Acte Deuxième
Le Théâtre
représente, d'un côté, une aile du palais de Créon;
on en descend par un large escalier. A l'extrémité de
cette aile, un portique élégant et vaste conduit au
temple de Junon, qui est situé vis-à-vis, placé
obliquement, de manière que la porte et la facade de ce
temple soient en vue du spectateur.Introduction
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Scène
I - Médée |
- Médée (seule
decend précipitemment l'escalier du palais)
- O détestable hymen! ô fureur! ô
vengeance!
O de tous mes forfaits indigne récompense!
Tu me défends, cruel, de revoir mes enfants!
Après une si longue, une si dure absence,
Je ne jouirai point de leurs embrassemens!
Ah! mon âme à ce coup ne s'est point attendri;
Cette horreur me surpasse, et Jason m'a vaincue.
Et je lui laisserais cette affreuse douceur!
Et Médée en mourant ne seroit point
vengée
Déployons tout notre art, marchons droit à son
coeur.
Au fier ressentiment d'une mère en fureur.
Ce que l'affreux Caucase a vu de plus barbare,
Corinthe le verra sur son isthme embrasé;
Je quitterai Jason, comme je l'épousai.
L'enfer m'unit à lui, que l'enfer nous sépare!
Accourez à ma voix, tristes divintés,
Du séjour de la mort infâmes déités;
O vous! depuis longtemps mes compagnes, mes
guides,
Terribles Euménides,
Venez, dieux destructeurs, déités vengeresses,
Venez, semez partout et la mort et l'effroi;
Seuls dieux, seules déeses
Que je puisse implorer, et seuls dignes de moi!
Et toi, cesse un moment d'épouvanter les ombres;
Sors, cruelle Alecton; sors des royaumes sombres,
Agite tes serpens, accours le fer en main,
Telle que tu parus à mon fatal hymen.
Que le roi de Corinthe, et sa fille insolente,
Tombent, tombent frappés des plus terribles
coups!
Qu'ils meurent par mes mains, et que leur mort
soit lente.
Aux yeux de mon parjure époux,
Porsuivez, accablez, déchirez son amante;
Sans pouvoir la sauver, qu'il la voie expirante,
Qu'il vive!
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Scène
II - Médée, Néris |
- Néris (accourt,
et dit en entrant)
- O jour affreux! ô déplorable
sort!
- Médée
- Qu'entends-je? Que me veut mon
esclave fidèle?
- Néris (avec
la plus grand vitesse)
- Hélas! tout vous trahit; une
troupe cruelle
Entoure le palais, demande votre mort.
Le roi même, du peuple approuve le transport.
Il vous cherche, il menace, il veut un sacrifice;
Fuyez, dérobez-vous à l'horreur d'un supplice.
Dans un moment peut-être il n'en sera plus tems;
Eh quoi! vous hésitez? Ah! ma chère maîtresse,
Tout s'arme contre vous, l'heure fuit, le temps
presse,
Suivez mes pas
Ah! dieux! le roi vient.
- Médée
- Je l'attends.
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Scène
III - Médée, Créon, Néris,
Gardes de Créon |
- Créon (à
Médée)
- O vous! dont l'oeil farouche et
dont la bouche impie
Présage de noirs attentats,
Fuyez, je vous proscris; sortez de mes états,
Mais l'Époux de ma fille obtient grâce pour
vous.
Et ses pleurs généreux ont calmé mon courroux.
Hâtez-vous donc de fuir; abandonnez Corinthe,
Que votre aspect remplit et d'horreur et de
crainte.
Allez, et rendez grâce au héros trop humain
Qui vous sauve un supplice et désarme ma main.
- Médée
- Quand vous me proscrivez, quand
mon époux me chasse,
Médée est trop heureuse, et Jason lui fait
grâce,
Je croyois que l'exil était un châtiment,
Combien je me trompais! c'est un soulagement,
Oui, seigneur, j'en conviens, je suis trop
fortunée,
Qu'a des tourmens si doux ma peine soit
bornée...
Mais pourtant, de quel droit m'osez-vous exiler?
- Créon
- Je ne m'abaisse point à le
dissimuler,
Je vous crains, vous, votre art ses funestes
charmes,
Vos noirs enchantemens; je crains jusqu'à vos
larmes.
Armez-vous contre moi, déployez vos fureurs,
Je les redoute moins que vos fausses douceurs.
Vous tramez contre nous quelque dessein perfide,
De Jason tôt ou tard vous voudrez vous venger;
Meurtre, poison et parricide,
Il n'est aucun forfait qui vous soit étranger.
- Médée
- Pourquoi de ces forfaits
gardez-vous le salaire?
Ne leur devez-vous pas tous ces fameux héros
Dont vous êtes si vain, dont la Grèce est si
fière!
Dites-moi, si Médée eût respecté son père,
Que serait devenu le vainqueur de Colchos,
Et Castor, et Pollux, et le divin Orphée,
Et de la toison d'or le superbe trophée,
Qui sont autant de fruits de ces mêmes forfaits,
Et qui...Mais les ingrats rougissent des
bienfaits.
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Ensemble
- Médée, Créon, Néris |
- Médée
- Ah! Du moins à Médée accordez
un asile,
J'y finirai mes jours solitaire et tranquille,
Heureuse quelquefois d'embrasser mes enfants,
J'oublierai que Jason a trahi ses sermens.
- Créon
- Par de feintes douceurs vous
croyez me surpendre.
- Médée
- J'embrasse vos genoux, Créon,
daignez m'entendre,
Au nom de vos enfants laissez-vous attendrir,
Créon.
- Créon
- Sortez de mes États, non, rien ne
peut me fléchir.
- Médée
- O rivage du Phase, ô ma chère
Patrie!
O d'un bien qui n'est plus, douloureux souvenir.
- Créon
- Soeur criminelle, fille impie,
Fuyez de mes États! Fuyez! Rien ne peut
m'attendrir.
- Médée
- O Jupiter! Que l'auteur de ma
peine,
Ne se dérobe pas à ton oeil pénétrant.
- Néris (à
Médée)
- O Ciel! D'un Roi puissant
n'irritez pas la haine,
Modérez s'il se peut son courroux menaçant, ô
Ciel.
- Créon
- Dieux! écartez de nous sa fureur
inhumaine.
- Néris
- Ciel! D'un Roi puissant n'irritez
pas la haine,
Modérez s'il se peut son courroux menaçant, ô
Ciel.
- Créon
- Détourne, ô Jupiter, ce présage
effrayant, oui.
- Médée
- Je tombe à vos genoux, Créon,
daignez m'entendre...
- Créon
- Par de faintes douceurs vous
croyez me surprendre!
- Médée
- Eh bien! je m'y soumets pourque
tout m'abandonne.
Je subirai l'exil que mon époux ordonne!
Mais d'us jour seulement daignez le différer,
Pour mon triste coeur s'y puisse préparer.
- Créon
- Vous demandez un jour pour quelque
nouveau crime!
- Médée
- Que puis-je contre vous au comble
du malheur?
Pouvez vous refuser un jour à ma douleur?
- Créon
- Quoique de ma bonté je puisse
être victime,
Je sens que d'un Tyran je n'ai pas le rigueur.
Je vous donne ce jour quoi qu'il coûte à mon
coeur.
- Médée et Néris
- Que d'un si grand bienfait le
Ciel, vous récompense.
- Créon
- Vous triomphez de ma clémence,
Mais tremblez, je vous livre au plus cruel
trépas,
Si le jour renaissant vous trouve en mes États.
- Médée (avec
une extrème douleur)
- O mon Père! ô Colchos! ô ma
chère Patrie!
- Créon
- Retournez à Colchos que vous avez
trahie.
- Choeur de Gardes
- Rendez le calme à nos heureux
climats.
- Médée
- O Jupiter! que l'auteur de ma
peine,
Ne se dérobe pas à ton oeil pénétrant!
- Néris (à
Médée)
- Au nom des dieux! Modérez votre
haine!
N'irritez pas d'un Roi le courroux tout puissant.
- Créon et Choeur
- Juste dieux! étouffez sa fureur
inhumaine
Détourne, ô Jupiter, ce présage effrayant,
oui.
- Médée
- O Jupiter...
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Scène
IV - Médée, Néris
Médée, après son imprécation, est
tombée sur l'escalier du palis; elle y paroît absorbée
dans une profonde et sinistre rêverie. Néris s'en
approche timidement, et cependant à une certaine
distance; et n'osant interrompre le silence farouche de
sa maîtresse, elle semble se dire à elle-même. |
- Néris
- Malheureuse princesse! O femme
infortunée!
Des mortels, d'un époux, des dieux abandonée,
Combien de maux encore il vous reste à souffrir!
Dans des déserts lointains, trainant votre
misère
Sous un ciel étranger il vous faudra mourir:
Et quelle terre hospitalière,
Qu'elle maison voudra vous accueillir?
Je vous verrai donc fuir de rivage en rivage
Sans trouver un ami qui vous tende la main:
Oui, les malheurs de l'esclavage
Sont moins durs que votre destin.
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Air -
Néris |
- Néris
- Ah! nos peines seront communes,
Le plus tendre intérêt m'unit à votre sort!
Oui! Compagne de vos infortunes,
Je vous suivrai jusqu'à la mort,
Mais, que vois-je, quel noir délire
Porte le trouble dans son sein?
Elle s'agite, elle soupire,
Son oeil est égaré, son esprit incertain;
Sans doute elle médite un funeste dessein.
Chère et malheureuse Princesse,
Qui pourroit refuser des larmes à ton sort?
Malheureuse! Oui, je te pleurerai sans cesse!
Je te suivrai jusqu'à la mort!
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- Médée (à
elle-même)
- Je profiterai bien de ce jour
qu'il me laisse.
(Elle se lève)
Ils mourront. Mais quel coup, quel art assez
cruel
Peut assez me venger d'un époux criminel?
O Médée! Est-ce assez pour ta fureur jalouse
De déchirer le sein de sa nouvelle épouse?
Ah! s'il avait un frère? Eh! n'a-t-il pas des
fils?
Que dis je? Mes enfants! Dieux cruels! j'en
frémis.
Loin de moi, loin de moi cette effroyable idée;
L'horreur de ce forfait épouvante Médée.
- Néris (à
part, de loin)
- Son oeil est animé d'une sombre
fureur.
Sur qui, grands dieux! tombera sa colère?
Ce n'est point un crime vulgaire
Qu'elle médite dans son coeur
(Elle s'approche)
O ma chère maîtresse! O mère infortunée!
- Médée (avec
exaltation)
- Ne pleure point mon sort, il est
trop glorieux.
Je saurai bien troubler un hymen odieux.
O victoire! O triomphe! O brillante journée!
J'abattrai d'un seul coup trois mortels ennemis.
Ah! si de les punir je n'avois la pensée,
A flatter un Tyran, me serais-je abaissée?
O ma chère Néris! tous mes maux sont finis;
Tout mon éclat renaît, et ma gloire est
certaine.
J'ai ce jour tout entier; il est à moi ce jour.
O mon coeur! mettrais-tu des bornes à ta haine?
Tu n'en mis point à ton amour.
- Néris
- Le palais s'ouvre. Ciel! c'est
Jason qui s'avance.
- Médée
- L'ingrat vient-il presser nos
funestes adieux?
Ah! combien sa présence est horrible à mes
yeux!
Mais en dissimulant, assurons ma vengeance.
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Scène
V - Médée, Jason, Néris (elle se
retire dans le fond). |
- Jason
- Vous voyez les effets d'un aveugle
courroux;
Vos fureurs, vos transports sont retombés sur
vous.
Oubliant qu'en ces lieux vous êtes étrangère,
Vous ne prenez conseil que de votre colère.
Votre inflexible coeur, toujours prompt à haÎr,
Menace mon repos, jure de me punir.
Vous désirez ma mort; mais malgré votre haine,
Jason de vos malheurs ne peut se réjouir,
Et même en ce moment, sensible à vous servir.
Oui, c'est votre intérêt qui près de vous
m'amène,
Et je viens vous offrir tous les soulagemens
Qui peuvent de l'exil adoucir les tourmens.
- Médée
- C'est donc peu qu'au mépris de la
foi conjugale,
Le perfide Jason trahisse ses sermens!
C'est donc peu qu'il préfère une indigne rivale
A la mère de ses enfants!
De paraître à mes yeux, le perfide a l'audace.
Par une offre honteuse, il ose m'outrager;
Que dis-je? Il ose envisager
L'épouse qu'il trahit, qu'il délaisse, qu'il
chasse.
- Jason
- Ces reproches cruels...
- Médée
- Ils seront les derniers,
Seigneur; j'apprends enfin à céder à l'orage.
Les maux que j'ai soufferts ont brisé mon
courage.
Mon triste coeur n'a plus les sentimens altiers
Que les fils du soleil reçurent en partage;
Je sens qu'un esprit fier, sensible et
généreux,
Convient mal aux mortels, quand ils sont
malheureux;
Et dans l'abaissement où Médée est réduite,
Elle ne songe plus qu'à préparer sa fuite,
Vous voulez, dites-vous, adoucir mes tourmens;
Vous m'offrez des secours! J'accepte vos
largesses,
Mais je demande un bien plus cher que vos
richesses
- Jason
- Que voulez-vous? Parlez.
- Médée
- Laissez-moi mes effants.
- Jason
- Dieux! que demandez-vous?
- Médée
- Soit grâce, soit justice;
A ce prix, j'oublierai les maux que j'ai
soufferts.
- Jason
- Vous laisser mes enfants! Quel
cruel sacrifice!
- Médée
- Vous en aurez bientôt qui vous
seront plus chers.
- Jason
- Moi, les abandonner! Ah! cessez
d'y prétendre.
Je n'y puis consentir.
- Médée
- Jason, daignez m'entendre!
Je réclame mes fils: vous les voulez pour vous;
Que leur amour choisisse, et soit juge entre
nous;
Si leurs coeurs innocens, touchés de ma misère,
Reconnaissent ma voix, veulent suivre leur mère,
Ah! ne contraignez pas ce tendre mouvement!
- Jason
- Je ne puis consentir à leur
banissement.
- Médée
- Suis-je assez malheureuse! O
rigueur inouie!
Mes fils! mes fils!
- Jason
- Non, rien ne peut m'en séparer,
Ne le demandez plus, cessez de l'espérer.
Je donnerois plutôt et mon sang et ma vie.
- Médée
- Il les aime. Il suffit; Je vous
les laisserai.
Je partirai sans eux; loin d'eux je périrai.
Vous exigez ma mort, j'en fais le sacrifice.
O clarté du soleil! ô céleste justice!
- Jason
- Les dieux me sont témoins que mon
sensible coeur
Vous refuse à regret cette chère faveur.
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Duo -
Médée, Jason |
- Médée (en
pleurant)
- Chers enfants, il faut donc que je
vous abandonne!
Mes fils c'est pour jamais, que je vous ai
perdus!
Je vivrai loin de vois, votre père l'ordonne:
Je mourrai loin de vous; je ne vous verrai plus.
- Jason (avec
émotion)
- Vous jouirez encor de leur douce
présence!
Jusqu'à votre départ, je les laisse avec vous.
- Médée
- Ah, Seigneur! un bienfait si doux!
Ne sera pas sans récompense,
Quoi! Je les reverrai, ces fruits de nos amours;
Il me rappelleront ces jours, ce heureux jours.
- Jason (à
part)
- Douloureux, douloureux souvenir
dechirant!
- Médée (à
part)
- O justice éternelle! ô
contrainte cruelle!
- Jason (à
part)
- Vainement de mon coeur je cherche
à l'effacer.
- Médée (à
part)
- Tu payeras cher les pleurs que je
feins de verser.
(Dans le moment des prétres sortent du
temple, et vont au palais: Jason les voit.)
- Jason
- Créon doit à l'autel offrir un
sacrifice;
Il veut à mes enfants intéresser les dieux,
Je vais prier le Ciel de vous être propice.
- Médée
- Vous me quittez Jason? ô funestes
adieux!
- Jason
- Vivez, vivez heureuse!
- Médée (à
Jason)
- Est-il possible, cruel, que je le
sois sans vous.
- Jason (avec
attendrissement à part)
- Oubliez, oubliez un malheureux
époux,
Jouissez d'un destin paisible.
C'en est donc fait, ô dieux, son coeur est
inflexible.
Que je le sois sans vous?
- Jason (à
part)
- O larmes d'une mère, ô touchant
souvenir.
Vainement de mon coeur, je veux vous effacer.
- Médée (à
part)
- O justice éternelle, ô
contrainte cruelle!
Tu payeras cher les pleurs que je feins de
verser!
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Scène
VI - Médée, Néris |
- Médée
- Fais des voeux pour tes fils: je
vais les exaucer.
L'enfer signalera mon départ de Corinthe.
O ma chère Néris! quelle affreuse contrainte!
- Néris
- Ah! puisqu'on vous permet de
revoir vos enfants,
Hâtez-vous de jouir de leurs embrassemens.
- Médée
- Mes enfants? Je les hais, je ne
suis plus leur mère,
Je ne connois plus d'eux que le nom de leur
père.
- Néris
- D'où vous vient pour vos fils ce
transport furieux?
- Médée
- Cesse de m'en parler, ils me sont
odieux.
O toi! mon esclave fidele,
Ecoute mes projets, et seconde mes voeux.
Ton coeur va s'effrayer, ma vengeance est
cruelle,
Mais il n'est plus pour moi de crime assez
affreux.
Ecute: tu prendras cette robe brillante,
Cette riche couronne, et tous ces ornemens,
Du soleil mon aÎeul, magnifiques présens;
Mes fils les offriront à la nouvelle amante.
- Néris
- Pensez-vous que Dircé les accepte
de vous?
- Médée
- Les présens des dieux mêmes
appaisent le courroux;
Ma rivale craindra de me faire un outrage;
Sa fierté de mes dons acceptera l'hommage;
Heureuse qu'à ce prix je lui laisse un époux!
- Néris
- Quoi! vous voulez vous-même orner
votre rivale?
- Médée
- Néris, c'est pour Pluton que je
veux la parer
Ces perfides présens, cette robe fatale
Cacheront des poisons qui la vont dévorer.
Mais hâtons-nous de préparer cette parure
nuptiale.
-
- Néris
- Quoi! vous vous porterez à ces
cruels excès?
- Médée
- Peuvent-ils égaler tous les maux
qu'on m'a faits?
Viens, Néris.
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Scène
VII - Médée, Néris su le devant
de la scène; Créon, Jason, Dircé, Prêtres, soldats,
Femmes, Peuple dans le fond.
On voit passer sous le portique Créon,
Jason, Dircé et tout le cortège. Ils entrent dans le
temple; une partie du peuple reste devant la porte; on
entend leur chans, et on voit leur sacrifice. |
- Médée
- Mais quels sons...quels chants se
font entendre?
- Choeur (au
fond, et marche)
- Fils de Bacchus, descend des
Cieux,
Le front paré d'immortelles guirlandes.
- Néris
- Créon et votre époux au Temple
vont se rendre.
- Choeur
- Doux Hymen, écoute nos voeux!
Hymen, accepte nos offrandes.
- Médée
- Ah! que j'aime ces chants! qu'ils
plaisent à mon coeur!
- Choeur
- Des plus tendres époux, viens
hâter le bonheur!
Couronne, ô doux Hymen, cette heureuse journée.
- Médée
- Ecoute aussi ma voix, Hymen, ô
hyménée.
- Créon (dans
le temple)
- Ecoute ma prière.
- Dircé (dans
le temple)
- Et reçois mes sermens.
- Médée
- Apportez à l'épouse un brillant
diadème;?
Que ne puis-je l'offrir et l'attacher moi même!
- Jason (dans
le temple)
- Hymen, reçois mes voeux, veille
sur mes enfants.
- Médée
- Chante, époux fortuné, signale
ta tendresse,
Le Tartare applaudit à tes chants d'allégresse.
- Choeur
- Le front paré de Myrthes
immortels,
Hâte-toi de descendre, ô céleste hyménée.
- Médée
- Je viens aussi, je viens j'accours
à tes Autels,
J'y réclame la foi que Jason m'a donnée!
- Choeur (Tout
le cortège repasse et rentre au palais)
- Le front paré de Myrthes
immortels,
Hâte-toi de descendre, ô céleste hyménée.
Reçois de deux époux les sermens solemnels,
Et forme de leurs jours la trame fortunée!
- Médée
- Tu les reçus pour moi ces sermens
solemnels!
Souris à ma vengeance, Hymen, ô hyménée!
- (Médée s'élance sur
l'autel, y arrache un tison sacré, et sort avec
Néris en répétant avec rage le dernier vers,
et agitant le tison enflammé qui laisse dans
l'air une trace de feu.)
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