3. Armements et Uniformes

Les soldats des Tercios utilisaient deux types d’armes suivant leurs spécialité: les armes blanches comme les piques, épées ou dagues et les armes à feux principalement l’arquebuse et le mousquet.
3.1 Les Piquiers 3.2 Les Arquebusiers et Les Mousquetaires

 
3.3 Drapeaux et Uniformes


3.1 Les piquiers
Les piquiers constituent le cœur des Tercios en particulier au XVI siècle. L'armement offensive était la pique ou l’hallebarde et l’armement défensif était constitué d’un casque (le fameux Morion de style italien ou espagnol), d’une armure (le corselet) et d’un bouclier (la Rodela) pour le piquier avec corselet L’épée et la dague étaient des armes pour le corps à corps ou la pique ne jouait aucun rôle.
 
Piquier en action contre la cavalerie (deuxième moitié du XVI siècle). Il comporte une armure complète, le corselet de fer qui couvre le torse (pansière), le dos (dossière), les bras et les cuisses (les jambières) et un casque, le morion (de style italien) dans ce cas. Cette armure devait peser plus de 15kg.

Contre la cavalerie le piquier a placé son arme à 45º en pointant son ennemi et en bloquant l'arrière de la pique avec le pied. En cas de nécessité le piquier peut ce défendre avec son épée.
 
 
 

 

La pique
Armement principale des unités de piquiers, la pique avaient une dimension de 4 à 6 mètres. Les espagnols utilisaient une pique ayant une longueur de  25 à 27 palma de mano (19 à 21 cm), ce qui nous donne une moyenne de 5,2 mètres environ. Il existe également une pique plus petite de 3,2 mètre lorsque les piquiers servent sur les navires de la marine. Lorsque deux formations d'infanterie se rencontraient on avait la fameuse poussée des piques (figure ci-dessous).
 
Lors d'un face à face avec une formation ennemie, les piquiers devaient prendre le bout de la pique avec le bras gauche et avec le bras droit guider la pointe de leur pique droit devant, sur le visage ou la poitrine de leur adversaire. On peut facilement imager qu'une rencontre entre deux formations de piquiers devaient être très coûteuse en vie humaine, en particulier pour les trois premiers rangs
.

L'hallebarde
C'est une arme d'hast de 2 mètre environ, avec un fer pointu d'un côté et une lame tranchante de l'autre. Du fait de sa taille, l'hallebarde est plus facile à manipuler que la pique de 5,2 mètre et elle est utilisée pour proteger les mangas d'arquebusiers. C'est aussi l'arme du sergent au mëme titre que lq lance "jineta" pour le capitaine..

L’Armement défensif
Pour se protéger le piquier disposait principalement d’une armure légère le corselet qui couvrait la poitrine et les bras, d’un casque et parfois d’un bouclier rond la "Rodela" normalement à l’épreuve des balles. 

Le piquiers sec n'avait pas d'armure, ni de bouclier, seulement un casque et une pièce d'armure autour du cou, le gorgerin. Dans notre illustration, le piquier porte un morion de style espagnol , une pique, une épée et enfin une echarpe rouge indiquant son origine.




Au cours du XVII siècle les piquiers eurent tendance à ne garder que la pansière et la dossière de leur armure ou remplacer le corselet de fer par une peau de buffle, beaucoup plus léger.


L’épée et la dague
Une des armes standards pour le corps à corps était l’épée ou la rapiére. Celles qui étaient fabriquées dans la ville de Tolède étaient célébre, elle mesurait 4,5 palma de mano, soit quelques 95 cm de long. L’autre était la dague de 30 - 40 cm. 


Epée de type "Cazoleta" avec un dague attachée à la ceinture d'un piquier


3.2 l’Arquebusier et le mousquetaire

Les tireurs étaient l’innovation tactique qui donnait la puissance de feux des Tercios. Leurs efficacités étaient remarquable sur le champ de bataille même si les armes en elle même étaient d’une utilisation aléatoire.

L’arquebusier disposait comme arme offensive de son arquebuse, avec une baguette de bois et d’une épée. Son armement défensif était le casque en fer, un broigne de cuir pour couvrir le thorax ou une "casaque"en tissu ou en peau de buffle. Le reste de son équipement se composait de 12 récipient de poudre dosée (les 12 apôtres), d’un sac contenant, des balles de plomb, d'un moule des mèches, d'une flasque contenant une réserve de poudre de 24 onzas (quelque 576 g) et une réserve de poudre noire fine située dans un autre contenant. Nous pourrions ajouter un grattoir pour nettoyer l'arme.

. Arquebusier (deuxième moitié du XVI siècle) rechargeant son arme. Il porte un casque de type Morion, un bandolier avec 12 récipients de poudre dosée, une épée, une flasque contenant de la poudre noire, une poire avec de la poudre noire fine, une casaque de cuire et enfin une dague.



 
 
 
 
 
 

 

Le mousquetaire  disposait pratiquement du même équipement que l’arquebusier, mais son arme offensive était le mousquet supporté par une fourquine en bois dure de 1,47 m.
 

Mousquetaire de la moitié du XVII siècle, tirant avec  un mousquet lourd supporté par sa fourquine. Il a aussi un bandolier avec des récipients de poudre dosée, une épée et un sac avec des balles de plomb et une poire avec de la poudre noire qui sont cachés. 
 
 
 
 
 


L’Arquebuse: Arme d’épaule dont la mise à feu se faisant au moyen d’une mèche ou d’un rouet. Le mot arquebuse provient de l’allemand Hachenbusche.  L’arme a une taille voisine de 0.8 – 1 mètre, elle pèse 10 livres (environ 4 kg) et tir une balle de 22 - 24 grammes. L’arquebuse avait une portée maximale supérieure à  100 mètres, mais sa portée effective ne dépassait pas les 25 mètres. D’après de La Cuesta, une étude effectuée en Autriche en 1988 a montré que l’arquebuse était inefficace au-delà de 25 – 30 mètres. Une limitation de l’arme était sa cadence de tir, 2-3 tirs/min et le fait qu’après 4 tirs continue, le canon s’échauffait.

Note: Vers 1685, l'arquebuse était toujours utilisée mais elle ressemblait plus à un mousquet léger.

Dessin d'une Arquebuse à mèche du XVI siècle



A partir de la fin du XVI siècle et du début du XVII siècle, les belligérants de la guerre de 80 ans (hollandais et espagnols) utilisent une arquebuse amélioré appelé caliver qui avait une taille de  1,25  - 1,30 mètres, un poid de quelques 3 kg et pouvait tirer una balle de plomb de  14,9 mm de diamétre et d'un poids de 20 - 22 grammes. 

 
Le mousquet: C’est une arme d’épaule dont la mise à feu se faisait au moyen d’une mèche. Le mousquet est plus grand (1,4 - 1,6 mètres) et plus lourd (15 livres, environ 10 kg pour les plus lourd) que l’arquebuse, de ce fait les mousquetaires utiliser un pied, la fourquine, pour soutenir l’arme quand ils visaient et tiraient. De plus le chargement de l’arme comptait 44 mouvements et sa cadence de tir était plus réduite, en moyenne 1 tir/min. L’avantage de l’arme était une balle plus lourde capable de transpercer toutes les cuirasses et une portée effective de 50-75 mètres et une portée maximale de 300 mètres. Généralement les mousquets espagnol des années trente (ie 1630) tiraient une balle de 42.5 g à une vitesse de 300 m/s.

Pendant la majeur partie du XVII siècle les armuriers vont alléger le mousquet (6 - 7 kg) et  essayer de remplacer la mèche par un autre système. Vers 1630 on aura le rouet, la mise à feu se faisant par l'intermédiaire d'une roue en acier, qui par frottement produit une étincelle, qui va enflammer la poudre. Par la suite on aura le mousquet à silex ou fusil à pierre.

Dessin d'un Mousquet à mèche avec son pied d'appui ou fourquine.

Le mousquet à silex ou fusil: C’est une arme d’épaule dont la mise à feu se faisait au moyen d'un silex. Ce type de mousquet apparaît vers 1650, il est un peu moins grand que le mousquet à mèche (1,4 - 1,5 mètres) et moins lourd (environ 6 kg). Son grand avantage c'est qu'il ne faut que 23 mouvements pour le charger contre 34 à 43 pour un mousquet à mèche et qu'il est plus facile à porter, son principale défaut c'est qu'il est moins fiable et plus cher. Les premiers mousquets à silex fiables apparaîtront en nombre vers 1680.
Dans l'armée espagnol, il semble que pour des raisons financière, les nouveaux mousquets seront lent à arriver aux unités de première ligne. De même il est important de remarquer que dans l'armée française, le remplacement du mousquet par le fusil commence seulement en 1701.

Note: A titre d’indication en 1561 une pique coûtait 7 reals, une arquebuse 26 reals et un mousquet 46 reals.

3.3 Drapeaux et Uniformes (avec la collaboration de M. Alain Bernard):

3.3.a Drapeaux 

La croix rouge de Bourgogne était le symbole des armées de l'Espagne Impérial. Les Uniformes n'existaient pas (en tout cas au XVI et au début du XVII siècle), même si les espagnols portaient souvent des bandes ou plumes de couleur rouge et jaune. La croix permettait d'identifier les forces espagnoles des autres. Elle était portée sur les drapeaux de la compagnie et sur les vêtements des soldats.

Voici quelques Drapeaux des Tercios espagnols:




Tercio de la Ligue vers 1571 Tercio de Spinola 1621 Tercio de Alburquerque 1643 (R&D n°19)



Drapeau du milieu du XVII siècle Tercio Morados Viejos 1670 Tercio Amarillos Viejos 1680

3.3.b Uniformes

Les soldats des Tercios espagnoles n'avaient pas à proprement parler d'uniformes de 1525 à 1660. Leurs vêtements suivaient-la mode vestimentaire de leur époque. En fait les capitaines devaient souvent fournir des habits aux nouvelles recrues. La plupart du temps les soldats espagnols avaient une chemise, généralement blanche, une culotte sombre, des bas en principe rouge, une casaque de buffle et un large chapeau. Les corselets utilisaient en combat le morion et leur armure. Suivant les aventures ou mésaventure de la guerre, les soldats pouvaient être bien habillés (après un pillage par exemple) ou en loques (dans la plupart des cas).

Pour identifier les forces espagnoles des autres, les soldats portaient des rubans ou des plumes de couleur rouge ou jaune ou cousaient une croix de bourgogne rouge sur leurs vêtements.
 
Arquebusier de la première moitié du XVII siècle. Il porte une chemise blanche une peau de buffle un chapeau, une culotte noire et des bas rouge. En tant que soldat espagnol, il a cousu une croix de bourgogne rouge.
 
 
 
 

 


 
Alférez d'un tercio d'infanterie espagnol au début du XVII siècle, il porte une demi armur, un casque de type bourguignotte et le drapeau de sa compagnie.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Les 5 Tercios Provincial fixe qui sont créés en 1663 furent les premiers Tercios à recevoir officiellement un uniforme, ces Tercios étaient connue par la couleur de leur manteau.  Dans la deuxième moitié du XVII siècle l'uniforme (cf. les figures ci-dessous et les planches de couleurs) est composé d'un manteau de couleur variable, d'une chemise blanche, d'une culotte et des bas. Chaque unité d'infanterie à une couleur de manteau et une couleur de devise qui lui sont spécifiques. Par devise nous entendons en particulier, le revers du manteau et les revers des manches. Les chapeaux sont le plus souvent gris-sombre ou noir.

Les Tercios purement espagnols avaient le plus souvent une culotte jaune et des bas rouge. Les Tercios des nations alliées avaient généralement des bas et des culottes de la même couleur que leur devise.

Ce n'est qu'en 1704 que toutes les unités de l'infanterie espagnole reçurent un uniforme (dont la couleur principale fut le blanc) qui ressemblait à l'uniforme français.

Mousquetaire du Tercio de Séville ou Morados Viejos: le manteau est violet, la couleur distinctive est rouge sombre et la culotte 
jaune.
Mousquetaire du Tercio de Toledo ou Azules Viejos: le manteau est bleu, la couleur distinctive est blanche et la culotte jaune. Piquier du Tercio Viejo de la Armada Mar Oceano: Le manteau est rouge sombre, la couleur distinctive est bleue et la culotte jaune. Grenadier d'un Tercio espagnol de l'armée des Flandres. Le manteau est gris claire, la couleur distinctive est rouge.


Planches montrant Quelques uniformes des Tercios entre 1683 et 1701:

Les couleurs des uniformes présentés donnent une idée des couleurs des unités d'infanterie au service de l'Espagne. De manière général, la couleur des casaques, des devises, et des retroussis de manche est documentés, par contre pour les culottes et les bas la documentation est moins nombreuses et pour certaine unitées je donne une interprétation possible. 

Tercios déployés principalement en Espagne et Afrique du Nord

 



Tercios déployés en Flandres 1683 - 1700



Tercios déployés en Italie 1689 - 1695


Principales Sources
Jesús Alia Plana,, El vestuario de los tercios, site web
J.L. Sanchez Martin,  R&D n°21 p120
J.L. Sanchez Martin,  R&D n°3
Bardot y Font, Francisco, Museo militar. Historia del ejército español, armas, uniformes, sistemas de combate, instituciones, organización del mismo... Barcelona 1886
Conde de Clonard, Historia orgánica de las armas de infantería y de caballería, Vol 4 and 5 edición de1855 - 1856, Madrid.
G.Boeri, J. L. de Mirecki Quintero and J. P. Cuñat, Los Tercios de Carlos II durante la Guerra de los Nueve años (1689-1697), La Espada y la Pluma, 2007
G. Boeri & G. Pierce 
R&D n°12
J. Montes Ramos, El Ejercito de Carlos II y Felipe V: el sitio de Ceuta 1694 - 1727, Agualarga Editores SL 1990


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