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Réponse à une certaine Stéphanie dont la lettre a été publiée dans « l’Express de Madagascar » le Mardi 05 Mars 2002, mais c’est aussi une interpellation à l’endroit de tous ceux qui – étrangers ou Malgaches- pensent et réagissent comme elle.


        Chère Stéphanie, vous écriviez au début de votre lettre « … en dépit de mon éloignement du pays,… », Vous ne résidez donc pas à Madagascar, alors que vos compatriotes subissent ici à Madagascar : les misères infligées par le régime ratsirakien depuis 25 ans, des misères telles qu’elles ont fait dire à une européenne que lorsqu’elle est arrivée chez nous il y a quelques années, elle a eu l’impression que le pays sortait récemment d’une guerre ! Stéphanie, vous critiquez à votre aise soit dans l’ignorance des réalités vécues par vos compatriotes, soit avec une mauvaise foi évidente. Voici un des propos de la personne à laquelle vous avez répondu et que vous avez repris dans votre critique : »… c’est en ayant épuisé toutes les voies de recours et de négociations… ». Vous sous y êtes attaqué en écrivant ceci : « … une telle affirmation n’est-elle pas juste une disculpation quelque peu malséante ? » Là, vous ne manifestez pas un esprit critique. Vous manifestez votre aversion contre les mouvements de contestation qui se déroulent à Madagascar. Dans vos propos, vous dédaignez ouvertement les étapes suivies pas ces mouvements, d’abord pour mettre en garde Ratsiraka et son gouvernement contre leur intention de truquer les résultats des élections présidentielles, ensuite pour les amener à reconsidérer les résultats officiels en confrontant les procès-verbaux détenus par tous les candidats, et ceux détenus par la Haute cour constitutionnelle (HCC) et aussi ceux à la disposition du consortium des observateurs. Vous omettez le fait qui les poussé à faire appel à des instances internationales pour amener Ratsiraka à négocier, mais tout cela a été vain ! L’amiral Ratsiraka s’obstine à organiser un second tour. Vous ignorez peut-être aussi que, peu avant la proclamation officielle des résultats du scrutin du 16 décembre, M. Ange Adrianarisoa, le Président de l’Assemblée Nationale et un des inconditionnels de Ratsiraka, a déclaré imprudemment devant la population d’une des communes du Fivondronana (département) de Manjakandriana où il a été élu député - que l’Amiral a gagné au premier tour avec un score de 51% ! Cela signifie que, Ratsiraka a déjà eu l’intention de faire proclamer qu’il était réélu une énième fois Président de la République le 16-12-2001 dernier mais il a reculé devant le durcissement des la position de ses opposants et pour essayer de faire bonne mesure, il a décidé de se rabattre sur un autre résultat qui renvoie tout le monde vers un second tour. Plus, Stéphanie, ne traitez pas de « disculpation malséante » ces « voies de recours et de négociation… » réelles et connues et reconnues par le monde entier – sauf pour vous évidemment- prise par les contestataires à Madagascar. Ce sont plutôt vos propos qui sont malséants, car ils témoignent d’une ignorance volontaire, d’un dédain des faits réels et d’une trop grande hâte à justifier l’amiral Ratsiraka qui semble ne pas comprendre que l’un des principes fondamentaux de la démocratie qu’il prétend avoir instaurée au payse est l’alternance.

        Plus loin, vous écrivez : « qu’en est-il de ces fameuses voies de recours ? l’obstination de ne pas cheminer vers le deuxième tour ? » Vous avez ensuite repris inconsidérément le vieil adage français « il n’y a que la vérité qui blesse ». Qui est blessé ? j’ai plutôt l’impression que c’est vous, car autrement vous n’auriez pas été aussi virulente dans votre lettre. Et de quelle vérité parlez-vous ? celle de ce fameux second tour que vous prônez au mépris de la vraie démocratie qui recommande le respect du verdict des urnes ? au mépris du désir de tout un peuple d’instaurer enfin chez lui, dans son pays, les bonnes mœurs politiques, de se défaire du joug d’un tyran qui l’a si longtemps opprimé ? En parlant de Ravalomanana, vous avez dit : Marc Ravalomanana, tout comme Ratsiraka est un mur de glace. » l’avez-vous seulement approché ? l’avez vous seulement écouté ? l’avez-vous, ne serait-ce qu’une seule fois, vu se mettre en contact avec le peuple, ce peuple malgache meurtri par 25 ans de mensonge, de tromperie, 25 ans pendant lesquels il a survécu non pas grâce à un salaire décent – en parlant de ceux qui ont un emploi stable – mais en faisant par-ci par-là des petite combines, 25 ans à l’issue desquels il a failli perdre son âme ? Mais bien évidemment, vous ne pourrez jamais connaître la détresse de ce peuple auquel vous appartenez car vous êtes éloignée à des milliers de kilomètres.

         Je ne suis pas un fanatique de Ravalomanana et avoir voté pour lui ne signifie pas que je lui ai signé un chèque en blanc, loin s’en faut ! mais comme tous les Malgaches, je lui accorde ma confiance car il est porteur d’espoir, l’espoir au moins de ne plus me voir spolié de mon choix, de ne plus vivre à l’avenir d’un hold-up électoral, car, chère Stéphanie, ce qui s’est passé au pays en est un ! Et au cas où vous l’ignorez, ce que vous qualifiez « d’obstination de ne pas cheminer vers le deuxième tour » n’est autre que la détermination de ne la majorité des Malgaches – et dans le monde démocratique chère Stéphanie, la majorité représente tout le peuple- de défendre coûte que coûte sont choix, d’obliger l’amiral Ratsiraka à respecter ce choix, car au cas aussi où vous l’aurez oublié – Ratsiraka et ses partisans ont l’habitude de commettre des fraudes électorales sans que personne ait réussi à s’y opposer concrètement. Cette fois-ci cependant, le cas est différent. Ratsiraka a trouvé devant lui un adversaire de taille, un adversaire qui a été représenté par un délégué dans chaque bureau de vote de tout le pays et qui a eu les moyens matériel efficaces et rapides pour récolter tous les P.V. à la disposition de tous ses délégués, par conséquent un adversaire qui a déteint toutes les preuves que Ratsiraka a Fraudé ! Vous vous posez des questions comme celle-ci : « Pourquoi n’a-t-il pas remis en cause les résultats qu’il a avancées ? » en parlant de Ravalomanana. Mais très chère Stéphanie, ignorez-vous que Ravalomanana et pas seulement lui, mais surtout ses partisans ont exigé la confrontation des P.V dont disposait d’une part la HCC, le président la République sortant aussi que ceux détenus par les autres candidats dont Ravalomanana lui-même et ceux entre les mains du consortium des observateurs ? Ignorez-vous que cela fut tout au début la raison de ces mouvements de contestation sur la place du 13 mai ? et confrontation des P.V signifie tout bonnement remise en question – justement - des résultats obtenus par toutes les entités qui ont fait le décompte des voix ? Et ici, je reviens à cette histoire de deuxième tour à laquelle vous semblez tenir : tous les partisans de Ravalomanana – lui y compris – ont dit, répété, scandé et transcrit sur leurs banderoles, Place du 13 mai, qu’ils acceptaient le second tour si à l’issue de la confrontation des P.V, il s’avèrerait que Ravalomanana n’avait pas obtenus plus de 50% des suffrages exprimés au 1er tour ! Mais Ratsiraka a fait la sourde oreille, il a refusé la confrontation des P.V – confrontation qui ne va pas à l’encontre de la légalité d’après les nombreux juristes qui ont intervenu pour apporter des explications sur cette question de légalité justement. Ce refus de la confrontation ne signifie qu’une chose : refus de montrer ce qui se cache derrière les résultats officiels proclamés par la HCC et partant, refus de laisser la vérité montrée au grand jour et par conséquent pour se voir démasqué ! Et pour votre information chère Stéphanie, sachez que cette fameuse HCC que vous semblez vouloir défendre dans votre phrase « pourquoi vouloir absolument mettre cette ambivalence sur les résultats des la HCC ? » - sachez donc que cette HCC a été mise en place au mépris de la Constitution quant à la nomination des ses membres mais bien entendu comme vous êtes loin du pays, vous pouvez arroger l’excuse de ne pas être très au courant –n’est-ce pas-du contenu de la constitution Malgache ! Et lorsqu’on n’est pas très au courant – chère Stéphanie- on a la décence de se taire ! car cette fameuse HCC a prêté serment devant le sieur Ratsiraka sous prétexte qu’il était le président de la République alors qu’il était déjà candidat à sa propre succession et sachez aussi que la HCC aurait dû prêter serment devant le conseil supérieur de la Magistrature !

        Parmi vos nombreuse remarques, il y a aussi celle-ci : « N’aurait-il pas été plus judicieux d’accepter simplement un second tour ? » je tiens à souligner les termes Judicieux et simplement. Comprenez-vous seulement le sens du mot Judicieux ? il apparaît clairement que vous l’employez à tort et à travers. Trouvez-vous judicieux de cautionner le mensonge ? trouvez-vous judicieux d’accepter l’inacceptable ? car il est inacceptable de se plier à la décision arbitraire d’un autocrate, aveuglé par la soif du pouvoir de falsifier les listes électorales, de piétiner les lois qui régissent la période de propagande, de bafouer la constitution, de truquer les résultats d’une élection et tout cela afin de continuer à gouverner le pays en maître absolu après 25 ans de règne sans partage ? Je pense plutôt que ç’aurait été l’ignominie, la perte définitive de sa dignité pour le peuple Malgache. Comprenez-vous aussi le sens du terme simplement ? Chère Stéphanie, vous simplifiez un peu trop à la légère les évènements car « accepter simplement un second tour » comme vous le dites signifie tout bonnement donner à Ratsiraka toutes les latitudes pour tricher une énième fois ! et Chère Stéphanie, vous qui trouvez « judicieux d’accepter simplement un second tour », pouvez-vous, vous qui êtes si lion du pays, nous donner tous les garantis nécessaires pour que ce second tour auquel vous tenez tant se déroule d’une façon honnête ? alors que le consortium des observateurs a pu relever que plusieurs P.V du premier tour à la disposition de la HCC ont été falsifiés ? alors qu’à une semaine du scrutin, ni le Ministère de l’intérieur, ni le conseil National des Elections (CNE) n’a donné le nombre exact des bureaux de vote ? alors qu’à présent, on sait que Ratsiraka a fait installer des bureaux de vote dans les camps militaires ? alors que tout les présidents du fokotany qui ont recensé les électeurs de leurs circonscription ont constaté à la sortie des listes électorales officielles que celles-ci différaient des listes qu’ils ont dressées ?

        Plus bas, vous avez écrit : « Et conséquemment, les pénuries des carburants auront étés esquivées ! » Dois-je vous rappeler que la France, par exemple, et dont vous usez d’une façon bien légère de la langue pour étayer votre raisonnement, dois-je vous rappeler que la France à clairement défendu sa liberté en 14-18 et en 39-45 et au prix du sang des ses fils ? Dois-je vous rappelez que pendant plus de trente ans de 45 à 75, des millions de vietnamiens ont donné leur vie pour arracher leur liberté des mais de l’oppresseur ? Dois-je vous rappeler que des Malgaches ont payé de leur vie leur refus de se soumettre à l’autorité coloniale en 1896-97 ? et en 1947 ? A présent, remerciez le ciel, car il n’y a que des « pénuries de carburants »- pour user de vos propres termes- au pays à un moment où vos compatriotes manifestent leur volonté de libérer leur sol du joug d’un oppresseur pire que le colon Français car il s’agit d’un Malgache comme eux mais qui tient à les écraser dans la misère la plus noire et ceci pour servir, premièrement, les intérêts d’une puissance européenne qui veut rétablir à Madagascar le système colonial et deuxièmement les intérêts de sa descendance qu’il tient à enrichir sans vergogne aucune.

         « Les pénuries de carburants auraient été esquivées » : ces mots ne signifient qu’une chose : vous êtes parmi ces Malgaches qui crient au scandale chaque fois qu’on touche à leur petit confort ! vous êtes parmi ces Malgaches qui refusent de voir autour d’eux ces petits quat’Mi qui meurent au nombre de treize à la douzaine à chaque période de soudure, ces mères de famille qui vendent aux étrangers leurs enfants eu désespoir de cause, ces paysans qui désertent, par villages entiers, les campagnes pour fuir l’insécurité qui y règne en permanence car les bandits –les dahalo- les mettent en coupe réglée sans que Ratsiraka ait décidé d’y mettre bon ordre une bonne fois pour toute ! et cela dure depuis 25 ans ! 25 ans de régime ratsirakien et vous voulez qu’on fasse tout « simplement un second tour » sans être passé par la confrontation des PV ! Plus loin encore, vous avez dit « … les zones franches n’auront pas déclaré leur chômage technique, » Stéphanie, savez-vous seulement dans quelles conditions nos jeunes, car ils sont les plus nombreux là-bas, vos compatriotes travaillent dans les usines franches ? Avez-vous seulement une toute petite idée de l’asservissement dans lequel ils se plient ? je m’en vais vous en donner un petit aperçu : un ouvrier spécialisée de catégorie I touche un salaire mensuel de 197250 Fmg soit 197,250 FF, soit 32 dollars US. Ne me dites pas qu’avec ce salaire, il mène une vie de pacha ! Il est debout devant son poste de travail de 7h30 à 16h30 avec une pause déjeuner de 1h30. Le soir, s’il veut arrondir ses fins de mois assurément difficiles, il doit assurer des heures supplémentaires jusqu’à 21h, soit 12 h de travail par jour ! Dites-mois, combien d’heures de travail journalier devrait assurer une personne d’après les recommandations de l’OIT ? Ensuite, ce même ouvrier doit retourner au travail le lendemain à partir de 7h30 s’il ne veut pas encourir des sanctions sévères qui vont jusqu’au licenciement. Et savez-vous à qui appartiennent ce usines franches auxquelles vous semblez accorder le plus grand crédit ? A des opérateurs réunionnais par exemple, qui ont décidé de délocaliser leur entreprises pour les installer à Madagascar où ils trouvent une main d’œuvre de qualité et payée à bon marché. Ici, ils gagnent des dizaines de milliards par mois et n’en ôtent qu’à peine les vingtième pour leur masse salariale. Bref, Madagascar pour les entreprises franches est une manne tombée du ciel ! alors chère Stéphanie, de grâce ne vous faites pas l’avocat du diable ! Ne vous rangez pas du coté de ceux qui réduisent vos compatriotes à l’esclavage et qui s’enrichissent à leur dépens et ceci avec la bénédiction du pouvoir ratsirakien qui y trouve aussi son compte !

        « Oh Mieux encore… à l’époque, vous n’avions pas eu l’immense privilège de monter la garde au domicile du leader ! » dans cette phrase, vous faites allusion à la foule qui protège jour et nuit Ravalomanana autour de sa maison et vous y rappeler aussi que cela n’a pas été le cas pour Zafy Albert votre « Leader », lors des évènements de 91/92. Il y a une chose dont vous semblez vouloir omettre : à l’époque, Zafy Albert a été désigné « leader » par les têtes politiques des mouvements de contestation de 91/92. Ratsiraka ne l’a pas considéré comme un adversaire sérieux. Mais cette fois, Ravalomanana, lui , n’a pas été désigné par des politiciens pour être Président de la République malgache, il a été bel et bien élu par la majorité des Malgaches, il représente pour les Malgaches le changement, il porte l’espoir des Malgaches d’un avenir meilleur et c’est spontanément que les nombreuses personnes veulent assurer sa protection , lui,- que Ratsiraka n’a pas réussi à battre malgré les tricheries dont il est coutumier et qu’il essaie vainement de revêtir du manteau de la Légalité – lui que le clan Ratsiraka cherche à abattre parce qu’il s’est mis en travers de son chemin. Cela, tout le monde le sait, et c’est la raison de ce bouclier humain qui protège en permanence Ravalomanana. Mais peu-être que vous auriez « simplement » souhaité qu’on assassine comme on l’a fait en 1975 avec le colonel Rastimandrava ?

        Plus loin encore, vous avez écrit : « Tous les malgaches qui résident à l’étranger n’ont par cette belle opportunité d’avoir un beau fauteuil douillet tel que vous le prétendez… Et croyez-moi, il est nettement préférable de vivre la misère chez soi que la vivre en terre étrangère, au milieu d’une foule d’inconnus ! » Là, je suis d’accord avec vous Stéphanie. Mais il y a une chose qui m’étonne, ce que vous dites là signifie que l’existence des Malgaches à l’extérieur n’est pas toujours rose et il se peut même qu’ils soient malheureux là-bas, à des difficultés qu’ils surmontent mal. Mais alors, qu’est-ce qui les retient là-bas ? A vous Stéphanie, je pose la question suivante : pourquoi persistez-vous à vivre « en terre étrangère » puisque votre vie là-bas semble ne pas être une exemple de réussite et de bonheur selon vos propres termes ?: « …que vous ayez pu décrire un si merveilleux décor pour moi, bien que ce soit loin d’être le cas ! » Revenez donc au pays ! Vous y gagnerez sur deux plans :
         Premièrement vos serez chez vous et vous retrouverez la chaleur familiale, vous foulerez à nouveau le sol ancestral qu’aucun Malgache ne peut quitter sans souffrir.
        Deuxièmement, vous serez mieux informez sur les évènements qui se déroulent au pays car vous les vivrez et par conséquent vous aurez un point de vue plus proche des réalité.

         Mais, pour l’instant, Chère Stéphanie, votre idée « d’accepter simplement un second tour » est irrecevable et justement « malséante » et ceci pour deux raisons :
        Premièrement , votre idée est un reniement du désir légitime des Malgaches de voir leur choix respecté
        Deuxièmement, Votre idée vient d’une Malgache qui est bel et bien à l’abri des misères et des troubles dont souffrent se compatriotes depuis des années et des années. Oui, votre idée, chère Stéphanie, est irrecevable et « malséante », car elle vient en fait d’une embusquée et vous en êtes une, au cas où vous ne vous êtes pas rendu compte.

I. RANDRIA.