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Du premier tour des élections présidentielles à Madagascar et de la prise de position de la France face aux résultats de ce scrutin proclamés par la haute cour constitutionnelle


       Le16 décembre 2001 s'est déroulé à Madagascar le 1er tour des élections présidentielles. 6 candidats étaient en lice dont l'Amiral Didier Ratsiraka, le président sortant et Monsieur Marc RAVALOMANANA, Maire de la ville d'Antananarivo et PDG du groupe TIKO.
     Dès l'annonce de la candidature de Mr Marc RAVALOMANANA, quelque chose s'est mis en branle dans la tète des malgaches :la décision de prendre part au vote après avoir boudé les urnes pendant des années. En effet, déçus par les promesses traditionnellement non tenues de leurs élus, lassés par de longues années de gesticulations stériles de la part des politiciens et absorbés parles petites affaires qu'ils s'efforçaient de monter à coté de leurs emplois officiels pour essayer d'améliorer leur ordinaire décidément médiocre, le malgaches ont fini par se désintéresser de la chose politique. Aucun mais alors plus aucun politicien ne trouvait grâce à leur yeux. Résultat inévitable :le taux de participation aux élections devient de plus en plus bas. Jugez en plutôt : seulement 20 % des Tananariviens s'étaient présentés aux urnes lors des élections des conseillers régionaux, il y a de cela un peu plus d'un an. Le 16/12/2001 cependant 70% des Malgaches sont allés voter.
     Comment M marc RAVALOMANANA a-t-il pu décider les Malgaches à reprendre le chemin des urnes ? En réalisant seulement après deux ans à la tète de la Mairie de la commune urbaine d'Antananarivo des changements notoires sur l'aspect de la ville, sans compter le succès sans précédent du groupe TIKO qu'il préside.

     Les malgaches ont trouvé en lui l'homme qui va changer leur destinée, l'homme qui va les arracher de la misère dans laquelle ils croupissent depuis 25 ans dont 23 de régime Ratsirakien. De fait, au cours des 3 semaines de propagande ayant précédé le jour du scrutin, les Malgaches du Nord au Sud de l'île, d'Est en Ouest, ceux du centre ont massivement couru au devant du principal challenger de l'amiral chaque fois qu'il s'est rendu à l'un des 128 Fivondronana (Département) et communes qu'il à visités. Tout le monde a voulu voir, entendre, voir même toucher celui dont le nom a été sur toutes les lèvres : Marc RAVALOMANANA ! Beaucoup voient en lui l'espoir d'un changement au pays, l'espoir de l'effectivité de la démocratie à Madagascar. La suite a été dans la logique des choses : le soir du scrutin, dès le début du décompte des voix on a su que M. Marc RAVALOMANANA allait emporter la victoire dès le premier tour. Plusieurs entités se sont occupées du décompte, chacune de son coté : Le Ministère de l'Intérieur( MIN-INTER) , le consortium des observateurs financé par diverses ambassades européennes, celles des USA et du JAPON - mais pas celle de la France ; la confédération des églises chrétienne de Madagascar -la FFKM) ; le comité de soutien de M Marc RAVALOMANANA (KMMR) qui a pu collecter tous les procès verbaux attribués à ses délégués présents dans tous les bureaux de vote. A la fin, le MIN-INTER a donné comme résultat 46,…%Pour Marc RAVALOMANANA et 40, ;;% pour Didier RATSIRAKA et donc un peu moins de 4 % seulement pour les autres candidats. Cela n'a pas été du goût de la majorité des malgaches. En effet, le quatrième jour du décompte, le MIN-INTER a égrené sur les ondes nationales des résultats différents de ceux du KMMR, mais en plus, les électeurs se sont rendus compte en écoutant les résultats diffusés par le MIN INTER que ce dernier à modifié le nombre de voix obtenues par les candidats dans les bureaux où ils ont voté ! Cette fois-ci, en fait, presque tous ont tenu à assister aux dépouillements des urnes et ont retenu même par écrit, les résultats qui en sont sortis, décidés qu'ils ont été à défendre leur choix et assurément l'Etat, par le MININTER interposé, était en train de spolier les Malgaches de leur choix ! Forts des expériences du passé, le malgaches se sont mis à soupçonner leurs dirigeants de fraude électorale et le 04 janvier 2002, ils ont commencé à descendre dans les rues et à faire un sit-in sur la place du 13 mai pour mettre en garde le pouvoir en place contre toute tentative de falsification des résultats du scrutin, pour exiger la confrontation des procès verbaux détenus par la HCC et ceux détenus par le consortium des observateurs, le KMMR et les autres candidats. Leurs exigences sont d'autant plus légitimes que les résultats du décompte émis par le KMMR ont donné 52,15 % des voix à Marc RAVALOMANANA (contre 37 ,89% pour l'Amiral). Ceux du consortium des observateurs lui ont donné 50,49% sur la base de 75 % des PV, les 25 % autres étant inexploitables car ils ont été soit visiblement falsifiés au cours du long trajet qu'il ont effectué avant de parvenir au consortium, soit égarés dans la nature. Et ce n'est pas tout, la FFKM, inquiétée par la tournure prise par les évènements a décidé de faire appel aux candidats pour confronter les PV en leur possession. Trois d'entre eux ont répondus, dont M Marc RAVALOMANANA, le pasteur Daniel RAJAKOBA et M Herizo RAZAFIMAHALEO. 71% des PV ont pu être confrontés. Certains candidats n'ayant pas pu les collecter tous ou n'ayant pas eu de délégués dans tous les bureaux de vote. Résultat de la confrontation effectuée par la FFKM : 51,10% des voix pour M Marc RAVALOMANANA. Le doute n'est plus permis ! Marc RAVALOMANANA sort victorieux des élections présidentielles dès le premier tour. A leur tour inquiets, les ambassadeurs des pays européens, du Japon, le chargé d'affaire américain ont émis leur souhait de voir les différents candidats se rapprocher " pour une interprétation commune des procès verbaux ".
     Mais l'Etat Malgache y a opposé une fin de non retour. Et les mouvements de contestation de prendre de l'ampleur ! et le nombre de manifestants d'augmenter : de 100 000, ils sont passés à 500 000 sinon plus ! mais le pouvoir n'en a cure ! il persiste et signe, et le 25 janvier 2002, il fait proclamer par la Haute cour Constitutionnelle - qu'il a auparavant déplacée à Mantasoa, à plus de cinquante Km d'Antananarivo son siège d'après la constitution- les résultats du 1er tour, résultats qui sont ceux du Ministère de l'Intérieur : 46,..% pour M. Marc RAVALOMANANA ; 40,.. % pour l'Amiral Didier RATSIRAKA et 2em Tour par conséquent, le 24 Février 2002 ! la majorité des Malgaches est scandalisée ! et il y a de quoi ! la Haute cour constitutionnelle , non seulement à refusé la confrontation des PV, donc de pousser le plus loin possible ses investigations pour découvrir la vérité mais en plus, elle a cautionné les résultats émis par le MIN-INTER, qui visiblement, sont truqués ! preuve en à été établie ! Cette fois, les manifestations à Antanananrivo et dans les autres provinces de l'île s'intensifient et depuis le 28 janvier dernier, c'est la grève générale : les fonctionnaires, les employés et les cadres des Banques, des entreprises privées, les commerçants, les transporteurs, tout le personnel d'AIR MAD, les enseignants, les étudiants, les magistrats… sont en grève et descendent dans les rues par centaines de milliers pour manifester leur détermination à défendre leur choix : refus du 2 em tour, confrontation des PV, M. Marc RAVALOMANANA vainqueur au premier Tour ! Et en ce moment, on estime à plus de 1,5 millions le nombre de manifestants sur la place du 13 Mai sans compter ceux qui sont en province ! L'économie est bloquée, le rouage administratif l'est aussi… mais le pouvoir n'en démord pas. Il veut le 2 em tour.
     Pendant les 4 mandats, au total 23 ans de pouvoir, l'Amiral a toujours eu l'habitude d'avoir en face de lui, à chaque élection , des adversaires qui ne disposaient pas de gros moyens matériels ou financiers, par conséquent, des adversaires qu'il n'estimait pas de taille à se mesurer avec lui. Cette fois-ci le cas est différent. L'amiral se heurte à un adversaire autrement plus nanti et possédant tous les moyens modernes nécessaires à une propagande moderne : 8 Hélicoptères, un avion, des stations radios et TV partout dans l'île. Et du coté humain : une unité de soutien pesant lourd dans la balance si on fait un rapport des forces , puisque composé des têtes politiques les plus en vue à Madagascar, dont Norbert Lala RATSIRAHONANA, ancien Pdt de la HCC, ancien 1e Ministre, et des délègués présents dans tous les bureaux de vote recouvrant toute l'île…
     Cette fois donc, l'Amiral a trouvé un adversaire de taille qui non seulement est puissant financièrement mais a avec lui la majorité des malgaches. Et si l'Amiral, comme à l'accoutumée sous estime la force des manifestant en continuant à préparer avec son équipe le 2 nd tour comme si de rien n'était, les pro-RAVALOMANANA, eux, durcissent leur position.
     La communauté internationale a tenu à ne pas être en reste, elle a intervenu, mais pas dans le sens où tout le monde s'est attendu à la voir se manifester : la France en premier, par le biais du Quai d'Orsay suivie des Etats-Unis, du Japon, de l'union Africaine, du conseil de sécurité des nations Unies favorisent la tenue du second tour, prétextant la légalité ! Quelle légalité ? celle qui est instaurée sur le mensonge, la tromperie, l'abus du pouvoir ?L'attitude de la communauté internationale ressemble à une énorme tartuferie, car ses récentes recommandations pour " une interprétation commune des PV " sont encore présentes à l'esprit. Que s'est-t-il passé ? Pourquoi cette promptitude à abonder dans le sens des dirigeants malgaches, ce changement de position ? c'est cette même communauté internationale, dans laquelle sont inclus les principaux bailleurs de fonds de MADAGASCAR - la Banque Mondiale et le Fonds monétaire International- qui à conditionné son aide financière avec l'instauration de la démocratie, de l'Etat de droit dans le pays. Dans la mesure où l'Etat malgache a falsifié les résultats des élections, la démocratie n'est pas respectée . Dans la mesure où le Président de la République passe outre les différentes lois en vigueur balisant la période de propagande, la légalité est bafouée et je ne cite que ces deux exemples, il y en a des dizaines d'autres. Il est difficile de croire que les USA, le JAPON, les pays européens, la Banque Mondiale et le Fonds monétaire Internationale ignorent ces irrégularités puisqu'ils sont bien représentés à Madagascar. Leur attitude est, on ne peut plus, équivoque. Les malgaches se sentent trahis . Ils sont trahis par ceux en qui ils ont mis leur confiance pour aider leur pays à entrer définitivement dans l'ère de la démocratie. Ils sont trahis surtout par la France qui s'est empressée la première à accepter la tenue d'un second tour et qui par conséquent , ferme pudiquement les yeux sur une violation flagrante d'un des principes fondamentaux de la démocratie -le respect du verdict des Urnes - en prétendant vouloir se ranger du coté de la sacro-sainte Légalité !

     Ici, un retour vers le passé s'avère nécessaire pour rappeler à la France les faits historiques qui la lient à Madagascar et quelle devrait être sa position dans cette affaire.

           30 septembre 1895 : chute d'Antananarivo devant la colonne volante du corps expéditionnaire français commandé par le général Duschêne Jacques Charles rené Achille.
     1e octobre 1895 à 13 heures : les Français, conduits par le général de division Duschêne et les Malgaches conduits par Razanakombana XV honneurs, Ministre de la Justice ,signèrent le traité faisant de Madagascar un protectorat français.
     2 octobre 1895 : Le drapeau tricolore français flottait sur le sommet du toit de Manjakamiadana, palais de la Raine RANAVALONA III de Madagascar.

     6 septembre 1896 : arrivée à Madagascar du Géneral Joseph Simon Galliéni pour assumer la tâche difficile de résident général de la France en remplacement du civil Laroche incapable de mater la rébellion qui prenait de l'ampleur à Madagascar.
     Février 1897 : le général Galliéni abolit la royauté à Madagascar et envoya en exil à Alger la reine RANAVALONA III car Galliéni savait que les Malgaches vouaient un véritable culte à leur souveraine. Sa présence à Madagascar représentait un danger pour l'autorité française qui avait fort à faire pour pacifier l'île embrasée par la révolte.

     1917 : la reine Ranavalona III se rendit en France alors plongée en pleine guerre mondiale. Le pouvoir français décida d'organiser une rencontre avec la reine déchue et le 12e bataillon des tirailleurs malgaches, participant alors à la guerre mondiale aux cotés de la France et basé à St Raphalel. Ce fut une rencontre émouvante pour la reine et les soldats qui lui témoignèrent les mêmes marques de déférence que lorsqu'elle état encore sur le trône de Madagascar. Que s'est-il dit entre la reine et les soldats ? on ne le sait exactement mais on se rappelle que par la suite, l e12e bataillon de tirailleurs Malgaches est monté au front, en première ligne, héroïquement, pour défendre le sol français contre les envahisseurs allemands. Pas un n'en réchappa. C'était à Verdun. Cette même année, la reine Ranavalona III mourut d'une embolie à Alger. Devinez qu'elle en a été la cause. Elle avait tout juste cinquante six ans.      
     1938 : La 2em guerre mondiale était imminente. La France allait encore une fois demander à ses colonies de participer à l'effort de guerre qu'elle a entrepris. Pour le cas de Madagascar, La France fit intervenir une seconde fois la reine RANAVALONA III, qui, bien que morte, pouvait encore influencer le cœur des malgaches. La France - par le truchement du gouverneur général français Cayla à Madagascar- décida de faire rapatrier les restes mortels de RANAVALONA III dans son pays, pour répondre , selon le discours de Cayla, à la demande des Malgaches, mais aussi et surtout, pour calmer le milieu politique malgache qui commençait à manifester des sentiments nationalistes et aussi pour faire muer cette conscience nationaliste naissante en sentiment de reconnaissance envers la France. Ce fut ainsi que le 29 octobre 1938, la paquebot " Ville de Reims " transportant le cercueil plombé contenant les cendres de Ranavalona III qu'il embarqua à ALGER, jeta l'ancre à Toamasina, ville portuaire, à l'Est de Madagascar. Voici ce qu'en dit une éminente historienne, Madame Jeanne RASOANASY je cite : " Toute la population de Madagascar fut avisée de ce grand évènement.. et ce fut une foule de plusieurs milliers de personnes qui attendit au milieu d'un profond silence le passage du cercueil recouvert d'un Tapis rouge avec des glands dorés porté par les gardes indigènes jusqu'au train spécial qui devait l'amener jusqu'à Antanananrivo, au milieu d'une haie de soldats.
     Le train spécial aux couleurs françaises fit sont entrée à Antananarivo… et son arrivée à la gare de Soarano où on avait dressée une chapelle ardente, à dix-sept heures fut saluée par un coup de canon avertissant le population.
     Le gouverneur général Cayla et son épouse ainsi que tous les fonctionnaires et les proches parents de la reine défunte et les représentants d'autres pays étaient là.
     Deux grands projecteurs éclairaient la salle d'attente de la gare de Soarano tandis qu'on avait déposé le cercueil sur une estrade garnie de fleurs et sur un fond de couleur violette, et ce fut ainsi que des centaines de milliers de Malgaches purent défiler devant le cercueil pour rendre un ultime Hommage à leur dernière reine.
     L'inhumation dans le tombeau du Rova eut lieu le lendemain dans l'après midi du 30 octobre, en présence d'une foule nombreuse et recueillie.
     Le gouverneur général prononça un discours dans lequel il rappela que son gouvernement s'était conformé à la Tradition malgache qui veut que les parents d'une même famille soient inhumés dans le même tombeau et que c'était la raison pour laquelle les cendres de la dernière reine allaient reposer aux cotés de ceux de ses ancêtres.
     Ensuite, le pasteur Peyrot lut quelques passages de la Bible et formula une prière : le moment de l'inhumation arriva.
     Au sons de la marche funèbre de Chopin, le cercueil plombé porté par dix gardes indigènes fut descendu avec des longues cordes dans le tombeau où dormaient de leurs dernier sommeil les reines qui se sont succédées sur le trône de Madagascar…
     Une salve de fusil annonçait à tous que la dernière reine de Madagascar se trouve désormais parmi les siens et que la cérémonie était terminée " fin de citation.
     C'était en même temps grandiose et émouvant. La France s'était surpassée !
     C'était un évènement qui s'était déroulé au moment voulu par le pouvoir Français. Ils avaient soulevé dans le cœur des malgaches les sentiments voulus par le pouvoir Français : de la reconnaissance envers la France et de la pudeur à faire mauvaise figure devant la métropole quia bien voulu rendre à sa Terre natale les cendres de leur reine bien aimée. Quoi de plus normal si par la suite, la 2 em guerre mondiale ayant éclaté, beaucoup de jeunes malgaches, des appelés mais aussi des volontaires s'étaient engagés aux cotés des français sur les différents fronts où la France faisait la guerre. Beaucoup n'en étaient jamais revenus. Encore une fois, Madagascar a donné le sang de ses fils pour la France.

     En 1947, Les Malgaches ont osé revendiquer leur indépendance. Ils ont cru le moment opportun. La France, en effet, venait de libérer son sol du Joug de l'oppresseur, aidée en cela par ses alliés mais aussi par ses colonies. En retour, La France devrait leur accorder leur émancipation pour se tenir dans la logique de l'esprit qui a conduit cette guerre dont elle venait à peine de sortir car c'était une guerre dont le but était, du coté des alliés, de libérer l'Europe, le monde, du joug du nazisme. Il n'en fut rien. Et à la revendication somme toute légitime de ses colonies, La France a répondu par une répression sanglante. Ce fut le cas en Indochine et ce fut le cas à Madagascar. Du sang. Décidément, beaucoup de sang Malgache a été versé pour la France !
     Fils de France, vous êtes liés au peuple Malgache par un pacte de sang ! le sol de la France a bu du sang malgache, l'Histoire que personne ne pourra jamais effacer est là pour le prouver ! la France doit beaucoup à Madagascar qui, dans le passé a combattu à ses cotés pour défendre sa Liberté. La France doit soutenir le peuple Malgache dans sa lutte pour retrouver sa dignité et ce n'est pas en donnant raison à l'Amiral RATSIRAKA qu'elle le fera, car ce serait se renier elle même !
     En effet, la France, champion de la Démocratie, et qui, par respect pour l'alternance démocratique vit, pour la deuxième fois au cours d'une décennie la cohabitation- cette France -là ne peut se faire le complice d'un autocrate sur le retour qui, bien que malade, presque aveugle, bref, fortement usé par 23 ans de pouvoir sans partage - tient, contre vents et marées à rester Président de la République de Madagascar, usant pour ce faire des moyens appartement à l'Etat, de la machine administrative pour sa propagande, nommant d'une façon illégale et anticonstitutionnelle1 les membres de la Haute Cour Constitutionnelle, les obligeant par la suite à prêter serment devant lui, alors qu'il était déjà candidat aux présidentielles.
     La France, si pointilleuse sur son sens de l'honneur, au point de laisser son appareil judiciaire malmener le Président de son Conseil constitutionnel mêlé de près ou de loin à l'affaire de fonds douteux d'Elf Aquitaine - mettre sous examen son Ministre des Finance - mener devant le tribunal le Président de son Assemblée Nationale pour une affaire de sang contaminé - jeter en prison le fils de l'un des ses Président décédé pour une obscure affaire de vente d'armes- non, cette France là ne peut cautionner les actes illégaux d'un Président de la République qui falsifie- par son ministre de l'intérieur interposé- les listes électorales et qui n'hésite pas à faire ajouter par-ci, par-là cent points au nombre de voix qu'il à obtenues pour gagner aux élections. Des preuves ont été dévoilées par le consortium des observateurs. Non, la France ne peut soutenir un tel Président, ce serait grotesque !
     La France, en proposant aux Malgaches d'accepter un second tour des présidentielles fait preuve d'une mauvaise foi flagrante. Elle ne peut pas dire qu'elle ignore le irrégularités citées plus haut et commises par le Président de la République de Madagascar, candidat à sa propre succession. Elle ne le peut pas car elle a un ambassadeur résidant à Madagascar lequel, par ailleurs, est très au courant des affaires de l'Etat Malgache, ne serait-ce qu'à cause de la présence de nombreux conseillers techniques français auprès de hauts responsables malgaches. L'ambassadeur de la France ne peut pas ne pas connaître les résultats réels du scrutin du 16 décembre dernier puisqu'il est immanquablement en relation avec les ambassades des autres pays européens présentes à Antananarivo, lesquelles ont régulièrement reçu les comptes rendus sur le décompte du vote effectué par le consortium qu'elles ont financé.
     La France, en poussant les Malgaches vers le second tour accrédite le verdict mensonger de la Haute cour constitutionnelle Malgache et ce faisant, renie elle-même son sens de l'honneur.
     La France, en poussant les Malgaches vers le second tour ferme les yeux sur les agissements d'un dictateur irrespectueux de la légalité, de la constitution qu'il a fait voter lui-même, et qui pour arriver à ses fins répond aux manifestations qui se déroulent un peu partout dans l'île par :

1- la répression armée
2- L'incitation à la haine, à la guerre ethnique pour essayer d'isoler Antananarivo, foyer principal des mouvements de contestation (ce qui est normal, Antananarivo étant la capitale de Madagascar) et province de l'ethnie merina à laquelle appartient le candidat RAVALOMANANA.
     Rendons grâce au seigneur, car le peuple Malgache, cette fois reste uni et ne tombera jamais dans le piège d'une guerre tribale car c'est un peuple sage , conscient de sa force dans son unité. " ceux qui se dispersent sont comme les grains de sable, mais ceux qui restent unis sont comme un roc ! " Tel est le célèbre proverbe qui conforte le peuple dans son désir profond de rester uni sous la conduite du leader qu'il a enfin trouvé après l'avoir cherché longtemps.
     France, en cautionnant le second tour , somme toute illégal, que l'Amiral RATSIRAKA cherche à imposer aux Malgaches par le forcing, tu soutiens un dictateur qui en ce moment même, est en train de perpétrer le crime le plus odieux qu'un chef d'état puisse jamais commettre contre son peuple : briser l'unité Nationale.
     France, en demandant au peuple malgache d'accepter le deuxième tour, tu le trahis pour la seconde fois :
     En 1947 : en réponse aux revendications des malgaches pour leur émancipation, tu as répondu par une répression sanglante. Tu as récompensé le peuple malgache qui a combattu à tes cotés pour sauvegarder ta liberté, qui ta donné le sang de ses fils, par un bain de sang : c'était la première fois.
     En janvier 2002 : en te positionnant pour le second tour des présidentielles de Madagascar, tu tends la main à un dictateur qui abuse de son pouvoir pour enrichir outrageusement ses enfants, sa famille et tu tournes le dos à un peuple que ce même dictateur a toujours dédaigné et qui, malgré les intimidations, la répression armée, est déterminé à retrouver sa dignité, à défendre son choix ! Tu tournes le dos à une Nation qui a payé le prix fort pour toi, le prix du sang de ses fils : c'est la deuxième fois.

I.RANDRIA   


1 D'après la Constitution de Madagascar, les membres de la haute cour constitutionnelle sont désignés par :
Le Président de la République : 3
L'Assemblée Générale des Sénateurs : 2
L'Assemblée générale des Députés : 2
Le Conseil Supérieur de la Magistrature : 2
Or, cette fois-ci, les membres de la HCC ont été nommés seulement par le bureau permanent du Sénat (non le Sénat) et de l'assemblée Nationale (pour les députés) et par les membres du Conseil Supérieure de la Magistrature dont le mandat a déjà expiré bien avant la nomination des 2 membres de la HCC issue de cette entité