LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

NATHALIE

EPISODE 9
Seuls



Frédéric pénétra dans la pièce sans bruit. Ses yeux s’habituèrent vite à la pénombre qui y régnait. Il plissa les yeux et sourit. Elle était là. Il s’avança de quelques pas et Katya se retourna dans sa direction.
- Encore à contempler le grelot lunaire, constata-t-il, détaillant les formes parfaites et l’inscription finement ciselée de l’objet.
- Oui, Papa, admit la petite fille, la mine sérieuse. Je crois... qu’il a besoin de moi.
Le prêtre tsukimine sourit et s’agenouilla près de Katya :
- Tu as raison, ma chérie. Il marqua une pause, les yeux dans le lointain. Mais le temps n’est pas encore venu...
- Et comment je saurais, moi, que le temps est venu ? rétorqua l’enfant, une moue inquiète sur le visage.
Frédéric se mit à rire doucement et caressa avec tendresse les cheveux de sa fille :
- Tu le sauras, ma puce... Il suffit de laisser le destin faire son oeuvre...
Katya hocha la tête. Elle avait compris.
- Frédéric !
L’homme se retourna avec vivacité vers sa femme. Pour une fois, il ne l’avait pas entendu venir. La jeune femme eut un sourire en constatant sa mine surprise.
- Désolée de te déranger, mon amour, mais il y a une jeune personne qui désire te parler...
- Très bien, j’y vais, déclara le prêtre en se levant prestement. Merci Catherine.
Il déposa un rapide baiser sur sa joue et se dirigea d’un pas vif vers l’entrée. La jeune femme avisa alors son enfant, qui avait repris sa contemplation.
- Katya, ça te dirait de m’accompagner faire quelques courses en ville ?
La fillette fut sur ses pieds en un temps record. Ses yeux brillaient.
- Voui ! ! ! ! Est-ce qu’on pourra acheter des marshmallows ? Hein ? Dis ?
Catherine éclata de rire devant la mine faussement suppliante de l’enfant et acquiesça en lui prenant la main. Katya partit en courant chercher son manteau, tandis que sa mère refermait avec précaution la porte de la salle.

- Bonjour Frédéric.
Nathalie sourit avec bonheur tandis que le prêtre tsukimine la rejoignait sous les branches du cerisier sacré. L’homme la salua et répondit à son sourire, en s’asseyant près d’elle :
- Cela fait quelque temps que je ne t’avais point vue en ces lieux mon enfant.
La jeune fille eut un petit rire face à cette phrase si solennelle :
- En effet. Ma vie a été totalement chamboulée depuis ces dernières semaines...
- Ton métier de mannequin ? Je t’ai vue sur la couverture de ce magazine de mode. Tu es vraiment très jolie. Dominique doit être fier de toi.
Nathalie se fendit d’un immense sourire et elle se blottit contre l’écorce de l’arbre en fermant les yeux. Elle se trouvait à l’endroit précis où ils avaient échangé leur premier baiser... Cela faisait un mois... Non... Un mois et un jour exactement. Ça avait été un des grands tournants de sa vie. Ça... et l’anniversaire de Suzanne. Elle se rappelait parfaitement comment tout avait débuté...

Mardi 13 octobre. Le temps était radieux. Aussi radieux que Suzanne, qui fêtait ses quinze ans. Le petit groupe de filles déjeunaient gaiement. Il y avait Sandra, Christelle et Gaëlle. La conversation allait et venait, alliant questions sérieuses et remarques futiles.
- J’ai lu dans le journal que notre ville allait servir de décor à une séance photo dans les jours qui viennent, annonça tout à coup Christelle, toute fière. Et ils recherchent des jeunes gens pour les aider. Il paraîtrait que c’est pour le magazine anglais Fashion’n Beauty. Ça vous dirait que l’on tente notre chance ?
- Pourquoi pas, admit Sandra, voyant le côté pratique des choses. Cela nous permettrait de nous faire un peu d’argent de poche.
- Et puis ça permettrait à Nathalie d’approcher de très près le milieu de la mode. Depuis le temps qu’elle en rêve... renchérit Suzanne en attrapant affectueusement sa cousine par le cou.
Nathalie hocha la tête en signe d’assentiment, jeta un regard en biais à Suzanne et sourit. Apparemment, la discussion qu’elles avaient eu la veille était digérée. Suzanne était venue la rejoindre dans sa chambre la veille au soir. Elle s’était assise au bord du lit, silencieuse, puis avait finalement déclaré :
- Tu sais Nathalie... Je sais que je n’aurais pas dû mais j’étais inquiète, et puis... Enfin, j’ai lu la lettre de ton ami Brian... Tu aurais pu m’en parler...
S’était ensuivit une conversation plutôt chaotique, où Nathalie tentait d’expliquer les raisons de son silence. Mais elle sentait bien que sa cousine n’était pas convaincue et se sentait exclue par sa façon d’agir. La jeune fille se sentait d’autant plus coupable qu’elle ne lui avait rien dit à propos de Dominique... Mais comment le pouvait-elle ? C’était son professeur. Et puis Suzanne semblait lui en vouloir, elle ne savait pas exactement pourquoi... Ce contexte de secret la gênait, d’autant que la cellule familiale s’était resserrée, suite à la mort de son père. C’était comme un cocon. Elle avait l’impression d’étouffer. Elle avait toutes les peines du monde à sortir seule, car Grand-père avait toujours peur qu’il lui arrive quelque chose. Elle devait faire preuve de stratégie et d’imagination pour pouvoir passer ne serait-ce qu’un bref moment en compagnie de son amour. Finalement, elle avait décidé de se confier à quelqu’un. Et cette personne c’était...

- Alors, de quoi souhaitais-tu me parler, mon enfant ?
Nathalie sursauta et sortit de sa rêverie. Frédéric la dévisageait intensément. Elle eut un mouvement d’excuse que le prêtre balaya d’un geste :
- Il est bon de méditer, mais il ne faut pas non plus s’enfermer. Car si tu fermes ton esprit, tu ne peux plus avancer et ta vie se limite à tes souvenirs...
- C’est justement là que se situe le problème, avança Nathalie. Mon esprit est trop ouvert... Je capte des choses que les autres ne voient pas... Comme l’aura de cet arbre... Et parfois cela me fait extrêmement peur...
- Ne te rebelle jamais contre ce que tu possèdes, ça ne t’apportera que du malheur...
Le regard de Frédéric s’assombrit un instant, voilé de regret, et la jeune fille attendit patiemment la suite. Comme elle ne venait pas, elle reprit la parole avec précaution :
- Je voulais aussi vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi... Vous m’avez toujours écoutée, soutenue, conseillée... Vous savez Frédéric, je... Par moments, vous me rappelez vraiment mon père...
Elle baissa les yeux et le prêtre tsukimine posa sa main sur sa joue, lui relevant la tête. Ce que la jeune fille venait de dire l’avait touché au plus profond de son être.
- C’est le plus beau compliment que l’on m’ait jamais fait, lui sourit-il. Ce n’est pas pour changer de sujet, mais as-tu réussi à parler avec ta famille ?
La jeune lycéenne secoua la tête.
- Et je suis le seul à savoir n’est-ce pas ?
- Oui. Alors que tous ses amis sont au courant... Hier, j’étais invitée à l’anniversaire d’une de ses amies. J’ai hésité et puis j’ai refusé. Je ne voulais pas qu’ils se doutent de quelque chose...
- Tu portes pourtant à ton doigt le symbole de cet amour, s’étonna Frédéric.
Nathalie posa les yeux sur son anneau de coeur. Dominique lui en avait fait cadeau la semaine précédente, à cet endroit précis.
« Et je t’aime Nathalie. Il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu... Je le sais. Mais je crois très fort en mes sentiments pour toi. Comme un appel. Une voix qui me guide vers toi... »
La jeune fille poussa un soupir au souvenir de ces paroles et se retourna vers son confident :
- Je le sais. Ils ne sont pas bêtes... Ils doivent bien se douter de quelque chose... Surtout Suzanne... J’aimerais tant pouvoir leur faire partager mon bonheur...
- Rien n’est jamais simple dans la vie, ma petite Nathalie, je le sais bien. Mais aie confiance. Et écoute toujours ton cœur. Il te mènera sur la bonne voie.
Une cloche retentit dans le sanctuaire et l’homme se redressa.
- Je dois y aller. Ne t’inquiète pas. Laisse-toi guider par ton destin, et tout ira pour le mieux.
Nathalie lui sourit et le regarda s’en aller. Lorsqu’il eut disparu à l’intérieur du temple, ses pensées la rattrapèrent.

- Mademoiselle, voulez-vous bien me trouver l’ensemble numéro 327 ? Portemanteau 24.
- Tout de suite, madame Smith, lui assura Nathalie, en se faufilant dans les allées encombrées de bric-à-brac.
La séance photo allaient commencer, et comme toutes les habilleuses du plateau, elle mettait les bouchées doubles. C’est tout juste si elle avait entrevu ses amies, occupées à diverses tâches, depuis le début de la journée. Elle venait de mettre la main sur l’ensemble que lui avait demandé madame Smith, la chef costumière, quand une voix éclata à quelques mètres d’elle :
- Como ? No es posible ! ! ! Madre de Dios ! Qué hago sin modelo ? Es increïble !
Nathalie écarta avec précaution les vêtements qui lui bloquaient la vue et trouva un homme à l'allure distinguée en train de vociférer dans son téléphone portable. Bien qu’elle n’eut que de très vagues notions de cette langue, elle reconnut de l’espagnol. L’homme raccrocha brutalement et se mit à gesticuler dans tous les sens. Nathalie se pencha pour mieux voir et s’emmêla les pieds dans les fils qui jonchaient le sol. Elle tenta de se retenir au portemanteau mais se retrouva bientôt les quatre fers en l’air, engloutie par les tenues qu’elle avait entraînées dans sa chute. Alors qu’elle reprenait ses esprits, une main se tendit pour l’aider à se relever.
- Vous aller bien, niña ?
Nathalie opina du chef et ouvrit des yeux effarés en constatant les dégâts qu’elle venait de causer. Pendant ce temps l’espagnol l’observait avec intérêt.
- Je suis vraiment désolée, articula la jeune fille. Je vais...
- Ce n’est pas importanté. Zé souis Antoñio De las Fuerzas de las Cosas. Vous êtes guapisssima... Zolie. Trrrès Zolie. Il cé trouve qué la mannéquin por la séance dé photo ne peut pas être aqui... Ici. Est-cé qué vous vouloir désempéñar su papel ?
Nathalie dévisageait l’homme au costume androgyne sans vraiment comprendre. Que désirait-il exactement ?
Madame Smith arriva alors à la rescousse :
- Señor de las Cosas vous demande si vous accepteriez de poser pour lui, étant donné que le mannequin initialement prévu a été annulé.
La jeune fille n’en croyait pas ses oreilles. Antoñio De las Fuerzas de las Cosas, le célèbre créateur de mode espagnol lui demandait de poser pour lui ! Elle devait sûrement rêver. Puis s’apercevant que tout le monde attendait sa réponse, elle se reprit :
- Ou... oui...
- Muy bien, s’enchanta Antoñio. Qué la séance commence !
Et Nathalie fut entraînée dans un tourbillon de tissus et de couleurs. Tout se brouillait dans son esprit...
Nathalie revint brusquement à la réalité, éblouie par le soleil couchant.
« Il est temps de rentrer, songea-t-elle. Demain est un autre jour... »


A SUIVRE...


Lire l'EPISODE 9 vu par Dominique

Lire l'EPISODE 10 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
 
 


Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
 


RETOUR



ACCUEIL