PEINTURE
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L'art! si je n'avais dans le
lointain ces quatre lettres magiques je serais
morte. Marie Bashkirtseff,
Journal, 23 août 1877.
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La brève existence de Marie Bashkirtseff
fut un combat vers un seul but : "rester
sur cette terre par quelque moyen que ce soit."
C'est-à-dire survivre par la gloire artistique à une mort qu'elle
savait devoir être précoce.
L'Ecole des Beaux-Arts étant interdite
aux femmes, elle s'inscrivit à l'Atelier
Julian, un des rares lieux en
Europe offrant aux femmes artistes un enseignement identique à celui de
leurs condisciples masculins. |
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Optant pour un
monde pictural personnel et original, elle choisit de devenir le peintre de la
rue.
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"Les concierges, les enfants, les garçons en courses, les femmes,
tout cela aux portes ou sur les bancs publics, ou causant devant les
marchands de vins (...) Je suis rentrée
émerveillée de la rue."
(Journal, 7 août
1882).
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Marie voulut aussi être le peintre des
misères urbaines. Ces représentations sans mièvrerie, peintes d'une
manière solide et hardie, contrastent singulièrement avec l'élégance de
Marie et le raffinement extrême de son quotidien. Mais ce contraste
n'était finalement que le reflet de sa personnalité toute en
contradictions. Marie était aristocrate et républicaine, tendre et
ironique, sensible et violente, très intellectuelle et capable
d'enfantillages, affolée de mondanités et éprise de solitude
studieuse.
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Son oeuvre est riche aussi de multiples
portraits, à dominante féminine.
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Marie Bashkirtseff excella aussi dans le domaine du
paysage et dans la nature morte. |
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Durant des
décennies, l'oeuvre de Marie Bashkirtseff souffrit de l'ostracisme qui frappa
l'art traditionnel de la fin du XIXe siècle (baptisé aussi art
académique, pompier,
officiel), c'est-à-dire l'art
n'appartenant pas à l'avant-garde impressionniste.
On a dit et répété que
Marie Bashkirtseff côtoya l'Impressionnisme
sans s'y intéresser. Mais la plupart de ses
oeuvres montrent qu'elle avait parfaitement assimilé le modernisme de son
époque.
Son naturalisme se situe à la frontière de l'art traditionnel et de
l'avant-garde.
Il suffit de voir sa toile intitulée
Automne (1883). Elle montre une route bordée d'arbres, le
long d'un fleuve. Les éléments du premier plan sont rendus avec une
matière consistante, mais les végétaux sont libérés de toute valeur
constructive. A mesure que la perspective se creuse, ils deviennent comme
des données évanescentes, instables sous l'effet du brouillard et du
vent. Le sujet de ce tableau n'est pas uniquement la représentation
d'un lieu : il est aussi la transcription des éphémères impressions
perçues. |
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Cet amalgame de la tradition
et de la modernité se retrouve aussi dans les portraits. Marie y attache plus
d'importance au rendu global qu'à la description minutieuse.
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Ainsi, dans son Autoportrait à la palette (1883), tout est
ramené à l'essentiel : le volume et les détails du visage sont précisés,
mais le reste est esquissé librement : le jabot blanc du corsage, la
palette, les pinceaux se réduisent à quelques brèves indications où
subsiste l'empreinte de la brosse. |
A l'époque de Marie, la consécration
d'un artiste ne pouvait se concevoir sans le Salon officiel de peinture,
c'est-à-dire l'exposition des oeuvres au Palais de l'Industrie à
Paris. Marie y exposa durant quatre années :
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En 1880, sous le pseudonyme de Marie
Constantin Russ, une toile intitulée Jeune
fille lisant La Question du divorce.
Ce premier envoi déçut Marie. Toujours lucide, elle qualifia de
"sale
peinture" et de "ratatinage" cette toile exécutée rapidement et d'après les retouches
de son professeur.
En 1881, sous le pseudonyme d'Andrey,
Marie présenta L'Atelier des
femmes.
Ce grand tableau montre les élèves de l'Atelier
Julian peignant un enfant. Marie s'est représentée elle-même dans le coin
droit de la toile. Ce travail d'une facture plus traditionnelle, imposé
par Julian dans des conditions matérielles et nerveuses déplorables ne
contenta pas non plus Marie : "Quand on pense à ce que ça
aurait pu être. Ah! je voudrais qu'il fut crevé ce tableau pour ne pas
être forcée de l'exposer." (Journal, 19
mars 1881). Et dans le compte rendu du Salon qu'elle rédigea pour
le journal La
Citoyenne, Marie n'épargna pas son
propre tableau : "que de duretés, que de choses lâchées! On dit que
c'est une jeune débutante, elle est alors presque
excusable." (n° 14, dimanche 16 mai 1881). |
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Portrait de Dina Babanine, future
comtesse de Toulouse-Lautrec |
En 1883, Marie exposa sous son nom 3 oeuvres
: un portrait au pastel de sa cousine Dina, un portrait à l'huile intitulé
La Parisienne |
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et une toile montrant deux enfants de la rue, Jean et Jacques.
Les trois oeuvres ne passèrent pas
inaperçues. Mais l'accueil réservé à Jean et Jacques fut mitigé.
Certains critiques reprochèrent à Marie d'avoir peint des "fils de pochards", (La
Liberté, 25 mai 1883). C'était
précisément son objectif : elle n'avait pas voulu faire une représentation
édulcorée, émouvante et rassurante de la misère du prolétariat, mais un
constat sans concession.
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En 1884, Marie exposa Le Meeting,
qui ne reçut aucune récompense mais obtint un succès populaire qui ne
s'est jamais démenti. Aujourd'hui encore, ce tableau est utilisé pour de
multiples supports.
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Pas plus
que la brutalité et la force, la démesure n'effrayait Marie. Pour le
Salon de 1884, elle envisagea une toile monumentale : Les Saintes femmes au tombeau.
Dans cet ultime tableau, Marie montra
une aptitude à simplifier les masses et à accentuer les types. C'est
l'indice d'une vertu de styliste. Le besoin de résumer la conduisit à
déformer un peu les lignes, à exagérer quelques aspects. Et on se prend à
rêver à la voie qu'aurait pu prendre l'art de Marie Bashkirtseff si elle
avait vécu... (Voir la belle
esquisse appartenant à la galerie Tretyakov de Moscou : http://www.tretyakov.ru/russian/events/sarat/bashk.htm
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A sa
mort, le 31 octobre 1884, Marie laissait une oeuvre riche de 100 tableaux et
esquisses, 6 pastels, 80 dessins, 83 études d'après modèles et 5
sculptures.
De nombreuses oeuvres furent offertes ou vendues sans
discernement par Madame Bashkirtseff.
Une grande partie fut envoyée en
Russie, dans des musées et dans le domaine familial des Bashkirtseff, à
Gravonzi, dans le district de Poltava, en Ukraine. D'après certaines sources, ce
qui avait été déposé à Gavronzi aurait été détruit par un bombardement durant la
Seconde Guerre mondiale.
Le reste est la propriété de différents musées internationaux, ( à l'exception
des Saintes femmes au tombeau qui est
exposé en permanence dans le mausolée de Marie Bashkirtseff au cimetière de Passy, à Paris).
Cliquez sur les titres soulignés
pour afficher la reproduction des
oeuvres |
Musée d'Orsay, Paris :
Le Meeting
Nausicaa (sculpture)
Musée du Petit
Palais, Paris :
Une Parisienne
Autoportrait (dessin)
Femme lisant
(dessin)
Musée du Louvre (Cabinet des
dessins), Paris :
Femme au
chapeau
Intimité
Portrait
Bibliothèque nationale de
France
Dessins anatomiques
Musée des Beaux-Arts Jules Chéret, Nice
:
Autoportrait à la palette
Autoportrait en pied
Portrait de Paul Bashkirtseff
Portrait de Mademoiselle Cohen
Une Larme
Dame au chapeau orné d'un noeud rose
L'Orientale
Deux têtes d'étude
Fleurs (Pivoines et
ajoncs)
Fleurs (Capucines et rhododendron)
Le Meeting
(copie)
Dessins
La partie de cartes
Marie lisant couchée par
terre
Ombres de carnaval
Musée du
château de Nérac, Haute-Garonne :
Portrait de Georgette
Martigues :
Jeune femme au chapeau ornée d'une plume bleue
Rijkmuseum, Amsterdam :
Portrait de la femme de
Paul Bashkirtseff
Chicago
:
Jean et Jacques
Athènes, Pinacothèque nationale et musée Soutzos
:
Portrait de femme
Belgrade :
Portrait de Bojidar Karageorgevitch
Musée russe de Saint
Pétersbourg :
Peintures :
Portrait d'une jeune femme
Le parapluie
Trois sourires. Sourire d'enfant
Trois sourires. Sourire de petite fille
Trois sourires. Sourire de jeune fille
Automne
Printemps
Jeune femme au bouquet de lilas
Dessins :
Jeune fille
lisant
Tête de modèle
Tête de femme
Portrait de
femme
Orateur
Ebauche d'une composition
Carnaval de
Nice
Modèle
Portrait d'homme
Femme au livre
Tête d'homme
Tête de
vieille femme
Portrait de femme
Musée de Saratov :
Les saintes femmes au
tombeau (esquisse)
Musée d'art de
Kharkov, Ukraine :
La lecture
Musée d'art de Dniepropetrovsk, Ukraine :
L'atelier des femmes