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LE ROYAUME PEUL DU MACINA (
LA DIINA)
Dans l'état actuel des
connaissances, il est généralement admis que les premiers Peul qui ont occupé le Delta
intérieur, ont migré par vagues successives du Fouta Toro vers la fin du XIVè siècle,
à la recherche de pâturages. D'après certaines traditions, ceux-ci, de couleur
"rougee ", avaient de longs cheveux. Il semble aussi que ce soit le hasard qui
les ait dirigés vers cette région, où ils furent surpris par l'abondance des pâturages
et de l'eau, mais surtout par l'absence de groupements importants de populations.
Seules existaient de petites
communautés de pêcheurs et d'agriculteurs.
Installés dans la région sans
heurts avec les populations locales, les Peul semblent être restés majoritairement
animistes pendant très longtemps. La région était alors sous le contrôle des chefs de
clans, les Ardo. Pourtant, L'islamisation était déjà très ancienne dans le pays, mais
limitée seulement aux agglomérations importantes comme Djenné, Dia, Tombouctou.
Au début du XIXè siècle, le
nationalisme peul, fondé sur l'Islam, prit naissance dans le Delta intérieur, avec comme
chef de file Sékou Ahmadou. Ce dernier livra en 1818 une bataille victorieuse contre les
Ardo coalisés avec le Fama de Ségou alors en plein déclin. En 1819 il prit Djenné, ou
il avait suivi l'enseignement coranique, après un siège de neuf mois. Il détruisit la
mosquée de Koy Kon boro et en fit construire une nouvelle.
Après sa victoire, Sékou
Ahmadou procéda à une nouvelle organisation du Royaume Peul du Macina, encore appelée
Diina, c'est-à-dire "foi à l'Islam ".
La nouvelle organisation
étatique fut divisée en cinq régions administratives, chacune dirigée par un
gouverneur militaire (amirou), assisté d'un conseil religieux et judiciaire. Le chef du
pouvoir théocratique, Sékou Ahmadou, mena une politique fondée sur la morale islamique.
Il fit construire une nouvelle capitale, Hamdallahi, imposa la vie sédentaire aux Peul et
organisa la transhumance dans le Delta intérieur et la Zone lacustre.
En 1828, le premier visiteur
européen de Djenné, René Caillié, resta pendant dix jours dans la ville. Dans son
Journal d'un voyage à Tombouctou et à Jenné de 1830 il relata de ce séjour.
Au milieu du XIXè siècle, le
Royaume du Macina était l'état le plus puissant du Moyen-Niger, avec comme grandes
métropoles Djenné et Dia.
L'économie de la Diina reposait
essentiellement sur l'élevage de bovins et d'ovins et caprins. L'agriculture fut
dynamisée avec la création de villages d'agriculteurs constitués de populations
bamanan, Soninké, bwa, dogon, appelées Riimaybe, c'est-à-dire " esclaves de Peul
". Le commerce et l'artisanat étaient naturellement développés dans les grandes
agglomérations de même que la culture islamique.
Le Royaume Peul du Macina était
encore prospère quand il fut attaqué, en 1862, au nom de la "guerre sainte "
dirigée par le Toucouleur El Hadj Omar. Celui-ci s'empara également de Djenné.
Celui-ci, après sa victoire, n'a
rien changé à l'organisation du royaume, qui reposait déjà sur des bases très
solides, et qui aurait sans doute vécu longtemps s'il n'avait pas été attaqué par les
tenants d'un Islam intégriste. Défenseurs de la secte de la Tidjanya contre la Qadrya
des successeurs de Sékou Ahmadou, les Toucouleur furent incapables de pacifier le pays.
La révolte peul se généralisa. El Hadj Omar fut contraint de se réfugier dans les
grottes de Déguimbéré en pays dogon ou il mourut en 1864. Ses successeurs ne purent
rétablir le calme. C'est dans cette tourmente que la conquête coloniale intervint en
1893 date à laquelle Djenné fut conquise par le colonel français Archinard.
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