Introduction
La série d'extraits reproduits ci-dessous se rapportent au naufrage du navire L'Écueil aux côtes de Porto Rico à la fin de février 1673 et aux tentatives faites par les autorités coloniales françaises pour obtenir la libération des survivants qui furent retenus prisonnirs par les Espagnols. Ce vaisseau du roi portait quelque trois cents flibustiers, boucaniers et habitants de Saint-Domingue, que leur gouverneur Bertrand d'Ogeron, qui les accompagnait alors, avait réuni à la demande du sieur de Baas pour se joindre lui dans une expédition contre la colonie néerlandaise de l'île de Curaçao. Ces pièces complètent la correspondance d'Ogeron, le gouverneur de Saint-Domingue, d'octobre 1673 et surtout avril 1674 ainsi que celle de Baas, le gouverneur général des Antilles, de février, avril et novembre 1673, qui traitent toutes deux de cette affaire.
M. de Baas à Mgr le ministre Colbert [extrait] 1er juin 1673. (...) Je vous dirais, monseigneur, qu'ayant trouvé une barque anglaise à la Tortue faisant commerce avec les habitants de l'île. Je l'ai confisquée, et c'est là que j'ai trouvé près de 300 cuirs de boeuf dont j'ai prétend satisfaire les maîtres des navires et des barques qui sont ici afin qu'ils n'aient en rien à demander; ce que je ferai autant que je pourrai en faisant du cuir de longues courrois. Voue saurez encore, monseigneur, que ce que je pourrai épargner tout de ce qui est dans cette barque que de quelques provisions, je ferai remettre entre les mains du commis général de cette île, 150 mil livres de sucre. (...) source: Archives nationales, Colonies, C8 A rec. 1: fol. 249. M. de Baas à Mgr le ministre Colbert [extrait] 8 février 1674. (...) J'adjoins, monseigneur, à ce document, que depuis vous avoir envoyé ma dernière lettre, le sieur Grosbois est arrivé de l'île de Portorico où je l'avais envoyé. Il a rapporté la correspondance du gouverneur espagnol telle que je vous l'envoie en original avec un projet de leur part pour lui livrer tous les soldats et matelots français à la réserve des officiers qu'ils voulaient garder pour l'assurance de leur paiement. Vous jugerez, monseigneur, ce qu'il faut en croire car le sieur Grosbois assure le contraire, qui d'ailleurs avait ordre exprès de recevoir tous les hommes qu'on lui aurait voulu donner. Il dit, de plus, qu'après ce refus il s'en alla à Samana croyant y trouver M d'Ogeron auquel il devait se joindre pour servir à l'exécution du dessein qu'il avait de descendre à Portoric pour enlever nos gens, mais il lui fut dit par un boucanier français que l'entreprise avait manqué, quoique M d'Ogeron eut fait sa descente à Portorico avec les 700 hommes qu'il avait embarqués. Mais les vivres lui ayant manquées, il se rembarqua après avoir perdu quelques uns de sa troupe, retour de la chasse où il les avait envoyés, ayant trouvé une embuscade espagnole qui les mit en fuite, tellement que M d'Ogeron est présentement à la [la suite manque]. source: Archives nationales, Colonies, C8 A rec. 1: fol. 277. résumé d'une lettre du sieur du Ruau-Pallu [extrait] À la Martinique, 14 février 1674. Le sieur de Grosbois, commandant la frégate La Friponne, est retourné de Portoric sans rien faire. Le gouverneur ne s'étant point relâcher de la demande qu'il a fait de 3 mil pièces de huit pour son remboursement de la dépense des personnes, quoique M. de Baas ait bien des raisons pour l'empêcher de faire ce paiment. Il voit qu'il aurait été plus avantageux de donner cette fois que de voir périr des officiers, un grand équipage et trois cents boucaniers qui s'étaient sacrifiés volontaires pour le service et qui périrent pour rien dans la conjoncture présente. L'entreprise de M. d'Ogeron n'a pas mieux réussi ayant été obligé de s'en retourner de Portoric sans avoir rien fait que quelques escarmouches, où il y a eu 30 hommes de tués de part et d'autre. Ce qui reste de Français à Portoric y périra de misère s'il n'y est donné ordre. (...) source: Archives nationales, Colonies, F3 164. Duclerc, secrétaire de M. de Baas, à Mgr le ministre Colbert [extrait] 20 janvier 1675. (...) Je crois, monseigneur, que vous avez reçu les dépèches de monseigneur de Baas du 24 novembre dernier où il vous rend compte du retour de la barque qu'il avait envoyée à Portorico et ce qu'a fait un homme qui était dedans et qui avait l'ordre de communiquer avec le gouverneur espagnol de cette île pour le paiement de nourritures des sujets du roi qui sont détenus injustement. Cela étant, vous aurez su, monseigneur, que le gouverneur a répondu qu'il avait ordre du Roi, son maître, d'envoyer les officiers du navire L'Ecueil en Espagne et Cartagène, là même où ces pauvres gens sont réduits, obligeant monseigneur de Baas d'y envoyer dans 8 jours les sieurs de La Clochetterie pour leur porter cent pistoles qu'il distribuera en partie aux officiers, le reste sera employé à St-Thomas en grosse toile pour faire quelques habits aux soldats et aux matelots qui, à ce qu'on dit, sont nus. (...) source: Archives nationales, Colonies, C8 A rec. 1: fol. 322. |
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