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L'EMPIRE DU GHANA
Dans l'état actuel des
connaissances, il est considéré comme le premier état structuré de la savane
ouest-africaine. Ses origines sont toujours mal connues, les différents témoignages ne
concordant pas à ce sujet. Toute fois, historiens et ethnologues s'accordent actuellement
pour considérer que le royaume existait déjà au VIè siècle. D'après le Ta'rikh
es-Sudan, largement inspiré de la tradition orale, "les premiers rois de Ghana
étaient de race blanche ". Delafosse émit l'hypothèse que ces " rois étaient
des judéo-syriens fuyant les persécutions de la Cyrénaïque au IIè siècle ".
La tradition orale représentée
par la légende du Wagadu recueillie en 1898 par Monteil nous parle par contre de "la
fondation d'un état Soninké noir, à une époque indéterminée, avec Koumbi comme
capitale " qui aurait été désertée quelques siècles plus tard "à la suite
de sept années consécutives de sécheresse ".
Ce qui est indéniable, c'est
qu'au cours du XI siècle, plusieurs auteurs arabes, en particulier le géographe al-Bakri
(1068), ont décrit un état de Ghana, très prospère, situé au sud du Sahara, entre les
fleuves Sénégal et Niger biens et des réserves d'or ".
La capitale était composée de
deux quartiers construits en pierre. L'un était habité par le roi et sa cour et l'autre
par les commerçants arabo-berbères. Le commerce en particulier de l'or était le
fondement même de l'économie.
L'armée était très puissante.
Le roi du Ghana, le Tounka, pouvait mettre en campagne 200.000 guerriers dont 40.000
archers. Outre la capitale, il y avait d'autres grandes cités elles alata, Awdaghosr.
Cette prospérité attirait les berbères nomades des franges sahéliennes, les ennemis
traditionnels des Tounka de Ghana. Al-Bakri signale la destruction totale de Ghana vers la
fin du XIè siècle par les Almoravides, une tribu de Berbères intégristes musulmans.
Ces derniers mirent fin à l'empire et occupèrent les importantes villes du Nord. Ces
témoignages sur la chute de Ghana, tout comme ceux concernant son origine, ne sont pas
confirmés par la tradition orale. Selon celle-ci, c'est à la suite de plusieurs années
de sécheresse successives que le pays de Ghana s'est progressivement dépeuplé et sa
capitale, Koumbi Saleh, abandonnée. Destruction par suite de guerre ou abandon par suite
de sécheresse, un fait est réel c'est que, dans le courant du XIè siècle de notre
ère, le pays de Ghana n'existait plus comme une entité politique homogène. La partie
nord est devenue le domaine exclusif de peuples nomades (Berbères, Maures) tandis que les
agriculteurs sédentaires, c'est-à-dire les Soninké, se sont repliés dans les provinces
méridionales. Il revenait alors à ces derniers de s'organiser afin de se défendre à
leur tour contre les attaques des nomades. Une de ces provinces sahéliennes, le Sosso, au
Nord-Ouest de la Zone lacustre, tenta au Xllè siècle, sous l'égide de Soumaoro Kanté,
d'asseoir son autorité sur l'ensemble de la région. Mais la tentative fut rapidement
bloquée par les fondateurs du second grand état du Soudan occidental, l'Empire du Mali.
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