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LEON VL LEON introduction Commentaires Cédric


Pour ma part...


Pour une (rare) fois cette page ne va être écrite que par un des deux concepteurs de tout ce site : Patrick Mevzek.

Parmi tous les documents que nous avons pu vous fournir concernant Léon, je souhaiterais rajouter une 'petite touche personnelle', quelques commentaires, quelques idées. Mon discours vous paraîtra peut-être confus, tant Léon a le don de m'émouvoir à un point tel que je ne trouve pas de mots pour vous décrire mon état (merci Nietzsche : '244. Pensées et paroles. On ne peut rendre entièrement en paroles même ses propres pensées' in Le Gai Savoir).
Plutôt donc que d'essayer de vous décrire mon sentiment, voici quelques pensées éparses :


  • Je plains sincérement Natalie Portman.
    Dans Léon, elle est fabuleuse. Comment une petite fille de 12 ans peut se révéler meilleure comédienne que de nombreux comédiens professionnels depuis de nombreuses années ?? Peut-être cette innocence dont parle Luc Besson (cf 'Retrouver l'innocence').

    Mais elle ne peut pas comprendre cependant l'intensité et le sens des scènes qu'elle a jouées (même Luc Besson explique son embarras quand à la scène de séparation finale, où Mathilda descend le conduit d'aération, ainsi : 'Je n'essaye pas de lui expliquer la valeur de la scène...') - comme la scène où elle chante 'Like a virgin' de Madonna, celle où elle dit à Léon 'C'est moi que tu devrais arroser', quand elle dit 'Je ne crois qu'en l'amour et la mort. Aucunes des deux ne veulent de moi', etc... Et quand le jour viendra où elle reverra Léon et comprendra ce que Luc lui a volé (il le dit lui-même : 'Et je sens dans son dernier regard qu'elle m'en veut un peu. Sûrement le sentiment de s'être fait voler, piller pendant de nombreuses semaines.'), cela peut devenir horrible pour elle : c'est comme découvrir sa véritable nature, on est d'abord surpris, puis étonné, attristé, en colère... cela peut durer longtemps, et vous faire sombrer dans un état triste, voire suicidaire.

    Medaillon [1Ko] Aussi, Natalie, n'aie pas honte de ta Mathilda. Tu es sublime, tu joues parfaitement, et ta beauté irradie le film (même si certains crétins trouvent le film pas assez sexy).
    Tu nous as offert, à nous simples spectateurs, du bonheur 'pure and uncut'. Cela ne te consolera probablement pas beaucoup de cette impression de t'être fait volée, mais ce cadeau est réel et incomparable.
    Sincèrement, du plus profond de mon coeur, c'est ce que je pense, et j'en suis fier et heureux.

    Merci Natalie. Et courage... Nous ne t'oublierons pas.

    Mathilda, enfin Natalie Portman, a joué depuis dans Mars Attack de Tim Burton: quelle changement dans sa personne !! Elle qui paraissait n'avoir que 10 ans dans Leon, paraît maintenant en avoir 20 !! Luc Besson l'a donc trouvé juste au bon moment. Dommage, d'autre part qu'elle n'ait pas été choisie pour jouer Juliette face à Leonardo diCaprio dans le dernier Roméo & Juliette.

  • LEON est un bon exemple de l'existence du travail de ceux qu'on ne voit jamais à l'image
    On ne voit bien souvent rien du travail de beaucoup des techniciens d'un film: les effets spéciaux, les bruitages, la lumière, etc ... Leur travail joue souvent un rôle capital pour un film, mais s'il est apparent au montage final, c'est qu'en général il est raté. Eh bien, essayez de vous imaginer la quantité de travail nécessaire pour la lumière de LEON. Dans ces 3 scènes, les lumières nous paraissent naturelles, et nous ne nous apercevons même pas du travail qu'il a fallu fournir pour rendre ces effets :
    - Léon sur son premier contrat. Le gros tire dans les volets métalliques. Des trous jaillissent des éclairs de lumière
    - Mathilda sonne, en pleurs, à la porte de Léon. A l'ouverture de la porte, une douce lumière l'inonde de bonheur
    - Léon sort de l'immeuble. Il apercoit le jour, la lumière augmente de luminosité. Puis il chute, et c'est à nouveau l'obscurité.

  • Après plusieurs visions de LEON, j'ai découvert son aspect cyclique
    Un des nombreux avantages de revoir un film que l'on a déjà vu, c'est de ne plus s'attacher à la compréhension et la progression de l'histoire, et donc de pouvoir observer des choses qui nous avait échappées : par exemple, la musique, la lumière, ou certaines correspondances, répétitions dans le scénario.
    Personnellement, j'ai pu ainsi remarquer entre chose que LEON est éminamment cyclique.
    Des scènes-clés se répétent plusieurs fois dans le film, comme un écho. Seule la fin brise le cycle.

    Voici quelques exemples :
    - Séquence d'ouverture de portes (uniquement dans la version intégrale) : Léon charge Mathilda de parler. Mathilda répond 'What do you want me to say?'. Cette phrase fait écho à la descente de Stansfield chez la famille de Mathilda. Quand la police arrive, tout le monde part, mais Stansfield charge Willy Blood de rester là, lequel lui demande alors 'What do you want me to say?'.
    Dans les deux cas c'est "l'apprenti" qui se doit d'endosser la responsabilité des actions de son "chef".

    - Autour de la possession: Tony et le père de Mathilda disent tous les deux "I'm just the holder", l'un parlant d'argent, l'autre de came.

    - Quand Léon part sur un gros contrat, et que Mathilda reste seule, elle agit comme Léon : d'abord elle perd l'habitude de regarder la télévision, car il n'y a vraiment rien d'intéressant, puis elle soigne la plante comme Léon, et elle boit du lait, comme Léon.

    - Lors de la déclaration d'amour de Mathilda (uniquement dans la version intégrale), celle-ci se présente devant Léon dans la jolie robe qu'il lui a achetée auparavant. Dialogue : 'Do you like it?' -'Yes' -'So say it' -'I love it'.
    De même, au tout début, lors du premier contrat de Léon : "Do you understand?" - "Yes" -"So say it" -"I understand"
    Mais alors que le client de Léon était sauf après cette scène, Léon a encore devant lui, après ce dialogue, une des scènes les plus éprouvantes pour lui, la seule et unique scène où on le verra pleurer.

    - Stansfield vient toujours chercher quelque chose en dérangeant la vie paisible qui existait avant son passage.
    Au tout début, il vient voir les Lando pour récupérer de la drogue, et décime la famille.
    Puis, il vient voir Tony pour obtenir l'adresse de Léon, amoche Tony, et le restant de la famille Lando.

    - Lors de l'attaque des SWAT, Léon prend en otage un des membres du commando, qu'il abandonne au seuil de la porte, vivant, mais pas longtemps, puisque celui-ci va être canardé par les autres membres du commando, pensant qu'il était déjà mort. De même, lors de son premier contrat, Léon tue Tonto, le met dans l'ascenseur, et celui-ci subit encore de nombreuses salves par ses 'camarades'.

    - Lors de son premier contrat, Léon arrive derrière son client, dans l'obscurité, et alors que ce dernier pensait être en sécurité (il avait la police en ligne). A la fin, Stansfield arrive derrière Léon, dans la pénombre, on aperçoit d'abord son pistolet, et alors que Léon savourait déjà sa libération.

    - 'The ring trick' : lors de sa première démonstration, Léon protégeait Mathilda de la déflagration.
    Lors de sa démonstration finale à grande échelle, il protége à nouveau Mathilda, qui pourra entamer une nouvelle vie. Et honore par la-même un contrat 'moral' qu'ils avaient passés entre eux : tuer les salauds qui ont tué le petit frère de Mathilda.

    - Un des cycles les plus évidents : dans son restaurant italien, Tony fait deux fois le couplet de 'Like a bank...', la première fois à Léon seul, à la fin à Mathilda seule. (voir plus bas)

    - Et enfin : le cycle est brisé. L'un va enfin avoir des racines, car Mathilda plante la fleur (on trouve la même association fleur-homme dans ET par exemple !!) dans un parc. Et dit : 'I think we will be fine here, Leon'.
    Le mot le plus important étant bien entendu WE !!

  • Je crois qu'il y a une divergence de compréhension
    A force d'avoir vu et revu Léon, donc d'avoir entendu des gens en parler, et de lire les critiques et les commentaires des spectateurs, j'ai l'impression que le succès de Léon vient du trait de caractère pour lequel on l'a le plus vilipendé : sa 'violence' (mais LEON est-il réellement violent?), ainsi que son étiquette de film américain.
    Quelques exemples :
    Lien C'est un film qui ressemble à un polar américain.
    Lien ..."une histoire d'amour dans un film de violence"
    Lien Ca ressemble à un film américain mais fait par un français
    Lien Pourquoi ils aiment le film

    Tout le monde l'a dit, mais par hypocrisie, c'est ce (la violence) qui intéresse tout le monde (voir la courte interview d'Oliver Stone au sujet de son film Tueurs Nés dans la section références, et Luc Besson qui parle de l'hypocrisie, et des critiques mineures comme pour ne pas se l'avouer).
    Beaucoup de gens semblent avoir apprécié Léon, car 'Luc Besson filme comme Tarantino', en gros car Léon pourrait passer pour un film américain, ce qui le rend susceptible d'être vu par tout un auditoire français, qui en est encore au stade d'opposer cinéma américain et cinéma français, tout ceci uniquement pour conclure en décidant de voir l'un (l'américain) et pas l'autre (le français).
    Quelle erreur!!

    Certes toutes les scènes d'action sont splendidement orchestrées par Luc Besson (il y a bien une chose qu'on ne peut lui enlever à Luc Besson, c'est son sens inné du rythme), mais Léon ne se réduit tout de même pas uniquement à un film d'action classique, tel un vulgaire James Bond, ou pire à un Jean-Claude VanDamme.

    On ne peut pas ranger le film Léon dans une catégorie, car Léon c'est la vie (ou la Genèse si vous préférez), avec toutes ses étapes, et surtout ses souffrances, comme l'amour et le rejet que cela implique nécessairement, et bien sûr la mort, comme le dit si bien Luc Besson lui-même à plusieurs reprises : celle de Léon avant sa rencontre avec Mathilda - dans sa vie simple et régulière (tuer, nettoyer sa plante, tuer, boire du lait, tuer, mettre sa plante au soleil, tuer, passer chez Tony, tuer, dormir d'un seul oeil, tuer), peut-être désirable tout compte fait - et de Mathilda avant sa rencontre avec Léon (rappelez-vous la superbe scène où elle se fait passer pour sa mère en répondant au téléphone à la directrice de la Spencer School, et où elle répond, quand on lui demande une excuse 'valable' pour ses absences : 'She is dead' - tout le film est résumé ici : la mort, sous toutes ses formes) et enfin leurs deux morts conjointes (comme une libération ultime) après leur rencontre (dans la version prodiguée par le script présent dans le livre 'Histoire de Léon' - mais même dans le film, si Mathilda n'est pas morte 'physiquement' elle devient très probablement selon moi morte comme Léon l'était au tout début, dans une vie régulière et renfermée).

    J'espère que certaines personnes auront entrevu autre chose qu'un film d'action dans Léon. Sinon, 'You don't know what you're missing' (Norman Stansfield).

  • Léon version intégrale
    Léon version intégrale est sorti le 26 juin. Sa diffusion s'est arrêtée mardi 23 juillet place d'Italie (encore une fois merci à la Gaumont pour cette salle que tout amateur de cinéma se devrait de fréquenter).
    Compte-tenu de ma présence à plusieurs des séances qu'il y a eut dans ce cinéma, je dois avouer que nous n'étions guère en moyenne qu'une cinquantaine de personnes. On peut alors en déduire une approximation du nombre de spectateurs de Léon version intégrale place d'Italie : (5+23 jours)*(4 séances/jour : 13.30 16.15 19.00 21.15)*(50 personnes par séance) # 6000 personnes pour arrondir !!
    Puis Léon était diffusé au Gaumont Marignan dans une salle d'une centaine de place, avec à peu près la même fréquentation (je n'ai pu juger qu'une seule fois).
    Merci donc aux japonais d'avoir financé ce projet, qui doit être loin d'être rentable du point de vue de la fréquentation pour Gaumont-Buena Vista International, surtout avec une salle comme celle place d'Italie (environ 650 places !!).

    En réalité, à Paris, du 26/06/1996 au 19/11/1996, il y a eu 28065 entrées !!

  • Le cas Tony
    Danny Aeïllo a incarné exactement le Tony que Luc Besson souhaitait : un personnage ambigu.
    Mais, et c'est un avis tout personnel, je crois que Tony est vraiment un salaud, même si son personnage est subtil... En effet, il fait plusieurs fois le couplet 'Like a bank', insistant sur sa sécurité, bien malmenée lors de la visite de Stansfield. Il semble assez désagréablement surpris quand Léon lui annonce qu'il sait lire. Et surtout il donne l'adresse de Léon (je me demande d'ailleurs comment il pouvait la connaître, mais bon...) à Stansfield.

  • Honnêteté
    Je me demande encore comment on peut, si l'on est honnête avec soi-même et réceptif, survivre à un film comme Léon en tant que simple spectateur. Et je ne parle même pas de la cicatrice que doivent porter les principaux responsables du film !

  • Mon plus grand regret à titre personnel :
    ne pas avoir vu Léon au tout début, lors de sa première sortie, en septembre 1994, et ceci à cause (et c'est là le pire) simplement de contraintes scolaires liées à un niveau stupide (les classes préparatoires, heureusement non exportées hors de France)

  • Un autre regret :
    savoir que le script présent dans le livre 'Histoire de Léon' est la version la plus belle, la plus finie, la plus logique (pour l'avoir lu plusieurs fois) de cette histoire, et savoir qu'on ne la verra jamais sur grand écran, car elle a été 'épurée' au fur et à mesure, par la censure, les acteurs, et les américains. Certaines scènes n'ont donc jamais été tournées, et je pense en particulier à la fin.



    Une conclusion : Si vous n'avez pas adoré Léon, ne tentez même pas de m'adresser la parole. Cela pourrait déboucher sur une catastrophe à court terme. Et je suis sérieux !
    De toute façon, je ne vois vraiment quel intérêt vous pourriez avoir à m'adresser la parole tout court ! (mais il y a toujours des aventuriers...)

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