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DOSSIER : l'interprétation (Mai 1999)

 

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Il y a presque 40 ans...

Article de K. Déjean Le Féal, membre AAE-ESIT.

...lorsque, mon diplôme d'interprète de conférence en poche, je me lançai dans la vie professionnelle, le monde des réunions internationales du secteur privé était à la fois plus accueillant et plus étincelant qu'il ne l'est aujourd'hui.

Accueillant, car à l'époque, l'interprète – quelle que fût sa combinaison linguistique – était encore une denrée rare alors qu’on l’estimait indispensable. Par conséquent, pour peu qu'il ne soit pas franchement incompétent, il se voyait très vite adopté comme un des leurs par les participants aux réunions.

Le fait que bon nombre de celles-ci étaient encore interprétées en consécutive y était aussi pour beaucoup, puisque ce mode d'interprétation est incontestablement plus propice aux contacts humains que la simultanée, ne serait-ce que parce que l'interprète se trouve dans la même salle que les délégués. En outre, la consécutive a l'avantage pour l'interprète de pouvoir pleinement s'intégrer dans le processus de communication. Il lui suffit même le plus souvent de fixer l'intervenant du regard (tout en prenant des notes) pour que celui-ci fasse de lui son interlocuteur privilégié, dont le moindre froncement de sourcils l'amènera à ajouter une précision par-ci, une petite explication par-là, bref, juste ce qu'il faut pour dissiper un doute ou provoquer un déclic. Cette sorte de coopération – voire de complicité – entre locuteurs et interprète n'existe qu'en consécutive : elle est évidemment un gage d'efficacité de la communication multilingue, mais aussi de longévité des rapports professionnels.

Dans ces conditions, il allait de soi pour les associations d'emmener leurs interprètes attitrés dans le monde entier, d'autant plus que personne n'osait prendre le moindre risque en matière d'interprétation puisque le succès de la rencontre en dépendait. Il est vrai aussi que l'on ne trouvait que peu d'interprètes en dehors des grandes villes de conférence traditionnelles, telles que Paris, Londres et Genève. Les beaux voyages étaient donc fréquents et l'accueil toujours royal, car à l'époque ceux qui invitaient cherchaient à se surpasser mutuellement en hospitalité et en ingéniosité. Le plus beau était sans doute l'authenticité de la volonté de rapprochement qui animait les participants et qui semble avoir été supplantée au fil des années par une lassitude un tantinet blasée.

Certes tout est relatif. Ce monde d'autrefois n'a pas complètement disparu. Il est seulement de plus en plus éclipsé par un nouveau monde peuplé d'organisateurs de conférences professionnels et "d'industries des langues". Dans ce monde, l'interprète, considéré comme sous-traitant, passe son temps à répondre aux appels d'offre, conscient que l'on ne retiendra ses services que s'il se révèle être le mieux offrant, et encore à condition que son équipe ne coûte pas plus cher que le cocktail de bienvenue ou d'adieu offert aux délégués. Sinon il verra le régime linguistique raboté, voire l'interprétation purement et simplement supprimée. De toute manière, à l'heure de la mondialisation, ce service tend à être perçu comme un anachronisme, une bouée jetée par charité aux quelques naufragés de la course au tout anglais. Quand ces malheureux auront pris leur retraite, il y a fort à parier que l'interprétation de conférence ne se pratiquera plus guère que dans le secteur institutionnel. Pendant combien de temps encore? Espérons pour longtemps, car même réduite à sa plus simple expression, l'interprétation reste un beau métier.

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