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  COUILLARD
 

D'azur à la colombe éployée d'or tenant dans son bec un rameau d'olivier de sinople. Devise: Dieu aide au premier colon.

GUILLAUME COUILLARD
(1591-1663)
De quelle province de France venait Guillaume Couillard ? Nos historiens ne peuvent répondre à cette question. Cependant, un document que nous avons sous les yeux, nous indique qu'il est né en 1591, dans la paroisse Saint-Landry de Paris. Il était fils de Guillaume Couillard et d'Elizabeth de Vesins 1 .

Le genre de Louis Hébert pouvait avoir vingt-deux ans lors de son arrivée au Canada. Il était au service de la Compagnie des Cents-Associés, en qualité de charpentier. Venu dans la colonie, trois ans avant Louis Hébert, il eut ainsi l'occasion de voir ce dernier en pleine besogne.

Il épouse, le 26 août 1621, Marie-Guillemette Hébert, la seconde fille de Louis, dans l'église de Québec. Le Père Denis, Récollet, bénit l'union de Guillaume Couillard et de Guillemette Hébert, en présence de Samuel de Champlain et d'Eustache Boulé, beau-frère de ce dernier. C'est le premier mariage que nous indiquent les registres de Notre-Dame de Québec. Un incendie ayant détruit l'église avec son contenu, en 1641, il fallut reconstituer les registres de mémoire. On oublia de mentionner le mariage d'Etienne Jonquest et d'Anne Hébert.

Après la mort de Louis Hébert, ses biens furent partagés entre ses deux enfants: Guillaume et Guillemette Hébert 2 . Le partage eut lieu le 15 septembre 1634, en présence de Henry Pinguet, marchand à Tournay, et de Nicolas Pivert.

Devenu chef de famille, Guillaume Couillard continua d'agrandir les défrichements sur ses terres. Aidé de Guillaume Hubou, qui avait épousé, le 16 mai 1629, la veuve de Louis Hébert 3 , il y travailla avec tant d'ardeur, que dès l'année 1632, il avait près de vingt arpents de terre en culture.

Ce fut probablement Guillaume Couillard qui introduisit au pays l'usage des charrues. Cet événement eut lieu au printemps de l'année 1628 4 , soit le 27 avril.

Jusqu'à cette époque, Couillard et les missionnaires qui avaient déjà défriché une certaine portion de terrain n'avaient employé que la bêche et la pioche pour remuer la terre. On peut juger de la somme d'énergie que ces hommes devaient dépenser pour cultiver dix ou douze arpents de terre. De telles difficultés auraient suffi, il semble, pour détourner de la culture les colons les mieux intentionnés ; mais, à ces ennuis s'ajoutait le mauvais vouloir de la Compagnie des Marchands, qui, on l'a dit plus haut, refusa longtemps d'aider les habitants à mettre leurs terres en valeur.

A la fin du mois d'avril de l'année 1629, on vint annoncer à Champlain que les sauvages avaient tué deux Français à Tadoussac, et qu'ils se levaient en masse pour envahir Québec. Cette nouvelle alarmante fut apportée par un indien du nom de Lafourière. Bien qu'il n'ajoutât pas foi à ces bruits de guerre, le fondateur de la colonie exigea des Iroquois qu'on lui livrât le meurtrier.

Vers le même temps, quelques jeunes sauvages, amis des Français, partirent pour aller à la rencontre de l'ennemi, mais revinrent, dit Champlain, comme ils avaient été, sans avoir fait de mal à personne. Le 14 du mois suivant, sept canots, contenant vingt et un sauvages, arrivèrent à Québec. Ces guerriers robustes et dispos s'en allaient pour voir, dit le même auteur, s'ils feraient quelques choses plus que les autre. Ils promettaient de se rendre auprès des villages ennemis, et de mettre un mois dans cette guerre. Ainsi se passèrent les premiers mois de l'année, pendant lesquels Champlain attendait toujours les secours de France. La famine commençait à prendre des proportions alarmantes, et les colons n'attendaient plus que la mère-patrie les secours qui pouvaient les empêcher de mourir de faim.

La disette se faisait sentir sur tous les points de la colonie. Le 29 du mois de juin, des canots arrivèrent de Tadoussac pour avoir des pois, ce fut peine perdue, car il n'y en avait pas assez au fort 5 .

Afin de soulager la colonie de quelques bouches inutiles, Champlain résolut d'envoyer une vingtaine de personnes à Gaspé, situé à 130 lieues de Québec. Ce voyage, il fallait l'entreprendre dans une mauvaise barque et il n'y avait personne, qui sût ce que c'était de construire une barque, et l'on se trouvait sans braies, sans voiles, sans cordages, dénudé de tout 6 .

Champlain, connaissant la valeur et le désintéressement dont Couillard avait fourni la preuve jusque là, voulut l'engager, non seulement a réparer la barque, mais encore à la conduire jusqu'à Gaspé : "Nous nous adressâmes à un habitant du pays, qui se nourrit de ce qu'il a défriché, appelé Couillard, bon matelot, charpentier, calfeutreur, auquel nous mettions toute notre assurance qu'il secourait de son travail et industrie, d'autant que depuis quinze ans qu'il était au service de la compagnie, il s'était toujours montré courageux en toute choses qu'il faisait, et qu'il avait gagné l'amitié de chacun"7 .

Malgré le désir que Couillard nourrissait de se rendre utile à ses compatriotes, et de plaire à M. de Champlain, il ne voulut point, avec raison, s'exposer à courir les dangers d'un voyage aussi hasardeux. Néanmoins, il consentit à réparer la barque ; mais, malgré les paroles vives, les menaces mêmes que lui adressa le fondateur de Québec, il persista dans sa résolution de ne point se rendre à Gaspé. Il ne voulait point, disait-il s'exposer inutilement au danger de tomber entre les mains des Iroquois qui, suivant les rumeurs, se disposaient à attaquer Québec ; de plus, qu'étant marié et chargé d'enfants, il se devait tout entier aux siens et à son épouse malade, qu'il ne pouvait laisser sans secours. Madame Couillard, le 18 mai précédent, avait donné le jour à son troisième enfant: c'était Louis Couillard, le futur seigneur de la Rivière du Sud, dont nous parlerons plus loin.

Lisant ces lignes, nous serions peut-être tentés de nous rappeler ce proverbe : "nul n'est sage à toute heure". Cependant, si nous considérons les circonstances qui le forcèrent à ne point se rendre au désir de M. de Champlain, et si nous examinons les événements qui se déroulèrent dans les jours suivants, nous croyons que dans cette circonstance, Couillard suivit le parti le plus sage. D'ailleurs, il paraît évident que parmi les personnes que renfermait Québec, il devait se trouver quelques employés de la Compagnie, capable de conduire cette barque. Pourquoi alors exposer la vie d'un homme qui était le seul soutien de sa famille, tel que Couillard, Martin, Des Portes, Tandis que plusieurs célibataires auraient pu rendre le même service?

Ces circonstances expliquent la conduite de Guillaume Couillard. La suite fera voir qu'il avait raison et que M. de Champlain et les colons furent heureux de rencontrer son appui.

Dix jours s'étaient à peine écoulés, que l'on signalait, près du cap Tourmante l'arrivée d'une flotte anglaise. En débarquant à cet endroit, les Anglais brûlèrent l'habitation, tuèrent le bétail qui s'y trouvait, et le 18 juillet suivant, David Kertk envoyait une sommation à Champlain, pour le contraindre à rendre place.

Ce dernier, bien que réduit à l'extrémité, ne voulut point se rendre, et répondit à l'envoyé des Kertk ... "Pour ce qui est de l'exécution du cap de Tourmante, brûlement de bétail, c'est une petite chaumière, avec quatre ou cinq personnes qui étaient pour la garde d'ice-luy... que si vous fussiez venu un jour plus tard, il n'y aurait rien eu à faire pour vous, que nous attendons d'heure en heure pour vous recevoir, et empêcher les prétentions qu'avez eu sur ces lieux 8"...

David Kertk, à la réception de cette réponse énergique, préféra remettre son attaque à plus tard ; il espérait bien triompher, un jour ou l'autre, de la résistance des assiégés en interceptant les secours de France. Alors se réalisèrent les prévisions de Champlain.

La famine se déclara bientôt plus affreuse que jamais, et malgré le désir de Couillard avait de soulager les habitants dans cette détresse, en leur donnant largement ce qu'il avait récolté sur ces terres, tous eurent à endurer les tourments de la faim.

Ce fut au milieu de cette détresse que les frères Kertk s'approchèrent de Québec pour s'en emparer. En voyant la flotte ennemie, Champlain comprit qu'il ne pouvait lutter: il ne lui restait pas même une livre de poudre. De leur côté, les colons, exténués par la famine, ne songeaient pas non plus à se défendre. Champlain se rendit à l'évidence et capitula.

M. de Champlain dû retourner en France avec les colons qui devaient retourner en France.

Guillaume Couillard sa famille et celle de sa belle-mère, madame Hébert étaient les seuls colons, proprement dits 9 , que la France chrétienne laissait sur le rocher de Québec, comme les gardiens du domaine qu'elle devait revendiquer plus tard. Comment ne pas les ligne remarquables que M. Bourassa consacre à madame Hébert : "Seule, dit-il, la veuve Hébert demeura avec son gendre Couillard et quelques ouvriers, pilotes ou interprètes resté pour la plus part au service des Kertk, et dont quelques-uns n'étaient que des transfuges huguenots: elle demeura sur les dix arpents de terre que son mari avait fructifiés de son travail, arrosés de ses sueurs, sur lesquels il avait fondé le repos de ses vieux jours, l'avenir de sa famille, la perpétuité de sa postérité. Qu'importe si les motifs de sa stabilité étaient intéressés: l'histoire dit qu'elle voulait recueillir les fruits de la semence déposée le printemps dans son petit domaine. En semant son maïs et son froment, la veuve Hébert avait planté les germes de sa patrie nouvelle, elle avait contracté un pacte et une union avec la terre dont elle avait fécondé le sein, elle voulait y rester fixée, malgré son aversion pour les Anglais, malgré la mauvaise fortune de la France 10".

Pendant ce temps là, les colons faisaient voile vers la France ; mais M. de Champlain se proposait de revenir au Canada, pour y continuer son oeuvre qui, comme toutes les oeuvres durables, devait auparavant passer par le creuset des tribulations. Guillaume Couillard demeura trois ans sans revoir ses compatriotes. Au cours de ces longues années, il eut a endurer bien des injustices de la part des nouveaux maîtres du pays 11 . A la fin de la troisième année, désespérant de ne plus revoir les Français en Canada, il fit des instance auprès du général anglais pour obtenir la permission de retourner en France. Mais déjà les Kertk avaient oublié les engagements solennels qu'ils avaient contractés envers lui, et ne voulurent point le laisser partir.

Après beaucoup de démarches de la part de M. de Champlain, le Canada fut enfin remis à la France. Le fondateur de Québec hâta ses préparatifs de départ, et mit à la voile le 18 avril 1632. Les Pères Paul Le Jeune et de Noue l'accompagnaient. Il lui fallut près de deux mois pour effectuer la traversée, et le 8 juin 1632,les voyageurs arrivèrent heureusement à Tadoussac. Qui pourra nous peindre la joie que Couillard éprouva en renvoyant ses compatriotes? Perdu avec sa famille et quelques rares Français, au milieu des bois, vivant en contact avec des gens dont il ne pouvait aimer ni les usages, ni les coutumes, privé des secours de la religion, telle avait été la situation de Couillard, pendant les longues années d'absence M. de Champlain.

Aussi, la joie qu'il ressentit en voyant revenir le beau drapeau de la France, est plus facile à imaginer qu'à décrire. Nous laissons la plume au père Le Jeune qui nous rapporte son arrivée dans les termes suivant: "Nous allâmes célébrer la Sainte Messe dans la maison la plus ancienne de ce pays-cy, c'est la maison de madame Hébert, qui s'est habitué près du Fort, du vivant de son mary, elle a une belle famille, sa fille est icy mariée à un honneste Français. Dieu les bénits tous les jours, il leur a donné de très beaux enfants. Leur bestail est en très bon point ; c'est l'unique famille Française habituée en Canada. Ils cherchaient les moyens de passer en France, mais ayant appris que les Français retourneraient à Québec, ils commencèrent à revivre. Quand ils virent arriver ces pavillons blancs sur les mâts de nos vaisseaux ils ne savaient à qui dire leur contentement, mais quand ils nous virent, dans leur maison, pour y dire la Sainte Messe qu'ils n'avaient point entendue depuis trois ans, bon Dieu! quelle joie! les larmes tombaient des yeux quasi de tous, de l'extrême contentement qu'ils en avaient. O que nous chantasmes de bon coeur le Te Deum, c'était juste le jour de la fête de St-Pierre et de St-Paul. Le Te Deum chanté, j'offris à Dieu le premier sacrifice à Québec. Dieu sait si les Français furent heureux de voir déloger les Anglais, qui ont fait tant de maux a ces misérables contrées, et qui sont cause que les sauvages ne sont point baptisés 12".

L'abbé Ferland parlant de ces colons s'exprime ainsi: "Leur satisfaction fut complète quand ils purent assister au saint sacrifice de la messe, qui fut célébré dans la demeure de la famille Hébert. Depuis le départ de Champlain ils avaient été privés de ce bonheur, et pour cause de religion, ces bons catholiques étaient tellement affligés de ne pouvoir obtenir les secours de la religion qu'ils s'étaient décidés à abandonner leur maison et leurs terres pour se retirer dans la mère-patrie. Dieu vint à leur aide en rendant le Canada à la France, et en permettant ainsi que les missionnaires puissent reprendre leurs travaux."

Le roi récompensa plus tard ce courage viril: il créa un fief en faveur de Couillard, genre de la veuve Hébert, et l'anobli en 1654 ; ses lettres d'anoblissements ayant été révoquées, elles furent renouvelées cinq ans plus après sa mort, en faveur de Louis et Charles et de leur descendants. Et Dieu fit sortir de ce berceau des Hébert, une légion d'hommes forts et vertueux. Ceux-ci allèrent propager et implanter, sur toutes les rives du Saint-Laurent, ce nom 13 et les traditions de bien et d'honneur puisées au sein de leur première mère 14".

On a déjà dit que Guillaume Couillard hérita de la moitié des propriétés que son beau-père, Louis Hébert, laissa a sa fille en mourant. Il possédait une partie de la Haute-Ville de Québec, puis un vaste domaine sur la rivière St-Charles.

Nous aimons à citer copie d'un acte de concession, par lequel, M. de Champlain, concède au genre de Louis Hébert une portion de terre de cent arpents, en récompense des services qu'il avait rendus au fondateur de Québec.

"M. de Champlain, Capitaine du Roi en la marine, et lieutenant de haut et puissant seigneur de Mgr le duc de Ventadour, pair de France, lieutenant général pour le Roy au gouvernement de Languedoc, Vice-roy et lieutenant général au païs de la Nouvelle-France et terres circonvoisines.

"A tous ceux qui ces présentes lettres verront, et en vertu du pouvoir à nous donné par mon dit Seigneur... Salut:

"Le premier jour de mars gb. vingt-cinq de pouvoir constitué... tant pour l'administration de la justice comme pour la guerre et peuplement de la Nouvelle- France jusqu'à ce que... y ait été pourvu par mon dit Seigneur Vice Roy.

"Pour ces cause et de la volonté que sçavons que mon dit seigneur a, au dit païs, tant pour l'honneur de Dieu que service du Roy, du peuplement de desfrichement des terres, notamment ceux qui sont porté d'une sincère volonté de s'y établir pour toujours, accroître le nombre de sujet de Sa Majesté ; comme Guillaume Couillard lequel après avoir demeuré au dit païs l'espace de douze à quinze ans, avec y travaillant continuellement, tant par l'assistance qu'il nous a faite aux nouvelles découvertes qu'aux susdits lieux, luy avons donné et donnons cent arpens de terre pour déserter et ensemencer, en jouir pleinement et paisiblement luy, ses hoirs, lesquels terrains Relleveront du Chasteau ou fort de Québec. Lesquelles je bornai suivant la volonté de mon dit Seigneur le Vice-Roy, partie attenant aux terre de feu sieur Hébert, et autres bornées par le chemin qui va chez les Père Récollets, avec les bornes que je signalé et mises sur les lieux qui sépare la terre de ce qui est a donner à ceux qui se présenteront à l'avenir. Faict à Québec le vingt juin gbye vingt-sept, ainsy signé Champlain, et plus bas. Copie collationée à l'original par moy, commis au greffe et atbellionage de Québec, soussigné, à la requeste du dit Guillaume Couillard.

Aujourd'huy sept septembre gbye quante. Signé, M. Piraube."

Je soussigné François Derré sieur de Gan, commis Général... suivant le pouvoir à moi accordé... veu le dit M. Champlain atteint d'une griefve maladie, pour ne pouvoir agir... j'ai pris M. Olivier Le Tardif, commis général au magasin et le sieur Jean Bourdon,... et mesuré et arpenté... les dites terres...

Cette concession fut approuvée par M. Jean de Lauzon en 1651, qui obligea Couillard à donner six deniers de cens par arpent. Plus tard, Guillemette Hébert, devenue veuve, se plaignit à l'Intendant Talon, de l'empiétement que l'on faisait sur son terrain. Dans sa requête où elle exposait ses griefs elle ajoutait que vers l'année 1660, les messieurs de la compagnie ayant voulu bâtir la ville ont obligé Guillaume Couillard à en abandonner une partie près du Chasteau St-Louis, sous promesse qu'on lui donnerait une autre portion de terre. Ce qui eut lieu en effet. On lui donna un certain domaine situé près de l'enclos des religieuses Hospitalières...

Sur cette déclaration, Guillemette Hébert-fut maintenue dans la possession de son terrain, qui fut mesuré par Jean Guyon du Buisson, arpenteur, sur l'ordre du Gouverneur le 7 juin 1668 15 .

Comme on peut le voir par cet acte, la concession que Guillaume Couillard reçut en cette circonstance lui fut donnée en récompense des services qu'ils avaient rendus à la colonie, depuis son arrivée, et du vivant même de M. de Champlain. Après la mort de ce dernier, le genre de Louis Hébert eut plusieurs fois l'occasion de se rendre utile aux habitants de Québec. Les quelques documents que nous avons en mains nous montrent encore qu'il jouissait de l'estime et de la considération de tous ses concitoyens. Il semble que sa probité lui valut d'être souvent mêlé aux affaires du pays et que, dans les questions en litige, son témoignage était justement apprécié.

Le 8 juillet de l'année 1639, M. de Montmagny, alors gouverneur, lui confia la mission de visiter les terres ensemencées des environs de Québec, pour voir si les habitants pouvaient convenablement attendre le retour de la flotte, afin d'éloigner autant que possible les dangers de la famine.

"Nous Charles Huault de Montmagny, Chevalier de l'Ordre de St-Jehan de Hierusalem, Lieutenant pour Sa Majesté en toute l'étendue du fleuve St-Laurent en la Nouvelle-France. Sur le retardement extraordinaire des navires de MM. de la Compagnie de la Nouvelle-France. Ayans esté requis ce jour'huy huitième jour de juillet mil six cent trente-neuf, par François Derré Commis-général des vivres en la Nouvelle-France, de députer des commissaires pour visiter les terres ensemencées des environs de Québec, comme aussi les victuailles que les habitants de Québec et lieux circonvoisins ont en leur magasin et leur maison, pour sur le rapport qu'ils nous auront fait pourvoir convenablement à la nécessité et manquement de vivre du païs. Avons pour cet effet commis et députés les sieurs Guillaume Couillard, Hubou, et Nicolas Pivert, auxquels enjoignons de faire très expresses inhibitions et deffenses, de la part du Roy, a tous et chacun les habitants après la visite faite de leurs victuailles et terres ensemencées à ce qu'ils n'aient enlevé, soustrait ou employé par et de quelque manière que ce soit aucune des dittes victuailles, sinon ce qui leur est journellement nécessaire pour la nourriture et entièrement de leur famille.

Faict ce vendredi le huitième jour de juillet mil six cens trente-neuf 16 .

On sait que les chargements apportés, vers l'année 1645, au sujet de la traite, excitèrent des mécontentements. Selon le journal des Jésuites les officiers de la Compagnie Générale et les habitants se partagèrent les profits. Ces derniers eurent pour leur part 98 poinçons 17 de castor et l'année suivante, plus de 160...

C'était un beau résultat, mais plusieurs ne furent pas satisfaits. "il sembla, dans toutes les assemblées qui se firent, que ceux qui n'avaient point aimé le transport de la traite voulurent faire voir les désordres ; de sorte qu'au lieu de les empêcher, ils semblaient les formenter, soit en ne faisant rien, ou n'agissant point et laissant tout aller... c'est ce qui donna sujet de dresser les mémoires pour un bon règlement...18".

Afin d'avoir la paix, on eut recours au témoignage des anciens habitants pour voir ce que l'on avait fait à l'origine de la colonie, lorsque les affaires de la traite avaient changé de mains. Guillaume Couillard étant l'un des plus anciens, rendit ce témoignage:

"Moy, Guillaume Couillard, habitant de Québec, en la Nouvelle-France, ayant esté interrogé pour sçavoir comment les choses 19 ...

"Sçavoir que lorsque M. de Caen entra en possission de la traite et disposéda les Anglais, il ne fut fait aucun marché de castor.

"Lorsque MM. de la Compagnie furent mis en possession du pays et de la traite en place de M. de Caen, les castor furent livrés entre les mains de M. de Caen.

"Et lorsque MM. de la Compagnie particulière ont quité la traite à MM de la Compagnie Général, les castor ont été recherchés et donnés au profit de la Compagnie qui quittait. Fait et passé le 24 octobre 1646 20".

Vers cette époque, les fils de Guillaume Couillard firent plusieurs voyages en France. "Le dernier jour d'octobre 21 , dit le Journal des Jésuites, partirent les vaisseaux, le P. Quentin y estait seul des nostres. Avec luy repassa Robert Hache, M. de Maisonneuve, M. Giffar...

Avec eux passèrent le fils de M. de Repentigny, de M. Couillard 22, de M. Giffar, les neveux de M. des Châlets, tous fripons pour la plupart qui auraient fait mille pièces à l'autre voyage, et on donnait à tous de grands appointements."

Le premier octobre de l'année 1648, Guillaume Couillard et François Bissot conclurent un marché avec les habitants de Québec, moyennant la somme de six mille livres, ce qui comprenait en même temps leur salaire, Couillard et Bissot s'engageaient pour cinq ans, à nourrir et à entretenir 18 matelots. Ils devaient de plus réparer un navire qui faisait le service sur le St-Laurent. A cela, venait s'ajouter l'entretien de deux barques et frégates ; de deux chaloupes où quatre hommes devaient être mis à la disposition du conseil ; quatre autres dans les bateaux. Ils devaient leur fournir les agrès, armes, munitions nécessaires. Les dix autres matelots devaient être employés pour les intérêts de la Compagnie.

Ce marché ne tint pas, il était trop onéreux pour les contractants. Aussi, on pria le Gouverneur d'échanger douze soldats du camp volant, contre douze matelots, et de prendre pour un an le susdit marché. A la suite de quoi, il se trouva qu'il lui fallait donner 100 livres par-dessus les 1600 livres du camp volant qu'il avait touché. Fait et passé le 2 septembre 1649 23 .

En l'année 1639, Guillaume Couillard possédait un moulin sur la rivière St-Charles. Le 28 avril de cette année un nommé Pierre de la Porte, commis du magasin, partit avec Nicolas Marcard pour aller à la chasse, en canot, sur la rivière St-Charles. Rendu près du moulin de Guillaume Couillard, un coup de vent fit chavirer le canot, et les deux hommes qui le montaient furent plongés dans l'eau. Nicolas Marcard se sauva à la nage, après avoir essayé à porter secours à son compagnon. Mais comme il ne put résister plus longtemps à cause de la froidure, il revient au fort ne sachant s'il était mort ou en vie.

On envoya en toute hâte plusieurs hommes afin de retrouver le corps de la malheureuse victime. Jean de La Lande et Louis Couillard le découvrirent sur le rivage, le cadavre fut transporté en face de la maison de Guillaume Couillard où l'on tint une enquête. Après avoir entendu les personnes qui furent témoins de l'accident, on rendit un verdict de mort accidentelle 24 .

La Nouvelle-France, en 1663, entra dans une voie de progrès et de prospérité. Ce fut en cette année, que la compagnie, chargée de développer les ressources du pays, remit l'administration des affaires entre les mains du Roi. On devait attendre de ce changement les plus beau résultats. Jusque-là les différentes compagnies, qui s'étaient succédé, avaient plutôt travaillé à leur avancement personnel qu'à celui du Canada. "En passant entre les mains du roi, dit l'abbé Ferland, la colonie avait fait un grand pas. La Nouvelle-France devenait une province, Québec était honoré du nom de ville, une justice royale s'établissait, on parlait même de faire bâtir un palais pour les séances du conseil souverain... Ces changements furent tellement importants, que des écrivains français ont placé dans l'année 1663 la fondation du Canada, laissant dans l'oubli la plus belle portion de notre histoire. Cependant c'est bien à juste titre que les cinquante-premières années qui ont suivi la fondation de Québec, ont été désignées comme le temps héroïques de la Nouvelle- France. Cette période, en effet, présente des traits nombreux de dévouements religieux, de courage, de foi, de persévérance 25 .

Guillaume Couillard ne put assister à tous ces événements, mais, il eut du moins la satisfaction de voir grandir la ville de Québec, dont le premier avec son beau-père, Louis Hébert, il avait commencé à défricher les hauteurs. Quelle devait être grande sa joie, quand parvenu au soir de la vie, il se reportait par la pensée aux débuts si pénibles de cette colonie, dont il avait été l'un des plus persévérants fondateurs! Guillaume Couillard, en 1663, était l'un des derniers survivants du temps de Champlain 26 . N'avait-il point le droit de s'enorgueillir de son passé? En effet, n'était-ce point lui qui, de toute son énergie, avait soutenu le plus vaillamment M. de Champlain dans son oeuvre? Oui, il avait été le premier, avec Louis Hébert, à défricher les terres de la haute-ville de Québec ; et, après la prise de la Nouvelle-France par les Kertk, il fut le seul colon qui demeura sur le rocher qu'il avait fructifié de son travail quotidien 27 .

Lorsque le drapeau de la mère-patrie fut revenu sur les bords du grand fleuve, et que de nouveaux colons arrivaient dans la Nouvelle-France, il pouvait leur montrer ce que produit le travail uni à un courage à tout épreuve. Les descendants de nos premiers colons, nous sauront gré de donner, ici le tableau que présentait la colonie en 1659. Nous laissons la plume à M. l'abbé Gosselin, qui trace le portrait de la ville de Québec dans les termes suivant: On se ferait difficilement aujourd'hui une idée exacte de l'aspect que présentait Québec, à l'époque où Mgr de Laval l'aborda pour la première fois. Les quais, les murailles, les grands édifices que l'on y voit aujourd'hui, et qui n'existaient pas alors, ont dû modifier considérablement l'apparence de ce havre, de cette colline abrupte, de ce promontoire.

A la haute ville, il n'y avait guère alors, que les communautés et les édifices publics. Les résidences privées, les magasins et les comptoirs étaient en bas, pour la commodité du commerce, sur une lisière de terrain qui devait paraître bien plus étroite qu'aujourd'hui, surtout à marée haute, alors que la vague venait expirer au pied des maisons: ça et là, partout, quelques quais, de forme plus ou moins primitive, destinés à faciliter le déchargement des marchandises sur la plage, ou à amarrer les nombreuses embarcations ou canots d'écorce, qui étaient alors d'une utilité journalière. La base-ville se dessinait d'une manière bien plus tranchée qu'aujourd'hui d'avec la haute-ville, toutes deux se trouvaient reliées par un chemin que la nature elle-même semblait avoir tracé.

Sur la colline, plus près de l'escarpement que le Vieux-Château actuel, le solide Fort en pierre, bâti par Champlain, garni de meurtrières et de canons, arx bello munitissima, comme l'appelait Mgr de Laval, donnait déjà à Québec un certain aspect militaire. Le moulin de M. Denis, situé plus haut, sur le Cap Diamant, formait avec cette forteresse un singulier contraste.

En face du Fort, la place d'armes, au milieu de laquelle on avait planté un mai: sur ce mai flottait, aux grandes fêtes, le drapeau aux fleurs de lis. De l'autre côté de la place d'armes, la vaste maison des Cent Associés. Les rues St-Louis et de la Fabrique, les Ursulines, l'église paroissiale, l'Hôtel-Dieu, tout cela était à peu près aux mêmes endroits qu'aujourd'hui ; et, au-delà, le couvent et la chapelle des Jésuites. la maison Couillard devait être à peu près où se trouve l'entrée du séminaire sur le jardin, tel qu'il était avant les nouvelles constructions.

Du reste, il y avait alors beaucoup d'accidents de terrain que l'on ne voit plus ; et les défrichements n'avaient pas encore fait disparaître complètement cette épaisse forêt, qui couvrait jadis le promontoire de Québec: ce qui en restait devait donner à notre ville naissante je ne sais quel cachet mystérieux de grandeur. La forêt s'étendait sur les bords de la rivière Saint-Charles, jusqu'aux défrichements faits par les Récollets, et à leur ancien monastère de Notre-Dame-des- Anges.

Du côté de Lévis, la forêt à peu près intacte, et le spectacle de cette vaste nappe de verdure, aux nuances si variées, qui s'élevait en amphithéâtre en face de Québec, devait être beau à voir : sur le rivage, ça et là, quelques coins défrichés, et des cabanes sauvages... Il n'y avait pas, à cette époque, plus de cinq cents habitants à Québec ; et la population française de tout le Canada, dispersée sur une étendue d'environ quatre-vingts lieues, n'excédait guère 2,200 âmes...28 " Les dernières années de Guillaume Couillard furent attristé par un double deuil. Nicolas et Guillaume 29 , ses fils, tombèrent sous les coups des Iroquois. Le premier, appelé sieur de Belle-Rive, fut du nombre des victimes qui périrent sur l'Ile d'Orléans, avec M. Jean de Lauson, en voulant porter secours à son frère, Louis Couillard. Nicolas Couillard fut inhumé le 24 juin 1661 dans l'église de Québec. Il avait vingt ans ; ayant été baptisé le 6 avril 1641.

Voici en quelles circonstances. Au mois de juin de l'année 1661, Louis Couillard de Lespinay partit pour aller à la chasse sur l'Ile d'Orléans. Geneviève des Prez, son épouse, soeur de Mme Jean de Lauzon, le Sénéchal de la Nouvelle-France, et fils du gouverneur de ce nom, ayant appris que les Iroquois avaient fait leur apparition sur l'île, supplia ce dernier d'aller délivrer son mari.

Monsieur de Lauzon, pour signaler l'amitié qu'il lui portait, partit avec six jeunes gens dans une chaloupe ; étant arrivé vis-à-vis de la maison du sieur Maheu, qui était au milieu de l'île, et qui avait été abandonnée depuis quelques jours, il la fit échouer à marée-basse entre deux rochers. Il y envoya deux de ses compagnons pour voir si les habitants avaient eu le temps de s'enfuir. Celui qui ouvrit la porte de l'habitation se trouva en présence de quatre-vingts Iroquois qui le tuèrent et ils firent l'autre prisonnier.

Il ne restait plus que cinq Français, mais ils résolurent de vendre chèrement leur vie. Les Iroquois proposèrent aux Français de se livrer ; mais tous de défendirent jusqu'au dernier soupir. Monsieur de Lauzon eut les bras tout meurtris et hachés des coups qu'on lui avait donnés pour lui faire mettre bas les armes... Après sa mort les Iroquois lui coupèrent la tête qu'ils emportèrent dans leur pays. Ainsi furent massacrés sept Français ; ces dernier tuèrent un bien plus grand nombre d'Iroquois, dont ont trouva les ossements lorsqu'on alla lever les corps des nôtres ; leurs gens ayant brûlé les corps de leurs morts selon leur coutume et laissé entiers ceux de nos Français.

Après cette horrible boucherie, ces barbares s'étant aperçus qu'on envoyait des troupes à leur poursuite se sauvèrent à la hôte. Par malheur le secours arrivait trop tard: car Monsieur d'Argenson, Gouverneur, n'eut la nouvelle de ce désastre que par M. de Lespinay, celui même pour lequel on s'était mis au hasard qui, ayant entendu le bruit des fusils, fit voile vers Québec, pour avertir qu'il y avait du danger. Mais, quand il sut que c'était pour lui que ces vaillants gentilshommes s'étaient ainsi exposés, il faillit mourir de douleur.

Le second, Guillaume Couillard Deschênes, avait été baptisé le 16 janvier 1635. Il avait eu pour parrain, Robert Giffard, seigneur de Beauport, et pour marraine, Hélène Des Portes. Il fut tué à Tadoussac, le 5 octobre 1662, avec un de ses compagnons. Il fut enterré dans l'église de Québec. Il était âgé de 27 ans.

Québec, en 1663, avait l'aspect d'une petite ville. Quels changements s'étaient opérés malgré tout dans cette colonie depuis 1608! Couillard devait aimer à faire à ses enfants et aux nouveaux colons qui débarquaient sur nos bords le récit des combats qu'il avait livrés et des travaux qu'il s'était imposés, pour l'avancement de la Nouvelle-France. Il aimait:

Ayant autour de lui sa famille assemblée,
... Par les beaux soirs,
A raconter aux siens sa jeunesse envolée,
Et ses luttes d'antan, et ses nombreux espoirs 29 .

La narration des souffrances endurées par les premiers colons ; la persévérance de Louis Hébert, celle non moins digne d'admiration de Couillard, excitait sans doute l'enthousiasme des auditeurs.

Aux récits de l'aïeul les petits-fils frissonnent:
Si belle fut sa vie et son passé si beau!
Les spectres de ses hier sortant de leur tombeau
Apparaissent alors si fameux qu'ils étonnent.

L'évocation de tant de souvenirs préparait le coeur de la vaillante jeunesse qui écoutait pour les luttes qu'elle devait livrer plus tard et pour les sacrifices innombrables que la patrie devait exiger d'elle.

Aimant ces souvenirs, pensive, dans la nuit,
La génération de jeunes qui se lève
Se sent prise d'ardeur, et dit: La vie est brève,
Du grand-père imitons l'exemple qui séduit.

Guillaume Couillard mourut le 4 mars 1663. Il fut inhumé dans l'église de l'Hôtel-Dieu de Québec.

L'an mil six cent soixante-trois, le quatre mars, mourut en sa maison après avoir reçu les sacrements d'Eucharistie et d'extrême-onction, monsieur Guillaume Couillard, anciens habitant de ce pays et le lendemain cinquième du même mois, il a été inhumé dans l'église de l'Hôtel-Dieu de ce pays, par le clergé de cette paroisse.

Il convient de terminer cette courte esquisse biographique, par ces paroles que le poète lui adresse:

"Ta foi, ton humble labeur font ta gloire,
Tes descendants, gardent de toi, mémoire!"

A sa mort, Guillaume Couillard laissait sa famille dans une situation sociale des plus enviables. Alliés aux familles les plus influentes du Canada, jouissant des biens de la fortune, les descendants de Couillard jouèrent dans les affaires de la colonie un rôle des plus considérables.

Guillaume Couillard, en mourant, ne léguait pas seulement à ses enfants les biens périssables de la fortune, il leur laissait aussi les exemples des vertus solides et d'une vie sans reproche.

Guillaume Couillard - Marie-Guillemette Hébert
(Mariage, le 26 août 1621, à Notre-Dame de Québec)
Guillaume Couillard, fils de Guillaume et d'Elizabeth Vésin, Normandie.

Marie-Guillemette Hébert, fille de Louis et de Marie Rollet.

Les enfants:
Louise (1625) baptisée par le père LeCaron, le 30 janvier 1625 ; elle eut pour parrain le sieur Emery de Caen, et pour marraine Marie Rollet ; mariée, le 3 novembre 1637, à Olivier le Tardif 30 , interprète, commis de traite, co-seigneur de Beaupré ; inhumée à Québec, le 23 novembre 1641 ;

Marguerite (1626) baptisée par le père Charles Lalemant 31 , le 10 août 1626 ; fut tenue sur les fonts baptismaux par M. de Champlain et Marguerite Langlois épouse d'Abraham Martin ; mariée à Jean Nicolet 32 , découvreur du lac des Illinois (Michigan), le 7 octobre 1637, à l'âge de 11 ans et 2 mois 33 , puis devenue veuve à la suite de la noyade de son marie le 27 octobre 1642, se remarie à Nicolas Macard 34 , le 12 novembre 1646 ; inhumée le 20 avril 1705 ;

Louis (1629) baptisé le 18 mai 1629, par le père Joseph Le Caron. Son parrain fut Guillaume Hubou et sa marraine Marie-Françoise Langlois, épouse de Pierre Desportes. Seigneur de la Rivière-du-Sud, anobli en 1668, marié le 29 avril 1653 à Geneviève Després (sa soeur, Anne Després, épouse de Jean de Lauzon, tué par les Iroquois en 1661) ; décédé en 1678 ;

Elizabeth (1631 ) née le 9 février 1631 ; fut baptisée 35 par un Anglais, probablement le ministre, car tous les religieux étaient retournés en France. Elle eut pour parrain Louis Kertk et pour marraine la femme d'Adrien Duchesne ; mariée le 27 novembre 1645 à Jean Guyon, sieur du Buisson, fils de Jean et de Mathurine Robin, originaire du Perche. Les enfants: Marie-Madeleine (Adreien Hayot, en 1661) ; Joseph (Geneviève Couture, en 1661) ; François-Xavier (Marie Clotus, en 1683) ; Guillaume (jeanne Toupin, en 1688) ; Nicolas ; Jean-François ; Catherine-Gertrude (Denis Belleperche, en 1682) ; Marie ; Geneviève (Nicolas Doyon, en 1690) ; Charles ; Elizabeth ; Pierre (Angélique Tétu, en 1694) ; Ange. Inhumée à Château-Richer, le 5 avril 1704 ;

Marie (1633) baptisée le 28 février 1633, son parrain fut Guillaume Duplessis- Bochart et sa marraine Marguerite Langlois ; mariée le 25 novembre 1648 à François Bissot 36 , sieur de la Rivière, puis le 7 septembre 1675 à Jacques de la Lande, sieur de Guyon ; décédée en 1703 37 . Jacques de La Lande s'était retiré en France depuis six ans où les intérêts de son commerce l'appelaient. Un ans après la mort de son épouse, il revint au Canada, et au moment de partir, donna tous ses biens à Claire- Françoise Bissot, veuve de Louis Jolliet, demeurée très pauvre après la mort de son mari ;

Guillaume (1635 ) baptisée le 16 janvier 1635, eut pour parrain le Sieur Robert Giffard, seigneur de Beauport, médecin et pour marraine Hélène Desportes ; tué par les iroquois en 1660 ; célibataire ;

Madeleine (1639) baptisée le 9 août 1639, fut tenue sur les fonts baptismaux par Pierre Le Gardeur de Repentigny et par Dame Marie-Madeleine de Chauvigny de la Pelterie, fondatrice des Dames Ursulines, de Québec ;

Nicolas (1641) sieur de la Belle-Roche, fut baptisé le 6 avril 1641, Nicolas Marselet, sieur Saint-Aignan, fut son parrain ; Jacqueline Potel, épouse du sieur Jean Bourdon, Procureur-général et Ingénieur-en-chef, sa marraine ; tué par les Iroquois le 22 juin 1661 avec Jean de Lauzon, fils du quatrième gouverneur de la Nouvelle-France, Ignace Sevestre et quelques autres, en portant secours à son frère Louis, à l'Ile d'Orléans. Inhumé le 24 juin 1661, à Québec ;

Charles (1647) sieur des Islets et de Beaumont, né le 10 mai 1647, eut pour parrain Messire Charles Huault, sieur de Montmagny, chevalier, gouverneur de la Nouvelle- France et pour marraine, Marie-Madeleine Le Gardeur de Repentigny, fille de Pierre Le Gardeur et de Marie Favery. Il épouse en premières noces Marie Pasquier de Francheu, fille de Pierre et de Marie De Poitas, celle-ci est décédée le 22 juin 1685. Et en seconde noces en 1668, à Louise Couture, fille de Guillaume Couture, remarquable par son héroïsme et son martyre. Les enfants: Louis ; Philippe ; Joseph 38 (Geneviève Turgeon, le 8 août 1729) ; Charles (Madeleine Couillard-Després, St-Thomas le 20 octobre 1728) ; Marie (Charles-Alexandre Morel, le 21 février 1724). Inhumé le 7 mai 1715, à Beaumont ;

Gertrude (1648) née et baptisée le 21 septembre 1648 ; mariée le 6 février 1664 à Charles Aubert de La Chesnaye 39 , important négociant ; décédée le 18 novembre de la même année.

Notes:
  • 1- L'abbé Robson, autrefois curé de St-Thomas de Montmagny, envoya ce renseignement à l'un des membre de la famille. Nous avons trouvé sa lettre parmi d'autres vieux papiers. Mais nous n'avons pu vérifier l'exactitude.

  • 2- Greffe d'Audouard. Document conservé dans la famille Couillard

  • 3- Le mariage fut béni en présence de M. de Champlain et d'Olivier Le Tardif. Oeuvres de Champlain.

  • 4- Champlain écrit dans ses Voyages: "Depuis 22 ans qu'on est allé pour habiter et défricher à Québec, suivant l'intention de sa Majesté, les sociétés n'avaient fait déserter un arpent et demy de terre: par ainsi ostaient toute espérance pendant leur temps, de voir le boeuf sous le joug pour labourer, jusqu'à ce qu'un habitant du païss recherchast les moyens de relever de peine les hommes qui travaillaient ordinairement à bras pour labourer la terre laquelle fut entaméee avec le soc et les boeufs le 27 avril 1628, qui montre le chemin à tous ceux qui auront la volonté et le courage d'aller habiter, que la mesme facilité se peut espérer en ces lieux comme en nostre France, si l'on en veut prendre la peine et le soing." Il ne peut être question de Louis Hébert puisqu'il était mort depuis un ans. En 1628, il n'y avait que Guillaume Couillard qu'on pût appeler habitant proprement dit, parce qu'il était le seul qui fût établi sur une terre.

  • 5- Oeuvres de Champlain, vol. VI, page 164.

  • 6- L'Abbé Faillon. Histoire de la Colonie Française, II vol., page 222.

  • 7- Oeuvre de Champlain, vol. VI, page 165.

  • 8- Oeuvre de Champlain, VI vol., page 264

  • 9- Au témoignage de Champlain, seules les familles de madame Hébert et de Couillard avaient pu se maintenir sur une terre. Oeuvres de Champlain, VI vol., page 200.

  • 10- M. H. Bourassa, nos grand'mères, page 65.

  • 11- Les Anglais firent éprouver des pertes considérables à Couillard. Ils s'emparaient de son bétail et excitaient les sauvages à tuer les animaux qu'il élevait sur sa ferme. Relations 1632.

  • 12- Les Relations des Jésuites 1632.

  • 13- Louis Hébert ne compte pas de descendants qui portent son nom. Les seuls qui existent, et ils sont légions, descendent de Marie-G. Hébert, et de Guillaume Couillard, et de Marie-Françoise Hébert et de Guillaume Fournier.

  • 14- Nos grand'mères, M. Bourassa, page 56.

  • 15- Romain Becquet.

  • 16- Archives du Séminaire de Québec.

  • 17- Dans un poinçon, il y a 200 livres de castor, et la livre vendue 10 francs sans les peaux d'orignal... Le Journal de Jésuites, page 67.

  • 18- Le Journal des Jésuites.

  • 19- Ces mots sont effacés dans la copie que nous citons.

  • 20- Archives du Séminaire de Québec.

  • 21- Le Journal de Jésuites, page 68.

  • 22- Louis Couillard de Lespinay.

  • 23- Archives du Séminaire de Québec.

  • 24- Archives de Séminaire de Québec.

  • 25- L'abbé Ferland, Histoire du Canada, I vol., page 501.

  • 26- Abraham Martin vivait encore à cette époque. Ce compagnon de Guillaume Couillard mourut le 7 septembre 1664. Nicolas Marselet de St-Aignan vécut jusqu'en 1677.

  • 27- En affirmant que Couillard fut le seul colon qui demeura à Québec nous sommes d'accord avec la vérité historique. En effet, au témoignage de M. de Champlain, Couillard et sa belle-mère étaient les seuls colons proprement-dits, puisque seuls, ils étaient établis sur des terres. Il y a plus. On a dit que les familles Martin, Des Portes, Langlois et Pivert demeurèrent à Québec. Or d'après les Oeuvres de M. de Champlain, qui ont servi de preuve à Monsieur Laverdière pour établir cette hypothèse, on ne prouve qu'une chose: c'est que ces familles étaient à Québec, lors de la prise de cette place par les frères Kertk; mais, il n'existe aucune preuve convaincante que ces familles soient demeurées dans la colonie après le départ de M. de Champlain. Qu'il soit resté quelques individus; c'est fort probable. Mais des familles entières? C'est pour le moins douteux. N'ayant point de récoltes de grains à attendre - elles n'avaient pas un pouce de terre en culture - elles ont dû retourner en France, et revenir au pays, avec M. de Champlain. On sait, d'ailleurs, que dès l'année 1628, le fondateur de Québec, voyant les proportions que prenait la famine, voulut renvoyer à Gaspé plusieurs personnes, afin de les faire reconduire en France :"au nombre de ceux qui devaient retourner l'on mettait deux familles qui n'avaient pouce de terre, pour se pouvoir nourrir, étant entretenues des vivres du magasin, car tout cela ne nous servait de rien, qu'à manger nos vivres, dix personnes qu'ils étaient en ces deux familles, hormis les deux hommes qui pouvaient être employés l'un boulanger, l'autre matelot." Oeuvres de Champlain, vol VII, page 167.
    La Relation de 1636: Entrant dans le pays, nous n'y trouvasmes qu'une seule famille qui cherchait passage en France, pour y vivre selon les lois de la sainte religion...
    "De son côté, l'abbé Ferland ajoute: "Il ne paraît pas qu'à la prise de Québec par les Anglais, il y soit resté d'autres familles que celle de la veuve Hébert, remariée à Guillaume Huboust, et celle de son genre Guillaume Couillard; les deux familles habitaient la même maison. Il pourrait se faire que la famille d'Abraham Martin ne fut point retournée alors en France. Le chirurgien Adrien Duchesne, oncle de Charles LeMoine, passa alors quelque temps à Québec avec sa femme." Registre de N.-D. de Québec, l'abbé Ferland, Histoire du Canada, I vol., page 257, II vol.,page 6.

  • 28- L'an 1661, le 24 juin ont esté entérrés ensemblee dans l'Eglisse Messieurs Jean de Lauzon senéchal du pays, Nicolas Couillartt de Belleroche, aagé de 20 ansss, fils de Guillaume Couillart, ancien habitant de ce pays, et Ignace Sevestre dit Desroches, aagé de 24 anss, lequels avaient esté tuez le 22e du même moys par les Iroquois.

  • 29- Monsieur Antonio Pelletier.

  • 30- Olivier Le Tardif épouse en secondes noces Barbe Aymart, il fut inhumé au Château-Richer, le 28 janvier 1665.

  • 31- Charles Lalemant, jésuite français (Paris 1593-id. 1674), supérieur de la première mission fondée par les jésuites au Canada (1625), il dirigea ensuite la maison de Paris.

  • 32- Pour plus de renseignements, il y a un volume de l'abbé Auguste Gosselin sur "Jean Nicolet et le Canada de son temps", édité en France d'abord, puis, en 1905, à Québec. - et Sulte: "Jean Nicolet et la découverte du Wisconsin" dans La Revue Canadienne de 1910 (vol.II).

  • 33- L'un des quatre mariages contractés sous le régime français où la conjointe est âgée de moins de douze ans. C.F. l'article de Paul-André Leclerc, publié dans la Revue d'Histoire de l'Amérique Française, septembre 1959, Vol. 13, no. 2. pp. 236 et 237.
    Jean Nicolet est né à Cherbourg, vers l'année 1598. Il était le fils de Thomas et de Marguerite de Lamer. Il avait environ trente-neuf ans. Marguerite donna deux enfants à son mari: un garçon Ignace qui mourut au berceau, et une fille, Marguerite, baptisée lle 1er avril 1642 aux Trois-Rivières. Celle-ci, épousa en 1656, à l'âge de quatorze ans, Jean- Baptiste Le Gardeur, plus tard seigneur de Repentigny, à qui elle donna vingt et un enfants, dix-huit garçons et trois filles.

  • 34- Nicolas Macard, dit Champagne; il mourut en 1659, lui laissant six enfants, deux fils et quatre filles: Marie-Madeleine Macard (Charles Le Gardeur de Villiers, en 1663); Geneviève (en premières noces au sieur Charles Bazire, le plus riche marchand de Québec, en 1666 et en secondes noces au marquis d'Aloigny de la Grois.); Anne (Pierre Bécard, en 1668. Elle entra ainsi dans la famille Béquart de Granville.); Ignace; Catherine-Gertrude (Jean-Baptiste-François Deschamps, en 1672); Charles (Marie-Jeanne Gourdeau).

  • 35- Les cérémonies du baptême lui furent supplées en 1633 par le Père Jean de Bréboeuf.

  • 36- A sa mort, qui arriva en 1673, il laissait à ses héritiers une fortune considérable. Il fut inhumé à Québec, le 26 juillet 1678. Douze enfants sont nés de son mariage à Marie Couillard: Jean-François; Louise (Séraphin Margane, en 1668)Geneviève (Louis Maheu, en 1673); Catherine (Etienne Charest, en 1670); Claire Françoise (Louis Jolliet, le célèbre découvreur du Mississipi, Québec 1675). Ils eurent sept enfants parmi lesquels: Charles, baptisé le 12 juin 1678, (Jeanne Lemelin, en 1700); Jean-Baptiste, né le 1 mai 1683, (Marie Mars, le 11 septembre 1708. Leur fille, Anne Jolliet, épousa le 27 août 1642, Jean Taché, ancêtre de Mgr Alexandre-Antoine Taché, évêque de St-Boniface; Claire, née le 7 mars 1685, (Joseph Fleury, le 11 mai 1702. Ils eurent 17 enfants, dont Marie-Claire, baptisée le 28 avril 1708, (Jacques-Thomas Taschereau, le 17 janvier 1728. Celui-ci est l'ancêtre de Son Eminence le Cardinal Taschereau; Marie (Claude Porlier, en 1682); Guillaume; Charles-François (Anne-Françoise Forestier, en 1699) Charlotte (Pierre Bécac, en 1686); Jean-Baptiste (Marguerite Forestier, en 1696) . Il fut le plus remarquable des enfants. Il fut baptisé le 21 janvier 1668, et eut pour parrain Jean Talon, Intendant de la Nouvelle-France, et pour marraine, sa grand'mère, Marie-Guillemette Hébert. Jean-Baptiste Bissot de Vincennes fut envoyé tout jeune encore dans les pays de l'Ouest. Il établit un fort sur la rivière Wabash, c'est là qu'il mourut. Il a l'honneur d'avoir laissé son nom à cet endroit qu'on appelle aujourd'hui la ville de Vincennes; Jeanne (Philippe Clément, en 1687); François-Joseph (Marie Lambert, en 1698). Claire-Françoise, fille de François Bissot et de Marie Couillard, épousa Louis Jolliet, le célèbre découvreur du Mississipi.

  • 37- Elle mourut à St-Pierre, sur l'île d'Orléans. " L'an 1703, le 23 juin, a été inhumée par moi, soussigné, prêtre, dans le cimetière de cette paroisse, Marie Couillard, âgée d'environ 76 ans, laquelle est morte le 22 juin, après avoir reçu les trois derniers sacrements; ont assisté à son enterrement: Marie Ursule Bissot, sa fille, femme de M. Gourdeau, Françoise Bissot, femme de feu M. Jolliet, le sieur Jean Charest, son petit-fils lesquels ont signé avec moi. Dauric, ptre."

  • 38- Les enfants: Geneviève, Joseph, Charles, Marie-Geneviève, Marguerite, Joseph, Marie- Louise, Marie-Joseph, Cécile, Marie-Joseph, et Marie-Françoise.

  • 39- Il devenait le beau-frère de Louis Couillard de Lespinay. L'alliance lui donne l'accès à la seigneurie de L'île Rouge et de la rivière du Saumon. Quatre ans après la mort de sa femme, il épousait, le 10 janvier 1668, Marie-Louise Juchereau de la Ferté, fille de Jean et de Marie Giffard. En récompense des innombrables services rendus à la Nouvelle-France, il fut ennobli par Louis XV, en 1695. Décédé le 20 septembre 1702. Il était doué du génie des affaires et de l'organisation. Son tempérament d'un magnat de la finance se mèlaient chez lui les appirations d'un bourgeaois pieux et austèere de la France du XVII siècle.

Copyright © 2005: JOURNAL GASPESIA / Gérard Donaldson