En étant resté trois ans en
Espagne, j'ai eu le temps de m'imprégner des films contemporains.
Je ne parlerai pas d'Almodovar ici, puisque
je lui ai fait une page entière, ni des films anciens comme Bienvenido
Señor Marshall ou L'Age d'Or (ou Le Chien Andalou)
de Buñuel, mais plutôt des autres films récents qui
n'ont pas été vus du tout en France.
La Camarera del Titanic.
Sorti presque en même temps
que le gros film avec Di Caprio et Kate Winslet, ce n'est pas un
remake espagnol, mais une histoire dans laquelle le naufrage du
gros paquebot n'a finalement qu'un rôle très mineur.
Une histoire qui ne se déroule pas en mer, non plus. En quelques
mots un film qui cache bien son jeu !
Basé sur le roman de Didier
Decoin, ce film raconte l'histoire d'un ouvrier qui rencontre une
femme de chambre embarquée sur le Titanic. Alors que rien
ne se passe entre ces deux-là, il invente une aventure pour
ne pas passer pour un bénêt auprès de ses camarades
de travail, et surtout pour se venger d'avance de l'infidélité
supposée de sa femme. Découvrant un talent de narrateur
jusque là enfoui en lui, il devient bientôt homme de
spectacle, acteur. Ce film parle selon moi de la double personnalité
des acteurs, de la profession de menteur professionnel : Horty a
du mal a faire cohabiter cette infidélité fictive
et cet amour fictif avec sa vraie vie sentimentale. Une belle réflexion
sur le métier d'acteur, un très beau rôle pour
Romane Borhinger et Aitana Sanchez-Gijon (Marie) le meilleur rôle
pour Aldo Maccione depuis ses navets des années 80.
Aitana Sanchez-Gijon a aussi joué
dans "Sus ojos se cerraron y el mundo sigue andando", un film
de Jaime Chavarrí (1997) qui raconte l'amour d'une femme pour
Renzo, un chanteur à la petite semaine qui ressemble fortement
à son idole, Carlos Gardel (le chanteur de tango argentin).
Entraîné, Renzo accepte de ressembler de plus en plus
au chanteur. Ce film offre aussi une épilogue surréaliste
concernant la mort en avion de Carlos Gardel. Ce film a une ambiance
années 30 absolument extraordinaire et une bande sonore composées
de chansons de Gardel.
Le cinéma argentin est très
fertile : Martin H (Hache) raconte le rapprochement d'un
père avec son fils alors que l'océan les sépare.
Très poétique, "Pequeños milagros" est
une réflexion un peu féerique sur la solitude de notre
époque, sur le besoin d'aller plus loin que les apparences.
Antonio Mercero (1998), qui avait déjà
filmé le célèbre court métrage "La
Cabina" (une allégorie de la dictature franquiste) tourna
en 1998 "La hora de los valientes". Selon Mercero, évoquer
la Guerre Civile est un devoir moral. La guerre
civile a longtemps été un sujet de choix pour le cinéma
espagnol car c'est une époque très importante de l'histoire
de l'Espagne. "Les grandes vacances de 36" est un autre film
clé sur ce conflit.
"La hora de los valientes"
raconte comment un guide du Prado protège pendant toute la
guerre le dernier autoportrait de Goya, qu'il pense plus important
que la déchirure politique qu'il vit au jour le jour. Réflexion
inspirée par Manuel Azaña ("Le Prado est plus important
que la République et la Monarchie réunies") sur l'importance
de l'Art avec une majuscule. L'atmosphère de 1936 est très
bien rendue et les allusions à Goya
sont nombreuses.
Plus comique, Airbag de Juanma
Bajo Ulloa est presque un remake de Pulp Fiction. Il raconte
comment un futur marié perd sa bague de fiançailles
dans l'intimité d'une fille de joie. Lui et ses collègues
vont poursuivre la demoiselle dans une course contre la montre !
"El abuelo" est un très
beau film sur la famille. Un grand'père somme toute très
traditionnel découvre que l'amour pour ses petites filles
ne peut pas dépendre de leur lignée. Avec les superbes
décors du Nord de l'Espagne. A peu près en même
temps est sorti "Secretos del Corazón", qui raconte
comment un enfant de 6 ans apprend un peu plus ce qu'est la vie
et pourquoi les adultes sont comme ils sont.
Amantes, enfin est un film un
peu plus vieux avec la belle Victoria Abril. Elle incarne une jeune
fille moderne dans l'Espagne des années 60, jeune fille qui
brise les coeurs et provoque une tragédie. Basé sur
des faits réels, c'est un film qui reste très bien réalisé.
J'ai aussi aimé (mais avec
quelques réserves) "La buena estrella", qui raconte
le ménage à trois entre un homme stérile, sa
femme, et un jeune délinquant. Une histoire triste mais qui
selon moi passe les limites de la crédibilité.
Dernier film à la renommée
internationale: THE
OTHERS, d'Alejandro Aménabar, avec Nicole Kidman.