C'est
probablement l'artiste espagnol contemporain le plus connu, un des plus
doués certainement. Il fait partie d'une génération de cinéastes qui montre
ce que sera au 21ème siècle le cinéma espagnol et reprennent le flambeau
des peintres d'il y a un siècle (Dalí, Picasso, Miró - peintres catalans
d'ailleurs). On le compare aisément à Buñuel. C'est certes une reconnaissance
de son génie, mais il est très différent de Luis Buñuel.
Issu d'un milieu modeste, un
petit village de la Mancha, Pedro Almodóvar arriva une main devant une
autre derrière à Madrid pour étudier le cinéma. Son éducation chez les
franciscains ne l'a pas marqué : c'est peut-être parce que cette éducation
ne correspondait pas avec sa propre indépendance d'esprit.
Franco
était toujours au pouvoir et il venait de fermer l'école d'arts cinématographiques.
Pendant 12 ans il travailla pour Telefónica, pour pouvoir se payer une
caméra 8mm. C'est ce contact avec les gens qui donne à son oeuvre son
autenticité dans les valeurs et les modes de vie d'aujourd'hui ; ses personnages
sont par contre délirants, ont souvent une vie privée atypique, surtout
sexuellement parlant. Le sexe est un thème fort chez lui.
Filmographie
En 1980, il sort son premier
film : Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón. Ce film est une liste
presque exaustive des tabous de l'époque franquiste. Vers 1980 il était
la coqueluche d'un Madrid en pleine movida.
Avec
Peter Greeneway et Tim Burton, il est un de ces rares anticonformistes
à avoir pu amener au grand public de nouvelles propositions esthétiques.
Le Labyrinthe des Passions.
Un de ses films et presque un résumé parfait de tous ses films, où les
personnages atypiques et les situations marginales se succèdent.
Et puis les films se suivent,
La ley del deseo, Mujeres al borde de un ataque de nervios (1988; mon
préféré), ¡Atame! (1989), qui au delà d'un sujet brûlant évoque une réflexion
sur le couple. Ont suivi Tacones Lejanos, Kika, et le tout récent Todo
sobre mi madre qui lui valut un Oscar du Meilleur Film Etranger en 2000.
Dans ses films, le show-business et ses rouages a aussi une place prépondérante
: ses personnages doublent des films, sont des gens du spectacle, écrivent
des films pornographiques. Pedro Almodóvar nous fait ainsi entrer dans
les coulisses du théâtre.
Dans Todo sobre mi madre, ce
sont les thèmes du deuil, de la mémoire, qui dominent : une femme partie
chercher à Barcelone le père de son enfant, avec
qui elle a coupé les ponts.
Pedro
Almodóvar met en scène des personnages atypiques : homos, transexuels,
prostituées, mais sans les stigmatiser, en diffusant surtout le message
que tous, nous dépendons de nos sentiments dans nos relations avec les
autres. Il revendique aussi son homosexualité de façon originale.
C'est
souvent avec des acteurs de famille qu'il tourne, ceux qui ont cru en
lui au début, et qui sont montés avec lui en pleine lumière ; Rosi de
Palma et son nez si caractéristique, Victoria Abril qui lui ouvra le marché
français, Marisa Paredes et des bandes sonores où Luz Casal joue de sa
voix profonde et mélancolique, comme celle de Talons Aiguilles.Il
a aussi tourné dès le début avec Penelope Cruz et même Antonio Banderas,
quand lui même était inconnu du grand public.
Juan Marsé "Son aspect général
est un mélange d'ours en peluche, tendre et doux, et de chanteur mélodique
sud américain."