I. E) LES PROBLEMES GEOPOLITIQUES

Les barrages ont de nombreux impacts sur le cours d’un fleuve, la Chine a donc des conflits externes concernant les cours d’eau auprès des pays frontaliers. Les barrages construits dans le Yunnan sur les fleuves Salouen, Irrawaddy et Mékong, en modifiant le débit de ces cours d’eaux, créent des tensions en Birmanie, au Laos, en Thaïlande, au Vietnam et le Cambodge. Les projets de détournement d’eau ou les retenues par les barrages constituent des menaces pour ces pays situes en aval du cours d’eau, les privant souvent d’une grande quantité d’eau à laquelle ils auraient normalement accès.

Pékin vient de commencer la construction d’un premier barrage sur une série de treize en tout, qui bétonneront la rivière Nu (la Salween en Birmanie). De même, plusieurs nouveaux barrages dans la province chinoise du Yunnan vont bloquer le cours du Mékong, qui abreuve 60 millions de personnes. La Birmanie, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam ont fait part de leur inquiétude. Cependant la Chine a répliqué que c’est une priorité pour l’approvisionnement énergétique du pays et que la survie des fleuves n’est pas menacée. En 2004, Bangkok était intervenu une première fois auprès de Pékin après une baisse de 90 centimètres du Mékong, devenu impropre à la navigation. La Thaïlande soupçonnait alors un barrage chinois d’en être responsable, ce dernier ouvrant à l’occasion ses vannes pour permettre le passage des bateaux chinois.

Ses besoins croissants en eau la poussent à augmenter ses prélèvements sur les fleuves et de ce fait engendrent des conflits avec les pays voisins et dont la position et à l’aval des fleuves. De plus elle pollue l’eau d’une façon importante.

La pollution du fleuve Songhua a ainsi agi comme révélateur des tensions entre Pékin et Moscou. A cette occasion, les Russes ont affirmé que 80% de la pollution de l’Amour - dont la Songhua est un affluent - provient de Chine. Des rumeurs ont également ressurgi sur un projet de pompage des eaux du lac Baïkal vers la Chine.

La construction d’infrastructures hydrauliques d’une telle ampleur provoque des tensions au sein même du pays. Ainsi le projet de transfert des eaux nord-sud a soulevé des tensions entre Pékin et Shanghai. En effet la province du Jiangsu a demandé en 1985 à faire augmenter la capacité du canal de un tiers. Shanghai s’est alors opposée à cela, justifiant par le fait qu’un prélèvement plus important assécherait sa nappe phréatique déjà soumise a des problè mes de salinité.

La Chine veut conserver les zones riches en eau car ces régions sont peu nombreuses, le Tibet, ’’Château d’eau de l’Asie’’, demande depuis 1951 son indépendance mais la Chine s’y raccroche pour ses ressources importantes. Il est le berceau de la plupart des grands fleuves qui irriguent les pays asiatiques. On compte notamment le Brahmapoutre (Chine, Inde, Bangladesh), le Mékong (Chine, Myanmar, Laos, Thaïde, Cambodge, Viêt Nam), l’Indus (Inde, Pakistan) et enfin le Fleuve Jaune et le Fleuve bleu (Chine). Pas moins de trois milliards de personnes vivent de ces ressources d’eau. Quatrième plus grand réservoir d’eau douce de la planète il constitue un endroit stratégique pour la Chine.






Xavier Moys, Tanguy Mercier, William Zhang