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[Une fois à
l’extérieur du restaurant Da Giovomi, l’homme scruta les alentours
de sa vue perçante de coureur des bois professionnel et aperçu le
signe du motel LaBree à moins d’un kilomètre plus loin. Il entraîna
immédiatement les deux grosbits dans cette direction. Et pendant que
Frotteux ne cessait de se plaindre d’avoir envie de chier et d’avoir
le bras droit tout vert, Scram, son fidèle compagnon, s’impatientait
de savoir ce que ce personnage mystérieux leur voulait.]
Scram : Kossé que tu nous veux, tabarnak ? Réponds quand je te
parle.
Homme : Il y aura un temps pour les réponses, maître Grobit. Pour
l’heure, l’important est de débusquer un endroit où nous serons à
l’abri des assauts du mal.
Scram : Quelles putains d’assauts du mal ? Tu parles-tu de Ti-Ben ?
Franchement, c’est vrai qu’il a l’air un peu malade pis qu’il a les
mains fraites en siboire mais il ne ferait pas de mal à une limasse,
prends en ma parole.
Homme : Peut-être. Mais son maître lui ne se gênerait pas pour vous
trancher en rondelles s’il arrivait à vous mettre le grappin dessus.
Scram : C’est qui ce torrieu de maître là dont tout le monde parle
tout le temps ? Peux-tu ben me le dire !
Homme : Je ne voudrais pas prononcer son nom tout haut pour tout
l’or du monde.
Scram : Dans ce cas pourrais-tu le prononcer tout bas pour tout le
plastique cheap du monde ?
Homme : Non plus.
Scram: T’es chiant mon homme. Bon, alors tu peux peut-être nous dire
où est-ce qu’on se sauve de même, d’abord ?
Homme: Nous devons nous arrêter pour la nuit dans un endroit où nous
pourrons échapper à la poursuite de ce Nazgul.
[À ce moment, l’homme pointa à l’attention des deux grosbits
l’enseigne du motel LaBree qui se trouvait tout près : enseigne au
néon bourdonnant qui avait la forme d’un gros insecte avec un signe
de piastre lui sortant du cul.]
Homme : Ce motel devrait nous fournir la discrétion nécessaire.
Frotteux: C’est une bonne idée ça, étranger. Si on s’arrête là, je
vais enfin pouvoir aller chier. Parce que si je ne le fais pas
bientôt, ça va finir par sortir tout seul comme c’est le cas pour ce
pauvre vieux Glandalf.
Scram : T’es fou, Frotteux. Tu veux vraiment t’arrêter au motel
LaBree. Cette merde là ! Le rendez-vous des coquerelles.
Frotteux : Des coquerelles ! Vraiment ? Scram, mon pote, j’ai des
sauterelles et des menthes religieuses qui grouillent dans mon trou
de marmotte à l’année longue, ce ne sont pas quelques mignonnes
petites coquerelles qui vont me faire peur.
Scram: Fi ! C’est vrai. J’oubliais que t'as toujours été un
véritable amant de la nature !
Frotteux: Je ne me souviens pas avoir déjà dit que j’étais un amant
de la nature. Par contre, ce que j'ai dit une fois c’est qu’un
aimant dans le cul c'est ben dur ! C'est la fois où j'ai voulu faire
comme dans le film Anal Attraction. Tu ne te souviens pas ?
Scram : C’est possible, mais…
Homme: Allons messieurs, il n'y a pas de temps à perdre. Nous sommes
poursuivis. Entrez donc dans ce motel. Je vous promets qu’il ne vous
y arrivera rien de fâcheux. Je vais veiller sur vous.
[Les deux grosbits soupirèrent de désespoir mais se plièrent à la
volonté de leur nouveau guide. Ils entrèrent sans trop se presser à
l’intérieur de ce crasseux motel et remarquèrent aussitôt l’étrange
bruit de fond que l’on pouvait y entendre. C’était comme des
millions d’insectes rampant à l’intérieur des murs de
l’établissement. Une symphonie de FRR-FRRR-FRRRR qui fit frissonner
Scram comme une vieille grand-mère sur son balcon à la tombée de la
nuit.]
Scram : Entendez-vous ça, calisse. C’est à vous en faire dresser les
poils des pieds.
[À la réception,
un homme barbu et gras qui répondait au nom de Tabarliman accueillit
les trois étrangers avec l’enthousiasme d’un pauvre bougre
s’apprêtant à se faire faire un touché rectal à l’hôpital.]
Tabarliman : Je sais pas ce que vous voulez mais c'est cinquante
piastres pour une nuite pis on est pas responsable des morsures de
rats. C’est tu assez clair ?
Homme : Acceptez vous les pièces d'or, mon brave ?
Tabarliman : Très drôle le grand maigre. Icitte, on prend juste
l'argent sonnant. Y a rien de mieux que les billets de la reine.
Homme: Mais de quelle reine parlez-vous ? La grande reine Maladriel
? Pourtant, à ce que je ne sache, son autorité ne s’étend pas hors
des frontières de son royaume de Lothvagin. Je suis confondu par vos
dires.
Tabarliman : Hé le coureur des bois, tu vas tu payer ou quoi ? J'ai
pas juste ça à faire moi. Y'a ma Linda qui m'attend avec son
diaphragme dans la bouche. Elle va me faire ma pipe du vendredi soir
dans quelques minutes. Je veux pas de tes crisses de pièces d’or en
chocolat. Compris ?
[L’homme s’arrêta un instant, pensif et décontenancé. Il rangea
ses pièces d’or dans sa vieille bourse en cuirette de mouffette et
comme quelqu’un qui s’apprête à faire quelque chose qui lui déplaît
fortement, il soupira avant de détacher la broche qu’il portait au
cou et de la tendre en direction du tenancier peu accueillant de cet
établissement.]
Homme : Tenez, prenez ceci, malotru.
[Tabarliman inspecta avec appréciation la broche magnifique
couverte de scintillantes pierres précieuses dont une avait
d’ailleurs la forme d'un dwarf en train de chier.]
Frotteux : Wow, c'est beau ce truc-là. Ça doit valoir une méchante
fortune.
Homme : Cette broche a surtout une valeur sentimentale très
importante pour moi. Elle m'a été donnée par une belle princesse
Elfe aux gros seins. Un cadeau en gage de son amour éternel.
Scram : Pis toi t'es prêt à t'en débarrasser comme ça juste pour
pouvoir passer une nuit dans cet insectarium ?
Homme : C'est parce que nous avons absolument besoin d'un refuge
contre les forces du Mal pour cette nuit. Il en est de mon devoir de
vous protéger contre les assauts des servants de Merdor.
Scram : Et...?!!
Homme : Et… Et… Et parce qu’on n’accepte pas les pièces d’or dans ce
motel…
Scram : Et…?!!
Homme : Et parce que cette diantre de broche me donne des foutus
boutons dans le cou. Voilà. Je l’ai dit.
[Le tenancier accepta la surprenante transaction avec un large
sourire d’escroc et tendit aussitôt à l'homme la clef passe-partout
de ce motel en lui disant qu'il n'avait qu'à prendre la chambre
qu'il voulait puisqu'elles étaient toutes soit libres, soit en train
d'être fumigées ou encore qu'elles servaient de plateau de tournage
pour l’industrie des films pour adultes.]
Frotteux : Hé le coureur des bois ! Tu ne nous as pas dit comment tu
t’appelais.
Homme : Je vois que vous êtes très curieux, jeune maître Grobit. Et
bien sachez que l’on me donne plusieurs noms. Dans une partie du
monde où j’ai droit à un peu plus de respect que par ici, l’on
m’appelle Avalgorn, fils de Aramorve. Mais dans d’autres parties du
monde, j'ai plusieurs autres noms. Strider, Imlandris, Argonath et
Elessar. Et je suis certain que j’en oublie.
Frotteux : Wow ! Ça en fait des noms. Y’en a sûrement un que tu dois
aimer plus que les autres et que tu voudrais qu’on utilise quand on
te parle ?
[Le coureur des bois réfléchit un instant en grattant sa barbe
pas faite avec ses doigts sales.]
Homme : Et bien ! Le nom que je préfère… C’est probablement…
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