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Chronologie d'une négation

Pierre Rabcor

Il ne s'agit pas ici de reprendre l'ensemble de la polémique qui, rappelons-le est née dès la fin de la guerre. Il faudrait pour cela envisager de très près certaines dimensions qui débordent largement le cadre historique et politique, tel le rôle de la presse et des médias en général à la fin des années 1970. Mais cela ne doit pas nous empêcher de dresser un tableau chronologique succinct du phénomène et ainsi de poser quelques bornes.

Le négationnisme, quel que soit le courant étudié, repose sur un double postulat : d'une part la négation de la volonté national-socialiste (et plus précisément hitlérienne) d'extermination systématique dont les chambres à gaz sont l'instrument emblématique et d'autre part l'affirmation que le génocide juif n'est qu'une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est et a été le principal bénéficiaire. [1] Cette démarche commune aux différents courants politiques négationnistes nous amène à une présentation des individus et organismes diffusant les thèses négationnistes qui est fort loin d'être exhaustive. Le choix de ceux qui y figurent est arbitraire, basé sur leur importance passée ou présente. D'autre part, le caractère international nous semble fondamental car si nous contestons la dénomination d'« Internationale révisionniste » qu'il est fréquent de lire dans certains articles d'une certaine presse, nous n'en sommes pas moins convaincus que ce courant tire sa force de ses contacts transfrontaliers. Ne pas céder à la facilité de la théorie du « complot » ou du « chef d'orchestre secret » n'est pas synonyme d'aveuglement... Enfin, il nous faut rappeler notre attachement au refus d'utiliser le terme de « révisionnistes » pour qualifier la thèses de tous les individus évoqués dans cette courte synthèse. Ce n'est bien évidemment pas par pure coquetterie. L'Histoire, toute histoire, doit être révisée et ce principe de base explique la démarche d'un Serge Karsfeld à l'égard des fusillés du Mont Valérien. Mais il est clair que les pseudo-révisionnistes sont à l'Histoire ce que Lyssenko était à la Biologie dans la « glorieuse patrie du socialisme ». Soumettre l'Histoire à des buts idéologique est un grand classique des faussaires qui ont brillé tout au long de ce siècle,« démocrates » ou non. Mais les faits et les témoins sont têtus et il y a fort à parier qu'ils résistent encore longtemps à l'entreprise négationniste.

La grille de lecture que nous avons adoptée est le caractère générationnel du négationnisme. Schématiquement, on peut distinguer trois générations au sein desquelles s'est à chaque fois révélée une figure majeure qui a servi de référence pour la génération suivante.

Notes [1] Cette thèse ne doit surtout pas être confondue avec celle développée par Tom Segev qui analyse l'utilisation de la shoah par l'État d'lsraël après-guerre avec des arguments politiques et non à partir de fantasmes antisémites sur le « complot juif ». Tom Segev Le Septième million, L. Levy, Paris, 1993.

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