol. Cela l’appauvrit. »
Ne pas trop en demander aux autres. Leur faire confiance.
Naomi lui pardonnerait, avec le temps.
- Tu viens ? l’interrompit Maggie en rejoignant la salle. Ils vont lancer le défi karaoké !
- Vous étiez dehors ?
- T’inquiète pas, fiston. C’est passé. Entrons !
- Maggie... La pension ferme bientôt. Que ferez-vous après ?
- Ahhh... soupira-t-elle. Après. C’est une autre vie. Sans vous tous. J’ai passé de grands moments avec tes colocataires. La petite est vraiment un cadeau du ciel. Elle me manquera. Mais tu sais quoi ? Par-dessus tout ? C’est toi qui me manqueras. Tu as ce don incroyable de contaminer les gens grâce à ta bonne humeur et grâce à ce que tu dégages. Si la petite n’était pas intéressée par ton ami, c’est avec toi qu’elle formerait un couple parfait.
- Oh non, Maggie, lui rétorqua Dominique, remarquant qu’elle titubait un peu, les joues rougies et le geste ample. Eglantine et moi, c’est impossible.
- Viens danser avec moi, alors.
- Ca, j’accepte.


A SUIVRE...


Lire l'EPISODE 9 vu par Nathalie

Lire l'EPISODE 10 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
 


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