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« Bilan » Contre-Révolution en Espagne - Présentation (9)


MEXIQUE

Un autre parallèle est possible. Dans la révolution bourgeoise mexicaine, la majeure partie du mouvement ouvrier organisé s'est à un moment liée à l'Etat démocratique et progressiste pour pousser en avant la bourgeoisie et assurer la satisfaction de ses intérêts de salariés dans le capital. Les « bataillons rouges » de 1915-16 représentent l'alliance militaire du mouvement syndical et de l'Etat alors dirigé par Carranza. Fondée en 1912, la Casa del Obrero Mundial décide de « suspendre l'organisation professionnelle syndicaliste » et de lutter contre « la bourgeoisie et ses alliés immédiats, le militarisme professionnel et le clergé », aux côtés de l'Etat, républicain [31 bis] . Une partie du mouvement ouvrier refuse et affronte violemment la C.O.M. aidée de l'Etat. La C.O.M. « tente de syndicaliser tous les secteurs ouvriers des zones constitutionnalistes avec le soutien de l'armée ». Les bataillons rouges servent à la fois contre les autres forces politiques ( « réactionnaires » ) aspirant à la direction de l'Etat capitaliste, et contre les paysans rebelles et ouvriers radicaux.

Il est curieux de noter que ces bataillons s'organisent selon les corps de métier ( typographes, cheminots, etc. ). Dans la guerre d'Espagne, quelques milices portaient aussi des noms de corps de métiers. De même, en 1832, l'insurrection lyonnaise rassemble les travailleurs du textile en groupes selon la hiérarchie du travail : ouvriers réunis en atelier et commandés par le chef d'atelier. De tels événements réalisent la levée en armes des salariés en tant que salariés défendant le système de travail existant, contre les « empiétements » ( Marx ) du capital. Une différence de nature sépare la révolte de 1832, dirigée contre l'Etat, des exemples mexicain et espagnol où les ouvriers organisés soutiennent l'Etat : il serait absurde de qualifier 1832 de « contre-révolution ». Mais ce qui est en jeu ici, c'est la compréhension d'une, persistance de la lutte ouvrière sur la base de l'organisation du travail, et en tant que telle. Qu'elle s'intègre ou non à l'Etat, elle est vouée à l'échec, soit en s'intégrant à lui, soit sous sa répression. Le mouvement communiste ne peur vaincre que si les prolétaires dépassent le simple soulèvement ( même armé ) qui ne s'en prend pas au salariat lui-même. Les salariés ne peuvent mener la lutte armée qu'en se détruisant comme salariés ( cf. § « Réforme et révolution » ).

 
Notes
 [31 bis] A. Nunès, Les révolutions du Mexique, Flammarion, 1975, pp. 101-2.

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