![]() L'Atlantide |
Origines
de l'utopie littéraire
Notons d'ailleurs à ce sujet que toutes les représentations de l'Atlantide décrivent un monde vaguement hellénique, ce qui ne fait qu'accentuer l'idée que cette terre engloutie n'est qu'une utopie littéraire basée sur l'oeuvre de Platon, mais aussi qu'il existe peut-être un rapprochement à faire avec l'engloutissement de l'île de Santorini quelques siècles avant notre ère. Les autres descriptions de l'Atlantide (entre autres celles relatives à la description physique de la capitale, description célèbre d'une île à 7 anneaux concentriques) pêchent par leur manque de réalisme. Mon avis : l'Atlantide n'est qu'un mythe politique. |
L'utopie
littéraire comme science politique empirique
Le mot Utopie n'existe pas avant Thomas More "Utopia". U-TOPIA (Nulle part) a été écrit en latin en 1516 et propose une société idéale, d'après le récit d'un voyageur qui en revient. C'est de la part de Thomas More une tentative d'expliquer ses idées, en tentant de les mettre en scène de façon abordable au public de son époque. La création de sociétés idéales se poursuit ensuite de faón régulière, mettant en scène des voyages vers les parties inconnues du globe (Jonathan Swift, "Gulliver's Travels", 1726), et lorsque celles-ci se font de plus en plus rares, sur la lune ou à l'intérieur de notre globe. Ce que les auteurs tentent d'exprimer par ces essais souvent maladroits (car tel est souvent - hélas - le lot commun des utopies) ce sont quelques idées que le système féodal leur interdit souvent de dire tout haut, mais aussi le babillage d'une société qui s'éveille aux idéaux politiques en l'absence d'une théorie politique véritable, qu'inaugurera un homme d'Etat plus qu'un écrivain : Machiavel dans "Le Prince".... Il s'affiche ouvertement. Mais il parle de science politique et flatte le Prince, offre des conseils pour asseoir son autorité, et ne cherche pas la réforme. C'est vrai. Le Prince ne cherche pas à proposer d'idées de changement, mais n'en est que plus réussi. Il est souvent dit qu'il n'aurait écrit "Le Prince" que pour sortir de prison. "Le Prince" ne fait pas partie de l'Utopie, puisqu'il ne prétend pas décrire de terres lointaines, mais est un traité de science politiques.
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L'utopie
littéraire comme moyen d'éviter la censure
L'utopie littéraire est en fait un genre qui relève donc jusqu'au 19ème siècle de la politique. Les philosophes écrivent des fictions, des récits de pays lointains (Jonathan Swift, "Gulliver's Travels", "Les lettres persanes" de Montesquieu (1721), ou même Utopia). Les libertés d'expression réduites ont obligé ces auteurs à camoufler leur critique politique et les mettre dans la bouche de personnes revenant de lointains voyages. Le caractère politique des Voyages de Gulliver ne fait ainsi aucun doute lorsque l'on sait que Jonathan Swift n'a pas publié son roman lui-même, mais a préféré le faire livrer de façon anonyme par Alexander Pope. La critique politique est cantonée aux trois chapitres 6 des trois livres... histoire de rendre une seconde lecture plus facile, et ce qui forme, c'est étrange, le chiffre 666. Quelle a été l'intention de Swift en codant ainsi les chapitres dédiés à la critique politique ? Jonathan Swift
était très versé dans la satire politique, notamment
par son essai "A Modest Proposal" (1729) dans lequel il propose d'élever
les bébés irlandais pour la table des riches londoniens.
Cet essai destiné à choquer mettait bien sûr l'accent
sur l'extrème pauvreté de l'Irlande.
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![]() Ci dessus une des cartes de "Gulliver's Travels" |
L'utopie
littéraire comme utopie ou comme dystopie
L'utopie en
tant que description d'une société idéale connaît
son apogée au 17ème siècle, ce qui se comprend car
la Renaissance fut le berceau historique des théories politiques
et le 18ème leur jardin d'enfant.
Que ce soit George Orwell, dans "1984" ou "Animal farm", Aldous Huxley avec "Brave New World" (Le meilleur des mondes), la peur des systèmes totalitaires répond aux excès idéologiques du 20ème siècle. Enfin, Ray Bradbury décrit dans "Fahrenheit 451" un système où la littérature et la philosophie sont exclues et où le feu est le moyen utilisé pour se débarrasser du poids encombrant des livres. Ces trois livres dénoncent l'Etat surpuissant qui écrase l'individu et les libertés individuelles. Le héros solitaire redevient un héros romantique. On retrouve également des références littéraires dans le film "Brazil" deTerry Gilliam, un film extrèmement noir, axé sur la déshumanisation des sociétés humaines, et la montée d'un Etat dictatorial. On y retrouve des éléments comme la ville sans limites (Métropolis, Blade Runner), l'omniprésence des forces de police, le héros romantique seul (et encore une fois à la recherche de la femme miraculeuse). Ils dénoncent les systèmes idéaux,
les grandes idéologies (communistes et fascistes) du 20ème
siècle. Ces livres ont, par leur profondeur, leur audience et leur
vision du monde, changé l'histoire et les mentalités. En
eux-mêmes, ce sont des pamphlets politiques comme "Le Capital"
de Marx ou "L'esprit des Lois" de Montesquieu.
Dans la série "dérangés et dangereux" certains
sont assez allumés et ont une idée précise du monde
idéal. (pas de lien vers le site de cette secte authentique, cherchez
vous même, c'est terrifiant) |
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