LE ROYAUME BAMANAN DE SEGOU
Vers la fin du XVIIè siècle,
entre les noyaux des deux derniers empires déchus du Soudan, s'est structurée sur les
bords du Niger une autre organisation étatique : le Royaume Bamanan de Ségou,
communément appelé par les gens de Ségou eux-mêmes Bamanan Fanga, c'est-à-dire la
" Tutelle Bamanan ". Il ressort, des traditions orales encore vivaces dans le
pays, que la petite chefferie de Ségou était à l'origine une association de jeunes
chasseurs, qui s'érigea peu à peu en état guerrier.
L'ascension de cette chefferie se
fit rapidement dans un contexte général assez favorable, car dans tout le Soudan
occidental, il n'existait aucun état solidement structuré. La fin du XVIIè siècle fut
une période d'anarchie totale.
La dynastie des Kouloubaly, avec
Biton Mamari, jeta les bases du royaume, qui a atteint son apogée vers la fin du XVIIIè
siècle, sous une autre dynastie, celle des Diarra. La Tutelle Bamanan s'exerçait alors
au Nord, aussi bien sur les Peul du Delta intérieur et de la région des Lacs, que sur
les Tuareg de la région de Tombouctou.
La colonisation des terres de la
région des Lacs et du Delta intérieur remonte à cette période. La tradition orale est
très concise sur ce point. Selon elle, celle-ci avait deux raisons essentielles :
- surveiller les importants
groupements peuls mais surtout les Tuareg du Nord ;
- contrôler le trafic commercial
entre Djenné et Tombouctou. C'est ainsi que de gros villages ont prospéré le long des
axes Ségou- Tombouctou (exemples : Saraféré, Sa, Dia, Soumpi, Niafounké, Ténenkou).
La tradition orale précise que cette poussée bamanan vers le Nord fut aussi due aux
bouleversements démographiques suite aux guerres et rezzou. En effet, la création de
plusieurs villages de captifs pour la production agricole a entraîné le manque de terres
fertiles dans les environs de Ségou et il fallut chercher de nouvelles terres.
Les troubles politiques
entraînèrent d'autres migrations. Le règne de terreur de certains Fama de Ségou ainsi
que les luttes successorales ont provoqué des mouvements importants de populations
bamanan en direction de la Zone lacustre et du Delta intérieur.
Encore au début du XIXè
siècle, les Fama étaient parvenus à maintenir leur royaume dans ses plus grandes
limites.
L'économie reposait
essentiellement sur l'agriculture, le commerce et la guerre (esclaves). Après le règne
de Da Monzon, de nouveaux troubles éclatèrent et le pouvoir central eut de plus en plus
de mal à pouvoir imposer la discipline aux généraux. Certains tributaires tels que les
Tuareg payaient irrégulièrement leurs redevances. Dans le Delta intérieur et la Zone
lacustre, les Peul engagèrent la guerre sainte et menèrent des campagnes de harcèlement
contre les Bamanan païens. Le Royaume Bamanan cherchait toujours à reconquérir son
autorité perdue, lorsqu'en 1861, un courant d'intégristes musulmans dirigé par El Hadj
Omar occupa Ségou. La dynastie des Fama lutta en vain contre l'occupation toucouleur
jusqu'en 1890, année de la pénétration des troupes coloniales françaises dans la
" Cité des Balanzan ".
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