L'EMPIRE SONGHAI
Le petit village de Koukia sur le
Niger est considéré comme le berceau de l'Empire Songay. A une époque encore mal
connue, autour de cette localité, des groupements de pêcheurs-agriculteurs et de
chasseurs auraient reconnu l'autorité d'un chef commun. Selon le Ta'rikh es-Sudan, ce
chef appartenait à la dynastie des Dia ou Za.
Vers la fin du XIIè siècle,
al-Idrisi décrit la ville de Kawkaw (Gao ?) comme l'une des plus renommées du Pays des
Noirs avec "un roi indépendant... Il a une suite nombreuse, une cour importante, des
officiers, des soldats... ".
Auparavant au IX e siècle, Ya
Kubi mentionne le royaume de KawKaw comme "le plus important des royaumes des Sudan
par son prestige et sa puissance".
L'évocation de Gao par ces
auteurs signifie que la capitale a dû être transférée de Koukia à une période encore
difficile à préciser. Gao, de par sa position sur l'une des routes menant de l'Egypte à
Ghana, pays de l'or, devait considérablement bénéficier de ce commerce rémunérateur.
Selon Rouch, vers la fin du
XIIIè siècle, une autre dynastie, celle des Si ou Soni, très apparentée à la
première, prit le pouvoir. Elle délivra le royaume de la tutelle manding et un de ses
guerriers, Soni Ali Ber ou Si Ali, fut le véritable artisan de l'empire dans la seconde
moitié du XVè siècle.
Il était le premier souverain à
conquérir Djénné après un siège de sept ans, sept mois et sept jours.
Toutefois, le Songay atteint son
apogée à la fin du XVè siècle sous Askia Mohamed, fondateur de la dynastie des Askia.
L'Empire Songay Fut le plus
puissant état connu dans l'histoire du Soudan occidental. Il s'étendait des environs du
Lac Tchad à l'Est à l'océan Atlantique à l'ouest, de Teghaza en plein Sahara au Nord
de la forêt dense au sud.
Plus que dans l'Empire du Mali,
la prospérité du Songay reposait essentiellement sur le commerce transsaharien. Ce
commerce fut à la base d'un essor économique considérable qui favorisa le
développement de grandes cités musulmanes comme Tombouctou, Gao, Djenné, Es-Souk.
La richesse de l'Empire Songay en
or et gisements de sel (Teghaza) fut si exagérée par les chroniqueurs arabes qu'elle
incita le sultan du Maroc Moulay Ahmed à avoir des visées sur le pays. Après quelques
revendications, sans suite, des salines de Teghaza (sans doute un prétexte), le sultan
entreprit de conquérir l'empire alors sous le règne de l'Askia Ishaq II. La bataille qui
en résulta en mars 1591, à Tondibi, à proximité de Gao, mit fin au puissant Empire
Songay, la dernière importante organisation étatique du Soudan occidental médiéval.
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