Mes auteurs en langue espagnole

L'Espagne. Ma patrie d'adoption. Ce n'est qu'il y a quelques années que j'ai commencé à vraiment apprécier la littérature en espagnol. Depuis, ma bibliothèque n'a cessé de grandir
 
 
Joan Marsé Gabriel Garcia Marquez Eduardo Mendoza Julio Cortazar
Sergi Belbel Leopoldo Alas Clarín Antonio Machado
Joan Marsé est un auteur catalan, dont les romans décrivent la société catalane et Barcelone. Il atteint la prouesse, à partir de deux personnages principaux identiques, d'écrire trois romans différents : Ultimas tardes con Teresa, La oscura historia de la prima Montse et El amante bilingüe.
A partir d'un "xarnego", fils d'immigrés andalous et d'une jeune catalane, il décrit des espoirs, des amours, des folies. Des espoirs déçus peut-être, car lui-même est fils de Gràcia et orfèvre de formation, il a vécu la difficile intégration à la société catalane. 
joan marse
Ultimas tardes con Teresa parle de l'ambition malsaine d'un jeune andalou qui pense que le meilleur moyen de se faire une place confortable dans la société catalane est de séduire une fille de la bourgeoisie. La cousine Montse est une jeune catalane séduite par un délinquant andalou, et qui le payera cher, et dans El amante bilingüe, c'est l'histoire assez surprenante d'un catalan qui souffre de double personnalité linguistique.

Dans "La muchacha de las bragas de oro", qui est sans aucun doute à classer dans la littérature fantastique, il parle de la folie d'un écrivain franquiste face à un passé revanchard. Il écrit ses mémoires et en "arrange" les détails déplaisants. Ses choix passés deviennent raisonnés, et il renonce même à ses idéaux... histoire d'être plus lisible. D'un coup, grâce à l'intervention de sa nièce, la fille à la culotte dorée, il sombre dans le doute... je n'en dis pas plus.

Gabriel García Marquez est un des plus grands auteurs de langue espagnole de ce siècle. Actuellement en traitement pour un cancer, c'est un ami proche de Felipe González, le chef du Parti Socialiste Espagnol, de Fidel Castro et de Bill Clinton, et un écrivain engagé pour les causes de gauche. Pour moi c'est le plus grand auteur de langue espagnole de ce siècle, sinon depuis plusieurs siècles. Bientôt une page, promis juré.

Le monde de Garcia Marquez est un monde réel, certes, mais qui contient parfois des éléments surnaturels inattendus, comme dans "100 ans de solitude" (Prix Nobel de Littérature en 1982), où soudainement, les vierges se mettent à voler et les vieux sages prévoient l'avenir.
 

gabriel garcia marquez
Il s'inspire de faits divers et peint dans "Chronique d'une mort annoncée" la vie d'une ville en bord de rivière, et un meurtre prémédité par deux frères pour venger l'honneur de leur soeur. Ce livre a été porté à l'écran de façon très réussie avec Anthony Delon et Ornella Muti. Les paysages et les couleurs sont très réussis. A voir.

Un autre livre très connu est "El coronel no tiene quien le escriba" (Personne n'écrit au colonel) qui décrit la déception d'un militaire en retraite qui attend sa retraite qui n'arrive malheureusement pas.

Dans "Ojos de perro azul", un de ses premiers titres, il adopte un style très proche d'André Pieyre de Mandiargues. C'est une narrative souvent à la première personne, d'un style parfois proche de l'hallucination (car très étrange), qui contient souvent des éléments d'érotisme mais reste en même temps très précis graphiquement.
 

Après la pluie ("Després de la pluja") est la pièce de théâtre catalane la plus traduite et la plus jouée. Ecrite par Sergi Belbel, et Molière 99 de la meilleure pièce comique, écrite selon la petite histoire parce qu'on lui aurait interdit de fumer sur le plateau d'une production. 
Les personnages, tous employés d'une entreprise se rassemblent sur la terrace de l'immeuble pour "prendre l'air" ou plutôt pour goûter au plaisir défendu... en griller une petite.
Il mélange ce goût du secret partagé - quel scandale ! - par les cadres avec des tableaux oniriques où certains rêvent de voir leurs collègues sauter du toit.
La métaphore des luttes et des jalousies qu'entraîne la promiscuité inéluctable des employés. 
Leopoldo Alas ("Clarín") - 1852-1901  fait un véritable scandale quand il écrit "La Regenta" et décrit la vie légèrement dissolue d'Oviedo. Il était progressiste et républicain. Il écrivit dans le journal satyrique "La vida es sueño", où il connut un autre grand écrivain, Calderón de la Barca. De son nom de plume lui vient "Clarín".

Il fait de Vetusta (le surnom qu'il donne à Oviedo) la véritable héroine de son roman, qui décrit le combat de deux hommes pour une femme, l'un, son confesseur, pour son âme, l'autre, un coureur de jupons, pour... pour son jupon. Ana Ozores ne trouve de réponse à ses angoisses ni dans la dévotion ni dans l'infidélité. 

leopold alas clarin
Il explore bien avant James Joyce les techniques de monologue intérieur, de rêves ou de souvenirs. Son livre dérange : il décrit la bourgeoisie décadente et un clergé corrompu. Après sa mort, son manque de popularité le fera oublier 50 ans, avant un retour en force dans les années 50.

Sur la place de la cathédrale se trouve maintenant une statue grandeur nature de Ana Ozores Quintanar, l'héroine de ce roman.

La Regenta


 
 
Eduardo Mendoza décrit dans un de ses meilleurs livres (La ciudad de los prodigios) la vie à Barcelone entre les deux expositions universelles de 1888 et de 1929. Onofre Bouvila devient le magnat imaginaire de la ville des comtes ; c'est surtout l'occasion de décrire la belle époque dans la capitale catalane, en pleine effervescence.

Antonio Machado est un des poètes les plus reconnus du monde espagnol. Je vous offre le poème que j'aime le plus, mis en musique par Joan Manuel Serrat, et traduit par moi.
Cantares... 

Todo pasa y todo queda, 
pero lo nuestro es pasar, 
pasar haciendo caminos, 
caminos sobre el mar.
..
Nunca persequí la gloria,
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción;
yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles,
como pompas de jabón.

Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse...
.
Nunca perseguí la gloria.
.
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más; 

Chemins... 

Les choses restent et passent 
Mais nous, nous ne restons pas
nous passons, traçant des sentiers,
des sentiers sur la mer
...
Je n'ai jamais poursuivi la gloire
ni voulu laisser dans la mémoire
des hommes ma chanson ;
j'aime les mondes subtiles
légers et délicats
comme des bulles de savon.
.
J'aime les voir se colorer
d'or et de sang, voler
sous le ciel bleu, tout d'un coup
trembler puis éclater...

Je n'ai jamais poursuivi la gloire.
.
Toi qui marche, le chemin,
ce sont tes traces, et rien de plus.

Julio Cortazar est un auteur argentin né à Bruxelles qui écrivit des contes fantastiques, dont "El Axolotl" et "La isla al mediodia" et aussi "La noche boca arriba", qui fait un parallèle étrange entre une hospitalisation et une chasse à l'homme dans la jungle. Ce conte fantastique rappelle dans sa dimension onirique l'histoire "The Janissaires of Emilion". 

Dans "La isla al mediodia", il parle également de coincidences étranges (un homme refuse d'embarquer dans un avion, celui-ci s'écrase) mais dans cette histoire courte, peu d'éléments fantastiques et une morale qui ressemble plus à celle d'une fable. Julio Cortazar a d'ailleurs une narrative courte d'où sont souvent absents les repères habituels de temps ou d'espace, ou bien où les silences courants apportent un certain malaise.

Julio Cortazar pensait que le fantastique, c'est avant tout "le fait que la logique, les liens de cause à effet du temps et de l'espace, tout ce que notre intelligence accepte depuis Aristote comme inamovible, sûr, tranquilisé soit brusquement secoué, comme brusqué, par une sorte de vent intérieur qui les déplace et les fait changer". Comme Alfred Jarrys'intéressait plus aux exceptions qu'aux règles, car l'exception ouvrait la porte d'une réalité mystérieuse et fantastique qu'il vallait la peine d'explorer. (El sentimiento de lo Fantástico Conférence donnée à l'U.C.A.B.)

Auteur engagé, il critiqua durement la dictature argentine de Perón et soutint les sandinistes du Nicaragua. La France l'accueillit et il prit la nationalité française en 1981, peu avant de mourir de leucémie en 1984. Gabriel Garcia Marquez pense de lui qu'il était un conteur extraordinaire. 

Continuidad de los parques une histoire courte sur un dédoublement de personnalité (espagnol)
Una flor amarilla sur la réincarnation (espagnol)
La Señorita Cora une histoire d'amour entre un adolescent et une infirmière (espagnol)
Inconvenientes en los servicios públicos sur la dictature argentine (espagnol)
El axolotl  une fascination pour les axolotls (en anglais et en espagnol)

Julio Cortazar

julio cortazar

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