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DOSSIER : la traduction dans l'audiovisuel (Juillet 1998)

 

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Le cinéma pour les aveugles : traduire les images

Article de Maryvonne Simoneau-Joërg, professeur à l'ESIT.

C'est en 1989 que l'Association Valentin Haüy commença à s'intéresser au développement de l'audiovision, transcodage du terme américain Audio Vision, procédé né à l'Université de San Francisco dont Auguste Coppola était le Doyen. Cet illustre philosophe, frère du réalisateur Francis Ford Coppola, a voulu que la France soit le premier pays d'Europe à promouvoir cette technique. Pour ce faire, il fallait former des descripteurs et c'est dans le cadre de cette formation que je suis allée à l'Université de San Francisco accompagnée de deux étudiants français.

Nous vivons dans un environnement culturel où l'image s'impose à tous les niveaux : l'information, l’enseignement, les loisirs... De ce fait, les handicapés visuels sont les premiers demandeurs de description et sollicitent les personnes de leur entourage, mais faute d'avoir été préparées, les descriptions risquent de comporter des lacunes importantes et d'être par là même réductrices. L'élaboration d'une méthode rigoureuse s'est donc avérée nécessaire.

A l'instar du traducteur qui effectue un transfert de culture d'une langue à une autre, le descripteur, ou traducteur d'images, fait passer le message visuel à travers un discours dont l'objectif est de créer des images.

De même que tout peut être traduit d'une langue vers une autre, tout peut être décrit, seuls les outils changent.

La méthode passe par quatre étapes essentielles :

=> L'analyse du message.

=> Le sens du message.

=> Le choix des éléments pertinents à décrire pour être fidèle au sens.

=> La réexpression, c'est-à-dire l'élaboration du texte descriptif. Cette dernière opération suppose certaines contraintes qu'il est impératif de respecter :

- la clarté de l'expression : travail sur la langue ;

- la conclusion : élément essentiel à l'efficacité du discours ;

- la précision terminologique : résultante d'une recherche documentaire approfondie et d'une exploitation lexicale rigoureuse.

Décrire un film ou une pièce de théâtre, c'est donner accès au déroulement de l'action, au caractère des personnages, c'est définir les lieux, les situations et c'est aussi exprimer l'humeur et le mouvement de l'œuvre .

Au delà de l'explicite, il faut faire passer l'implicite, en d'autres termes exprimer la charge émotionnelle voulue par l'auteur et les comédiens. Le rôle du descripteur est bien de permettre au récepteur aveugle d'éprouver les mêmes sensations et émotions que le spectateur voyant. Pour y parvenir, il doit rester objectif et se garder de projeter ses émotions propres.

Le procédé Audiovision sous-titré " entendre pour voir " consiste à incruster la description entre les dialogues du film. En d'autres termes, il s'agit d'insérer dans les espaces libres l'information nécessaire à la compréhension du message : expressions des personnages, costumes, décors, mobiliers, paysages. On reconstruit verbalement les ambiances, on interprète la gestuelle des protagonistes, on adapte le niveau du langage descriptif au niveau du langage visuel (la description est couplée avec la bande-son du film et diffusée au moyen d'écouteurs individuels).

Depuis 1989, le procédé Audiovision s'est implanté dans plusieurs domaines grâce à la volonté de l'Association Valentin Haüy. A ce jour, 40 000 aveugles l'ont déjà expérimenté grâce à un matériel mobile qui permet de présenter les spectacles et les films dans la France entière.

Quarante films ont été décrits, de nombreuses pièces de théâtre ont été représentées décrites à Paris, Lyon, Marseille, Nice, Grenoble...

La télévision, notamment la Cinquième chaîne, a diffusé les Enfants du Paradis avec sa description en décembre 1995 et envisage de développer des programmes décrits pour les déficients visuels.

Des salles de cinéma se sont aussi équipées pour projeter des films décrits en exclusivité. Quant aux musées, ils sont très conscients de l'apport culturel que représente leur accès pour les déficients visuels mais beaucoup reste à faire dans ce domaine.

© Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.

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