• Nombre de spectateurs attendus dans les stades en Corée et au Japon: 3.100.000 * pour 64 matches / moyenne: 48.500 spectateurs par match
  (France 98:   3.000.000 pour 64 matches / moyenne: 47.000   -   USA 94:   3.600.000 pour 52 matches / moyenne: 69.000)
  
  * Chiffre tout à fait théorique quand on sait que de nombreux matches du Mondial se déroulent devant des milliers de sièges vides.



• Nombre de téléspectateurs prévus (chiffres cumulés):  40 milliards ** (France 98:   37 milliards   -   USA 94:   32 milliards).
  En France, TF1 diffusera 56 des 64 matches, dont tous ceux des Bleus. Eurosport retransmettra les huit matches restants.
  
  ** Il s'agit de prévisions officielles, probablement trop optimistes. En fait, les sommes exorbitantes exigées pour les droits de retransmission font que les téléspectateurs de nombreux pays ne pourront voir librement qu'une petite partie des matches.

• Pour la première fois au Mondial: le Sénégal, la Slovénie, la Chine et l'Equateur (jusqu'en 1990 les joueurs slovènes étaient intégrés à l'équipe de Yougoslavie; c'est leur première participation en phase finale en tant qu'équipe indépendante).



• Les revenants (qualifiés de 2002 absents en 1998, mais déjà présents au Mondial avant cette date): l'Uruguay, la Turquie, le Costa-Rica, la Pologne, le Portugal, l'Irlande, la Suède et la Russie.



• Tous les champions du monde sont présents (la France, le Brésil, l'Allemagne, l'Argentine, l'Italie, l'Angleterre et l'Uruguay).



• Record de participation: le Brésil n'a pas manqué une seule des 17 coupes du monde depuis 1930. L'Allemagne et l'Italie ont chacune 15 participations à leur actif, l'Argentine 13 (les Argentins sont-ils superstitieux ?), le Mexique 12, la France, la Belgique, l'Espagne et l'Angleterre 11 chacune.



• La Belgique bat un autre record: de 1982 à 2002, six participations consécutives sans aucune qualification automatique.



• Un absent remarqué: les Pays-Bas (2ème place en 1974 et 1978, 4ème place en 1998). L'équipe orange a raté sa qualification au profit du Portugal et de l'Irlande (groupe 2 des éliminatoires de la zone UEFA).



• Un absent moins remarqué: l'Australie. La meilleure équipe d'Océanie (31:0 - trente et un à zéro - contre les Samoa Américaines) n'a pas réussi à battre l'Uruguay (5ème de la zone CONMEBOL) dans les barrages intercontinentaux imposés par la FIFA. Il serait grand temps d'accorder à l'OFC une place ferme dans le tournoi final. Les Socceroos ne sont certainement pas plus mauvais que bon nombre de qualifiés 2002.



• Qualifiés de 1998 absents en 2002: outre les Pays-Bas mentionnés plus haut, l'Ecosse, le Maroc, la Norvège, le Chili, l'Autriche, la Bulgarie, la Yougoslavie, l'Iran, la Roumanie, la Colombie et les Reggae Boyz de la Jamaïque.

(Photo AFP - février 2002)

• Le plus jeune: Femi Opabunmi (Nigeria) - 17 ans et 3 mois
  (Djibril Cissé - 20 ans- est le plus jeune des Bleus)



• Les plus âgés: Jan Heintze (Danemark) - 38 ans et 9 mois  /  David Seaman (Angleterre) - 38 ans et 8 mois
  (Frank Leboeuf - 34 ans- est le plus âgé des Bleus)



• Le plus grand: le gardien Jiang Jin (Chine) - 1,98 m
  (Patrick Vieira - 1,91 m - est le plus grand des Bleus)



• Le plus petit: Mohammed Al-Shlhoub (Arabie Saoudite) - 1,63 m; suivi de Juninho Paulista (Brésil) - 1,65 m
  (Bixente Lizarazu - 1,69 m - est le plus petit des Bleus)



• Le record de sélections en équipe nationale: Mohammed Al-Deayea (Arabie Saoudite) avec le record absolu de 171 sélections
  (Le record français est détenu par Marcel Desailly: 96 sélections)



• Autres membres du "club des centenaires":
  A la veille du Mondial, les joueurs suivants comptaient déjà plus de 100 sélections: Cobi Jones et Jeff Agoos (USA), Sami Al-Jaber et Abdullah Suliman Zubromawi (Arabie Saoudite), Hong Myung-Bo (Corée), Jorge Campos et Alberto García Aspe (Mexique), Paolo Maldini (Italie), Fan Zhiyi (Chine), Diego Simeone (Argentine) et Marcos Cafu (Brésil).
  Steve Staunton (Irlande) s'est joint à eux le 5 juin, Victor Onopko (Russie) et Joe-Max Moore (USA) le 14 juin, Hwang Sun-Hong (Corée) le 25 juin.



• Joueur ayant le plus grand nombre de buts à son actif à la veille du Mondial 2002: Gabriel Batistuta (Argentine) - 55 buts
  (Le record des Bleus est détenu par Youri Djorkaeff avec 28 buts)



• La vedette du Mondial 2002: Ronaldo (Brésil)
  
  

• Le plus jeune: Srecko Katanec (Slovénie) - 38 ans



• Le doyen: l'Italien Cesare Maldini, sélectionneur du Paraguay - 70 ans.
  (Roger Lemerre, le sélectionneur français, a 60 ans.)



• Le plus "cosmopolite": le Yougoslave Bora Milutinovic (prononcez "Miloutinovitch") entraîne l'équipe nationale chinoise en 2002. Après 1986 (Mexique), 1990 (Costa-Rica), 1994 (Etats-Unis) et 1998 (Nigeria), c'est la cinquième fois consécutive qu'il participe à la Coupe du Monde en tant que sélectionneur. Jusqu'à présent, il a toujours su mener son équipe du moment en huitièmes de finale. En 2002, cependant, les espoirs chinois ont été déçus. L'équipe, dont c'était le premier Mondial, n'a pu se qualifier pour le second tour - ou comme dirait l'autre, c'est tintin pour l'équipe à Milou.



• Les conflits entraîneur-meneur de jeu:
  L'Irlande (McCarthy-Roy Keane) et la Slovénie (Katanec-Zahovic)
  nous montrent ce qui arrive quand une star du ballon rond critique un peu trop vivement son sélectionneur, seul maître à bord après Dieu.



• Démissionnaires et démissionnés:
  Srecko Katanec (Slovénie), Oleg Romantsev (Russie), Javier Aguirre (Mexique), Victor Púa (Uruguay), Bora Milutinovic (Chine), Nasser Al-Johar (Arabie Saoudite), Mirko Jozic (Croatie), José Antonio Camacho (Espagne).



• En sursis:
  Roger Lemerre (France), Giovanni Trapattoni (Italie), Jerzy Engel (Pologne).



• Quittent leur poste comme prévu:
  Robert Waseige (Belgique), Philippe Troussier (Japon).



• Les nouveaux dieux:
  Guus Hiddink (Corée), Bruno Metsu (Sénégal), Senol Günes (Turquie)



• "Ein'n Rudi Völler, es gibt nur ein'n Rudi Völler..."
  Un Rudi Völler, il n'y a qu'un Rudi Völler... - c'est ce que les fans allemands chantent sur l'air de Guantanamera.
  Embauché comme sélectionneur à titre provisoire il y a un an et demi, Völler est devenu l'homme le plus populaire d'Allemagne, malgré la défaite face au Brésil.

• Meilleures performances:
  
  • Le Sénégal, nouveau venu au Mondial, bat le champion du monde en titre (Sénégal-France 1:0 - match d'ouverture, 31 mai à Séoul) et va ensuite jusqu'en quart de finale
  • L'Allemagne débute en beauté en écrasant l'Arabie Saoudite 8:0 (1er juin à Sapporo) et termine finaliste
  • Meilleur bilan: le Brésil (7 matches gagnés sur 7, 18 buts marqués, 4 buts encaissés)
  
  
• Plus mauvaise performance:
  Les Bleus, détenteurs du titre, sont éliminés au premier tour (2 défaites, 1 match nul, aucun match gagné - 3 buts encaissés, aucun but marqué): du jamais vu au Mondial. Petite consolation: l'Arabie Saoudite quitte le Japon avec un bilan plus modeste encore (3 défaites, 12 buts encaissés, aucun but marqué), de même que la Chine (3 défaites, 9 buts encaissés, aucun but marqué)
  
  
• Première équipe qualifiée pour le second tour:
  L'Espagne (groupe B, le 7 juin)
  
  
• Première équipe éliminée du tournoi:
  L'Arabie Saoudite (groupe E, le 6 juin)
  
  
• Champions du monde éliminés dès le premier tour:
  France, Uruguay, Argentine (3 sur 7). Un 4ème champion - l'Italie - a été éliminé en huitième de finale.
  
  
• Double rencontre:
  Deux fois Brésil- Turquie en l'espace de quelques semaines (le 3 juin dans le groupe C, le 26 juin en demi-finale). Deux fois le Brésil l'emporte par un but d'écart.
  
  
• Troisième finale consécutive:
  Après 1994 (victoire après tirs au but contre l'Italie) et 1998 (défaite face à la France), le Brésil est de nouveau en finale, cette fois avec une nette victoire contre l'Allemagne.
  
  
• Le Brésil quintuple champion:
  1958, 1962, 1970, 1994 et 2002.

• Le tout premier but du tournoi:
  marqué par Pape Bouba Diop (Sénégal) à la 30ème minute du match d'ouverture France-Sénégal, le 31 mai à Séoul



• Le dernier but du tournoi: marqué par Ronaldo (Brésil) à la 79ème minute de la finale contre l'Allemagne. le 30 juin à Yokohama



• Ne perdons pas de temps:
  11 secondes seulement après le coup d'envoi, l'attaquant turc Hakan Sükür marque le premier but du match pour la troisième place contre la Corée (le 29 juin à Taegu)



• Buts en or:
  - Henri Camara (Sénégal) le 16 juin contre la Suède (1/8 de finale)
  - Ahn Jung-Hwan (Corée) le 18 juin contre l'Italie (1/8 de finale)
  - Ilhan Mansiz (Turquie) le 22 juin contre le Sénégal (1/4 de finale)



• Les meilleurs buteurs:
  
  • 8 buts: Ronaldo (Brésil)
  • 5 buts: Miroslav Klose (Allemagne), Rivaldo (Brésil)
  • 4 buts: Jon Dahl Tomasson (Danemark), Christian Vieri (Italie)
  • 3 buts: Pauleta (Portugal), Pape Bouba Diop (Sénégal), Raúl (Espagne), Marc Wilmots (Belgique), Fernando Morientes (Espagne), Michael Ballack (Allemagne), Ilhan Mansiz (Turquie), Robbie Keane (Irlande) 3 buts + 1 t.a.b. réussi
  • 2 buts: Henrik Larsson (Suède), Junichi Inamoto (Japon), Nelson Cuevas (Paraguay), Ronald Gómez (Costa-Rica), Hasan Sas (Turquie), Jared Borgetti (Mexique), Henri Camara (Sénégal), Brian McBride (USA), Landon Donovan (USA), Ümit Davala (Turquie), Ronaldinho (Brésil), Michael Owen (Angleterre), Fernando Hierro (Espagne) 2 buts + 2 t.a.b. réussis, Ahn Jung-Hwan (Corée) 2 buts + 1 t.a.b. réussi


• Le meilleur score:
  8:0 (Allemagne-Arabie Saoudite, 1er juin, groupe E)



• Les 0-0:
  France-Uruguay (6 juin, 1er tour, groupe A), Nigeria-Angleterre (12 juin, 1er tour, groupe F)
  Espagne-Corée (22 juin, 1/4 de finale, après prolongations)



• Le plus grand nombre de buts marqués au cours d'un même match:
  8 (Allemagne-Arabie Saoudite, 1er juin, groupe E)



• Le bilan général:
  du 31 mai au 30 juin: 161 buts en 64 matches (moyenne: 2,52 buts par match) + 13 tirs au but réussis

• Cartons jaunes: 246



• Cartons rouges: 17



• Les enragés du carton:
  le 11 juin à Suwon, au cours du match Sénégal-Uruguay, l'arbitre hollandais Wegereef distribue 11 cartons jaunes. Le même jour à Shizuoka (match Cameroun-Allemagne), son collègue espagnol Nieto décide de battre ce record et parvient à un total de 12 jaunes et 2 rouges. Le 17 juin, malgré beaucoup de bonne volonté, le Portugais Pereira n'arrive qu'à 10 jaunes + 1 rouge - espérons pour lui qu'il fera mieux la prochaine fois.



• Penalties: 12

• L'effondrement de la France
• L'élimination prématurée de plusieurs autres favoris: Argentine, Italie, Portugal, Angleterre, Croatie, Espagne
• Le retour en force d'une équipe donnée pour morte: l'Allemagne
• Les excellentes performances des outsiders et underdogs: Corée du Sud, Turquie, Sénégal, USA
• Des demi-finales inattendues: Allemagne-Corée et Brésil-Turquie - alors que le sentiment général était que trois de ces quatre équipes seraient éliminées bien avant d'en arriver là.

Lucien Laurent (94 ans)
a marqué le tout premier but de l'histoire de la Coupe du Monde
(le 13 juillet 1930 à Montevideo - France-Mexique 4:0)


On aurait eu besoin de lui en 2002
(Photo AFP)

Sur cette page:   Tableau    Record et performances      

• KEANE, MC CARTHY ET LA FAI  -  LE SCANDALE DE SAIPAN:
  
  Huit jours avant l'ouverture du tournoi, la sélection irlandaise se trouve en "stage d'entraînement" à Saipan (une île de l'archipel des Mariannes, dans le nord-ouest du Pacifique, à quelques 3000 kilomètres du Japon). Tout le monde se demande pourquoi la fédération irlandaise FAI a choisi cet endroit isolé - à coup sûr, quelqu'un doit y trouver son compte.
  
  Le vol a été long (17 heures) et laborieux (correspondances à Amsterdam et Tokyo). Tandis que le sélectionneur Mick McCarthy et les pontes de la FAI se prélassent en première classe en sirotant leur champagne, les joueurs doivent se contenter de l'inconfort de la classe touriste. Rien n'a été fait pour faciliter le déroulement du voyage et limiter les excès des journalistes à l'affût dans les aéroports. A l'arrivée, l'équipement n'est pas là. Il aurait dû être expédié à l'avance; la FAI a oublié de faire le nécessaire. Le terrain d'entraînement est si mauvais, que l'équipe pourrait aussi bien s'exercer sur le parking voisin.
  
  Roy Keane, meilleur joueur irlandais et capitaine *, a souvent mis en garde contre l'insuffisance des moyens mis à la disposition de l'équipe nationale, et protesté contre le manque de professionnalisme des responsables - en vain. A Saipan, la coupe est pleine. Keane, qui a son franc-parler, apostrophe le sélectionneur en présence de toute l'équipe. Puisque personne en haut lieu ne prend au sérieux la préparation des joueurs, on va droit à l'échec ("If you fail to prepare, prepare to fail").
  
  Une hostilité de longue date oppose McCarthy à Keane, qui met en doute la compétence de l'entraîneur. Quoi qu'il en soit, à la suite de ce crime de lèse-autorité commis en public, McCarthy, soutenu par ses amis de la FAI, exclut Roy Keane de la sélection nationale. Comme il est trop tard pour nommer un autre joueur à sa place (la FIFA n'accepte les changements de dernière heure qu'en cas de blessure grave), les Irlandais n'auront que 22 hommes.
  
  Cet incident dévoile la stupidité de certains cercles dirigeants du football, qui préfèrent renoncer à leur meilleur atout pour préserver l'amour-propre et les privilèges de quelques incapables. Qui ne respecte pas le mérite, ne mérite pas le respect.
  
  Les 22 joueurs restants, eux, condamnent leur ex-capitaine et font acte d'allégeance au sélectionneur et à la fédération. Unanimes contre le dissident - comme en Russie, sous Brejnev. Belle équipe...
  
  ----------------------------------------------
  * La FIFA écrit le 24 mai: "S'il est un joueur au monde qui est indispensable à son équipe, c'est bien l'Irlandais Roy Keane. Primo parce qu'il est l'un des milieux de terrain les plus complets de la planète, chose loin d'être négligeable pour la République d'Irlande. Secundo parce qu'il est l'âme de cette sélection, dont la qualité première est son légendaire 'fighting spirit'.
  
  
  P.S.: l'Irlande s'étant néanmoins qualifiée pour le second tour, McCarthy et la FAI jubilent - ce qui évidemment ne change rien au fond de l'affaire. Quelques jours plus tard, le 16 juin, ils doivent déchanter après que l'Espagne les ait éliminés en huitièmes de finale.





• KATANEC ET ZAHOVIC  -  LA SLOVÉNIE IMITE L'IRLANDE:
  
  Srecko Katanec, le plus jeune sélectionneur du Mondial 2002 (38 ans) est un homme autoritaire. Il aime que ses joueurs lui obéissent au doigt et à l'oeil; il les choisit en conséquence. Il exige discipline et soumission et rejette toute forme d'individualisme de la part de ses subordonnés.
  
  Avec Zlatko Zahovic ("ZZ"), il éprouve quelques difficultés à imposer son style rigide et intolérant. ZZ (31 ans) est la vedette de l'équipe slovène et l'idole de son pays - un Zidane national, en quelque sorte. C'est grâce à lui que la Slovénie, après avoir participé à l'EURO 2000, est présente en phase finale du Mondial 2002. Cette popularité personnelle n'incite guère le Golden Boy (c'est un peu ce que signifie le prénom Zlatko) à se plier aux exigences dictatoriales d'un entraîneur à peine plus âgé que lui. Le torchon brûle entre les deux hommes, et plus d'une fois ils en seraient presque venus aux mains. De toute évidence, l'un d'eux est de trop dans cette équipe.
  
  Le "big bang" se produit le 2 juin, à l'occasion du match Espagne-Slovénie que l'équipe espagnole remporte par 3 buts à 1. Remplacé au bout d'une heure de jeu, Zahovic a des mots avec l'entraîneur. Ce n'est pas la première fois, mais ce sera sans doute la dernière.
  
  La fédération de football de Slovénie, plus consciente de ce qu'elle risque de perdre que son homologue irlandaise, tente de réconcilier les deux hommes - peine perdue. ZZ présente des excuses à l'entraîneur mais réitère les critiques de fond qu'il lui a adressées.
  
  C'en est trop pour Katanec, dont la dureté envers autrui cache un ego hyper-sensible. Au cours d'une conférence de presse, les journalistes ébahis voient un sélectionneur en larmes leur annoncer qu'il démissionnera à l'issue du Mondial.
  
  Le 6 juin, sans plus de détails, on apprend que Zahovic est exclu de la sélection slovène. Les 22 joueurs restants, s'inspirant de leurs collègues irlandais, dénoncent le comportement de Zlatko et serrent les rangs derrière leur pauvre entraîneur humilié. A la bonne heure...
  
  Le 8 juin, l'équipe slovène perd son deuxième match (contre l'Afrique du Sud); elle ne participera donc pas au second tour. Dépité, Katanec se réfugie dans les tribunes avant la fin de la partie.  Le monde du foot pleure pour lui et avec lui...





• DIEGO MARADONA INDESIRABLE AU JAPON:
  
  Pour les autorités japonaises, l'ancien joueur argentin n'est pas une gloire du football mondial, mais un dangereux criminel. Pour l'empêcher de déverser des tonnes de cocaïne sur l'innocente société nippone, on lui interdit l'entrée du pays. Il ne sera donc pas sur place pour encourager ses compatriotes, mais devra se contenter de les applaudir depuis la Corée voisine.





• PAS D'EXCEPTION:
  
  Dans son pays, en revanche, Diego est fêté comme un dieu. La fédération de foot, pour lui rendre hommage, voulait même retirer du circuit le fameux numéro 10 qu'il a porté avec tant de succès. La FIFA - qui, comme chacun sait, aime tout ce qui est net, parfait et correct - a bien entendu refusé. Où irait-on si on commençait à autoriser tous les caprices de ce genre ? Les gens finiraient par vouloir supprimer les manches des maillots. Horreur !...





• SIEGES VIDES:
  
  Tandis que de nombreux supporters n'ont pu obtenir de billets pour leur match favori, ou à défaut pour n'importe quelle autre rencontre, des dizaines de milliers de places restent vides dans les stades: 15.000 sur 43.000 à Kwangju lors du match Espagne-Slovénie le 2 juin; 19.000 à Niigata et Sapporo le 1er juin (Irlande-Cameroun et Allemagne-Arabie Saoudite) et même 3.500 lors du match d'ouverture (source: AP).
  
  Le 3 juin, les stades de Niigata (43.000 places) et d'Ulsan (44.000 places) n'accueillent que 32.000 spectateurs chacun; celui de Sapporo (42.000 places) en reçoit 35.000. Même chose pour le match Japon-Belgique, le 4 juin à Saitama: 55.000 spectateurs pour 64.000 places.
  
  Et ce petit jeu se répète de jour en jour et de match en match, à quelques exceptions près: Corée-Pologne (le 4 juin à Pusan), Argentine-Angleterre (le 7 juin à Sapporo), Japon-Russie (le 9 juin à Yokohama), Portugal-Corée (le 14 juin à Inchon), Corée-Italie (le 18 juin à Taejon), Corée-Espagne (le 22 juin à Kwangju), Allemagne-Corée (le 25 juin à Séoul), Corée-Turquie (le 29 juin à Taegu) et Allemagne-Brésil (le 30 juin à Yokohama).
  
  Ce phénomène - ou plutôt ce scandale - des sièges vides se reproduit d'une façon ou d'une autre lors de chaque Coupe du Monde, mais cette fois tous les records sont largement battus. A une mauvaise organisation et à un système déficient, vient s'ajouter le problème des billets "réservés". En effet, une partie seulement des tickets disponibles est réellement mise en vente. Le reste est distribué à divers groupes ou individus privilégiés souvent étrangers au sport, pour qui le Mondial est avant tout un support publicitaire ou un outil de relations publiques. Au gré de leur humeur, ces gens-là utilisent le contingent qui leur est alloué ou ne l'utilisent pas.
  
  Avant chaque nouveau Mondial, les organisateurs promettent une réforme radicale pour éviter le renouvellement des incohérences passées, mais chaque fois, la situation empire.
  
  Seule consolation en 2002: Coréens et Japonais semblent avoir résolu le problème des faux billets.





• DES SUPPORTERS QUI N'EN SONT PAS:
  
  L'intérêt porté au football en Corée et au Japon est un phénomène relativement récent. Un peu comme aux Etats-Unis en 1994, l'organisation de la Coupe par ces deux pays asiatiques est due davantage à des mobiles économiques et financiers qu'à des motifs purement sportifs.
  
  Connaissant leur public, les initiateurs du Mondial 2002 redoutaient donc un manque de spectateurs locaux. Compte tenu de l'éloignement et du niveau élevé des prix, surtout au Japon, il ne fallait pas non plus tabler sur un afflux massif de touristes étrangers pour compenser ce déficit. Que faire dans ces conditions ?
  
  Les organisateurs coréens et japonais ont engagé une vaste campagne afin de susciter l'intérêt qui faisait défaut au sein de leur population, particulièrement parmi les jeunes. Des centaines de milliers d'écoliers, de lycéens et d'adultes membres d'associations diverses ont été mobilisés pour simuler cet enthousiasme qui existe de façon tout à fait naturelle en Europe, en Amérique du Sud ou en Afrique. Des classes entières ont été affectées au supporting de telle ou telle formation, dont les enfants ignoraient l'existence quelques mois auparavant. Les équipes étrangères étonnées ont ainsi été accueillies à la sortie des aéroports ou devant leurs hôtels. Des Turcs ou des Costa-Ricains ébahis découvraient subitement qu'ils avaient des fans en Extrême-Orient, chose qu'ils ignoraient complètement jusqu'alors, et pour cause.
  
  On peut penser que la rigidité de la discipline régnant généralement dans les sociétés coréenne et japonaise a fait accueillir avec joie ces activités sortant du cadre habituel. Pour parfaire le tableau, des claqueurs rémunérés ont été engagés pour rehausser l'ambiance à l'intérieur des stades.
  
       
  " C'est qui déjà, notre équipe ?... "
  Spectacle assez déroutant pour l'observateur des vieux pays du foot - un peu comme si, en 1998, des Français avaient agité des drapeaux bulgares, écossais ou jamaïcains dans les stades et dans les rues des villes de France. De là à conclure que ces Japonais et ces Coréens n'ont vraiment rien compris au b-a-ba du foot, il n'y a qu'un pas, que certains n'hésitent pas à franchir.
  
  Entre-temps, cependant, cet enthousiasme d'opérette semble avoir fait place à de l'enthousiasme réel - du moins en Corée, depuis que l'équipe nationale a atteint les quarts, puis la demi-finale.
  
  Quoi qu'il en soit, tandis que les stades restent en partie vides (voir plus haut) ou sont remplis de figurants, le véritable supporter qui n'a pu obtenir de billet pour son match favori - pas même au marché noir - doit maudire les organisateurs.





• L'ARBITRAGE:
  
  Il est difficile de satisfaire tout le monde, surtout en matière d'arbitrage. Mais pour un arbitre, la tentation est parfois grande d'abuser du pouvoir discrétionnaire que lui confère le règlement. Marquer un peu de son empreinte une rencontre de la Coupe du Monde, n'est-ce pas grisant ?
  
  Selon son caractère ou son humeur, le "juge suprême" du moment peut se lancer dans une orgie punitive ou faire preuve de retenue. Selon ses préférences, il peut pénaliser telle équipe ou fermer les yeux sur les fautes de telle autre. Les exemples ne manquent pas au Mondial 2002: du record Guinness de Nieto (12 cartons jaunes + 2 rouges) au but belge non reconnu lors du match contre le Brésil, en passant par l'expulsion de Thierry Henry, l'ostracisme anti-italien ou anti-espagnol et l'acharnement contre certaines petites équipes.
  
  En 2002, il n'est toujours pas permis de récuser un arbitre connu pour son parti-pris ou de recourir au témoignage vidéo pour corriger une décision injuste ou erronée.
  
  Pour le journaliste sportif François Thébaud, cette situation n'est pas fortuite. Dans certains cas, elle permet à la FIFA de mettre sur le compte de "l'erreur humaine" des choix dictés de l'extérieur. Thébaud écrivait en 1998: "Les arbitres de la Coupe du Monde sont sélectionnés sur la base de critères rigoureux dont le plus important (et le plus secret) est la faculté de comprendre le rapport des forces extérieures au jeu dans les rencontres touchant au prestige ou aux intérêts politiques de certaines nations." Le journaliste citait quelques cas troublants d'arbitrage manipulé, comme celui ayant conduit à la victoire allemande de 1954 ou à la victoire de l'Argentine sur l'Angleterre en 1986 (source: Arbitrage et politique, publié dans la revue Manière de voir du Monde Diplomatique).
  
  Les arbitres du Mondial 2002 sont-ils allés jusque là ? On peut se poser la question en voyant comment l'Italie, puis l'Espagne ont été éliminées face à la Corée. La FIFA dément bien entendu tout complot (on voit mal Joseph Blatter déclarer le contraire en public) mais admet qu'il y a eu de "graves fautes" d'arbitrage. Toutefois, rien n'est fait pour corriger ces fautes et le résultat faussé qui en résulte pour la Coupe 2002. C'est un peu comme si le directeur d'une entreprise disait à un client: "Mon employé vous a bien volé, c'est vrai, mais il n'est pas question de vous dédommager, désolé..."
  
  S'il y a eu corruption active de la part des Coréens, elle a été stoppée avant la demi-finale. Une action de ce genre ne peut être réalisée que dans la plus grande discrétion; dès que le scandale éclate, elle est vouée à l'échec.
  
  Sans conteste, l'Allemagne a profité de la situation: elle a joui d'un arbitrage plutôt favorable en demi-finale et n'a eu à rencontrer ni l'Espagne ni l'Italie. La Corée, de son côté, n'a pas lieu d'être mécontente, malgré sa défaite face aux Allemands. Elle est allée plus loin qu'aucune autre équipe asiatique avant elle. Chung, président de la fédération coréenne de football, patron de Hyundai et éventuel candidat à la présidence dans son pays (un Berlusconi coréen en quelque sorte) a en eu pour son argent même sans remporter le titre.

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