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Connaissez-vous
le cheval?
Alexis Carel
a écrit un jour: "L'homme, Cet inconnu". Qu'il me soit permis
d'écrire en parodiant: "Le cheval, Cet inconnu". En effet,
malgré sa popularité grandissante et le très grand éventail
de ses utilisations, l'homme, à part quelques rares initiés,
ne connaît pas les ressources immenses et l'affectivité
de sa noble conquête.
Depuis les
temps les plus reculés, l'homme a soumis peu à peu les forces
de la nature à son pouvoir créateur. Ce n'est que tard dans
son évolution que l'homo sapiens apprit à se servir de l'animal
comme instrument de travail. Malgré son grand génie, l'homme
utilisa d'abord le cheval brut, c'est-à-dire l'animal dont
la force est centralisée plutôt sur le travail que sur l'adresse
ou le simple plaisir. Bien plus tard, à force d'observer
et de vivre auprès de sa conquête, l'homme découvrit avec
stupéfaction qu'il pouvait utiliser l'intelligence de son
cheval. Dès lors, le cheval devint pour son maître non seulement
une machine à effectuer un travail, mais un compagnon fidèle
et, dans bien des cas, un ami sincère prêt à lui donner
sa vie.
Le plus bel
exemple de connaissances du cheval acquises par les loisirs
nous vient des Arabes et plus exactement des bédouins du
désert. Pour eux, le cheval est roi et maître jusqu'à sa
vie adulte. Il partage sa nourriture, son eau et même sa
tente; on le flatte, on lui parle et on le cajole. Le résultat
est évident : de ce cheval est née la plus intelligente
des races chevalines : celle des chevaux arabes.
Le cheval arabe
d'ailleurs est à l'origine de presque toutes nos races modernes
et on sait combien certaines de ces races comptent d'individus
particulièrement brillants.
Pour obtenir
de tels résultats, il ne suffit pas de prendre un fouet
et de frapper sans répit; on n'obtiendra qu'un résultat
médiocre, voire même dangereux, le cheval étant doué
d'une mémoire prodigieuse. Tout le monde connaît l'histoire
de ce cheval maltraité par son propriétaire. A bout de patience
et ne pouvant rien tirer de sa monture, il dut la vendre,
presque la donner. A force de patience et de douceur, le
nouveau propriétaire en fit un champion. Or, un jour de
compétitions, le cheval aperçut son ancien propriétaire...
N'écoutant que sa rancune, notre cheval enfonça la clôture
et se dirigea à toute allure vers son bourreau qui ne dut
qu'à l'intervention rapide du nouveau propriétaire de n'être
point massacré.
Le cheval n'est
pas une mécanique quelconque qu'on active au moyen de leviers
ou de boutons. Le cheval, c'est beaucoup plus; il a une
âme, une âme animale, certes, mais qui pense, voire raisonne
à sa façon. Pour comprendre le langage du cheval, et du
même coup son raisonnement, il faut d'abord se mettre au
niveau de l'animal, c'est-à-dire oublier pour un moment
qu'on est homme, et ne pas exiger de l'animal des opérations
mentales qu'il serait incapable d'exécuter.
Ce n'est pas
la logique qui gouverne les réactions du cheval mais une
série de réflexes acquis. Ces réflexes vous pouvez les lire
sur tout son corps, surtout dans ses yeux, véritable miroir
de l'âme équine, et sur ses oreilles, porte d'entrée des
signaux de danger ou d'amitié. C'est par l'observation de
ces différents facteurs que l'homme apprendra à mieux connaître
le cheval et à comprendre ses erreurs ou ses maladresses
envers lui.
Tout comme
l'individu qui possède tel ou tel talent naturel, chaque
race de chevaux possède sa propre caractéristique,
ses propriétés particulières. C'est par la connaissance
approfondie de ses "spécialités" que l'on apprend à tirer
un rendement maximum de son cheval.
Pour certaines
races, la grosseur du cheval sera une bonne indication de
son utilité : le CLYDESDALE possède le physique parfait
du cheval de trait; le CANADIEN paraît à son meilleur attelée
à une voiture de fantaisie ou dans une parade, son atout
principal étant l'élégance et la fierté de son port; grâce
à son sens du détail et à sa souplesse de hanche, le QUARTER
HORSE demeure inégalable pour le travail de ranch; la forme
aérodynamique du PUR-SANG en fait un coureur de premier
ordre.
Il est donc
très important, sinon essentiel, de choisir son cheval
en fonction du travail qu'on voudra lui confier. Trop
de soi-disant connaisseurs ne tiennent pas compte de cette
fonction particulière de la race et contribuent ainsi à
diminuer le rendement du cheval, et souvent ses capacités,
de façon permanente.
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