Par Cédric Gérot
SOYONS CURIEUX !
Un article ne doit pas être, à mon avis, (c'est la première et dernière fois
que j'écris 'à mon avis', mais vous pouvez le dire au début de chacune de mes phrases)
un journal intime où l'on étalerait ses etâts d'âme.
Je dis cela car le contenu des miens futurs risque de s'en approcher, étant
le fruit d'une démarche qui m'est très chère : rendre clair au plus grand nombre
que mathématiques, physique, biologie, littérature, musique, peinture, cinéma..
sont différents chemins qu'emprunte une même volonté : la quête du réel...
ou sa construction! C'est ainsi que le rappelle
Proust dans Du Coté de chez Swann : il commence par donner une
idée de la matière créée "...elle appartenait...à un ordre
de créatures surnaturelles et que nous n'avons jamais vues, mais que, malgré
cela, nous reconnaissons avec ravissement quand quelque explorateur de l'invisible arrive a en capter
une,a l'amener, du monde divin où il a accès, briller quelques instants au-dessus du
nôtre" pour poursuivre par la voix de Swann " O audace aussi géniale
peut-être se disait-il, que celle d'un Lavoisier, d'un Ampère, l'audace d'un Vinteuil
expérimentant, découvrant les lois secrètes d'une force inconnue, menant à
travers l'inexploré, vers le seul but possible, l'attelage invisible auquel
il se fie et qu'il n'apercevra jamais." Je risque donc parfois d'évoquer
des témoignages personnels pour étayer mes propos, comme par exemple,
une expérience picturale ou musicale, ou encore un paysage qui a pu me
transporter. Car l'autre souffle qui me fera écrire est cette volonté de
vous convaincre du fait que la beauté est partout; sa nature est propre
à chacun qui devrait s'efforcer de la chercher, d'être curieux : le mot est
lâché. Soyons curieux, osons questionner ce qui nous entoure, ne nous
arrêtons pas à la pseudo-évidence des choses, n'ayons pas honte de reprendre
la démarche de nos trois ans : questionnons-nous, questionnons le monde!
Ainsi donc, tous les domaines que nous avons été amenés à explorer
sont des quêtes pour la compréhension du monde, que l'on pourrait schématiser
ainsi :
-Les arts sont des recherches de son propre intérieur, de cette substance
inconnue que certains nomment âme, qui est un mélange de souvenirs -lisez
à propos Les Cahiers de Malte Laurids Brigge de R.M.Rilke- de sensations
-observez toute la démarche des impressionnistes, ces peintres qui ont
fermé les yeux rationnels pour ouvrir ceux dont on use tous les jours
pour servir une vue mêlée de l'odorat et du toucher illustrant à la perfection
les correspondances du poète- de tous ces éléments que l'on ne peut ni définir
ni isoler mais qui sont a la source de nos larmes à l'écoute du Carmina Burana
de Carl Orff, de la tendre émotion qui nous envahit à la vue d'un enfant dans
les bras de sa mère, de cette surprise lorsque l'on revoit une part de soi dans
une toile, ou encore de cette satisfaction lorsque l'on a résolu une enigme,
repoussant la barrière de ce qui nous est inconnu (et même si cela est dérisoire).
-Ce que je nomme sous le nom de Siences Physiques (biologie, physique et chimie)
peuvent se scinder en deux parties à la frontière très floue : la première
serait plus proche de ce que préconisait Jean Rostand ou Pierre Gilles de Gennes :
l'observation et l'expérimentation. Il s'agit ici d'un contact physique qui pourrait être
completée par la seconde partie des Sciences Physiques : la théorie.
-Les mathématiques peuvent, elles aussi, être découpées en deux branches
entremêlées. Une première qui serait un outil calculatoire pour la théorie
des Sciences Physiques susdites. La seconde, encore une fois, serait les
mathématiques théoriques qui, contrairement aux physiques théoriques, ont
la caracteristique d'être parfaites, autocohérentes (c'est sous cette condition
qu'elles progressent). Attention, ceci ne veut pas dire qu'elles soient
superieures! La réalité, justement, peut être caractérisée
par son non auto-cohérence ; et cette auto-cohérence des mathématiques
entraine également une auto référence (pensez au principe d'incertitude de
Gödel qu'illustrent si bien les dessins de Escher) d'où une déconnection totale de ce
qui l'entoure.
-Restent les Sciences Humaines (histoire, géographie, économie... et langues
étrangères). Elles agissent plutôt sur la vie de l'Homme
dans le monde, ce sont comme des clés qui lui permettent de vivre en soi, mais aussi dans
ce monde.
Ainsi, l'histoire permet d'établir une culture nationale elle permet
l'existence d'une société nationale . Pour chaque individu, l'amitié ne naît
que d'un passé commun d'événements vécus ensemble qui sont autant
de souvenirs, donc de liens en commun entre leurs âmes. L'histoire tend à inventer un
passé commun pour une Nation! Elle ne peut être exacte, et , pour ma part,
je place sa véracite au niveau d'un quelconque conte ou récit, puisqu'elle
résulte d'un choix d'évènements (oubliant la couleur du ciel par exemple,
ou pire, telle action de couloir diplomatique non révelée), et d'un choix de
mise en lumière d'événements (comparez les livres d'histoire américains
et soviètiques il y a quelques années... Cela m'amène à
présenter brièvement
la définition de l'existence : je ne
considère
pour existant que ce que j'observe personnellement. Pour le reste, rien ne
m'empêche de le considérer comme hypothèse à étudier; il en est
ainsi pour
l'histoire. Si je ne dirai jamais que l'histoire donne ce qui s'est vraiment
passé (car c'est faux!), j'insiste pour dire qu'elle peut être étudiée comme
un gigantesque scénario dont la principale caractéristique reste sa
participation à l'existence d'une société nationale. En disant que l'Homme
n'existe qu'en société, l'histoire lui permet
donc d'exister.
La géographie peut aider (mais il me semble que ce n'est qu'illusion)
à l'existence d'un société mondiale, comme les langues. Mais c'est surtout
une connaissance de notre monde. Ainsi, la géographie est plus proche des
Sciences Physiques (pensez à la géologie) que de l'histoire en tant que sujet
d'étude. Par contre, les langues sont de purs outils pour la communication.
Leur lien avec la réalité est donc indirect, mais essentiel. Enfin l'économie
est aujourd'hui un pilier important de la société, lien de plus en plus prédominant entre les
hommes... donc fondant de plus en plus souvent la base essentielle à l'existence de l'Homme.
( URL de cette page = http://www.oocities.org/Paris/4206/refc000.htm )