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[Il y avait une
atmosphère de commotion dans la salle à manger du restaurant la
Maison du Spaghetti au moment où Scram et Frotteux y descendirent –
non sans avoir préalablement saccagé leur chambre à coucher rien que
pour le plaisir de se sentir comme deux vedettes de rock le temps
d’un court instant.]
Scram : Kossé qui se passe icitte, siboire ?
[Tous les membres de la Falluship étaient regroupés en rond
autour du jeu de dards à l’exception de VaVomir qui se trouvait un
peu en retrait et qui arborait une mine renfrognée. Les deux
Grosbits se faufilèrent à l’intérieur du cercle et constatèrent avec
surprise que le tronc de William le barde avait été fiché sur la
plaquette de jeu à l’aide de deux gros poignards. À travers la mare
de sang séché qui s’y trouvait, une chose brillait par son absence :
la tête du barde.]
Glandalf : Qui a bien pu perpétrer un geste d’une ignomie pareille ?
Lesgrelos : C’est vraiment dégueux c’t-affaire-là. Pouark !
Avalgorn : Cela doit être l’œuvre de Smoron, à n’en pas douter.
Scram : À moins que ce soit le cavalier sans tête qui a fait le coup
?!
L-Rond : Regardez mon placher. Mon précieux plancher. Tout souillé
de sang.
Scram : Pauvre William. Il s’est fait coupé les deux jambes par
Sa-Rhum-Man, les deux bras par Vavomir et maintenant la tête par le
cavalier sans tête.
Glandalf : Ce barde a chanté ses dernières fausses notes, ça c’est
certain. Il ne nous sera plus possible maintenant de recourir à ses
services pour transporter l’anneau. Il nous est maintenant aussi
inutile qu’une couche non-absorbante ne le serait pour moi en ce
moment.
Frotteux : Ah ! C’est donc dommage. Quelle poisse ! C’est moi qui va
être obligé de transporter l’anneau.
Scram : T’as vraiment l’air déçu comme c’est pas possible, Frotteux.
[Frotteux peinait pour se retenir d’éclater d’un rire de joie
immense.]
L-Rond : Mon beau plancher en bois de banzaï géant. Ruiné ! Bon à
faire du brin de scie pour hamsters !
[Ptit Pine se ramena avec un bout de papier entre les mains.]
Ptit Pine : Regardez ce que j’ai trouvé en dessous de la table
là-bas pendant que je lichais la flaque de bière qui avait sur le
bord de la chaise.
MerryChristmas : Laisse moi voir ça.
[MerryChristmas arracha la note des mains de Ptit Pine et en fit
immédiatement la lecture.]
MerryChristmas : C’est le résultat d’une partie de dards. Ça dit.
William. 501. VaVomir. 34.
Ptit Pine : Y’a du sang partout sur la feuille.
[Tout le monde se tourna en direction de l’homme de Culdor en
arborant des airs de suspicion. VaVomir, qui se grattait la centaine
de boutons blancs qu’il avait de distribués un peu partout sur le
visage, se défendit bien d’avoir quoi que ce soit à voir avec ce
meurtre crapuleux.]
VaVomir : Je vais pas nier que c’est moi qui lui a coupé les deux
bras après qu’il s’eut fait un malin plaisir à m’humilier aux dards
devant tout le monde hier soir. Mais ce n’est pas moi qui lui ait
coupé la tête. Alors cessez de me regarder comme ça car je sens un
nouveau bouton me pousser au dessus de l’œil gauche.
Lesgrelos : T’aurais pas eu envie d’une partie revanche pendant que
tout le monde était couché. Une autre défaite cuisante et hop ! Pu
de tête pour le pauvre barde ?
VaVomir : Fichez moi la paix. Je n’ai rien à voir là dans. Le
coureur des sous-bois l’a dit. C’est l’œuvre de Smoron.
Lesgrelos : Oui mais moi ce que je trouves bizarre c’est qu’il se
soit donné la peine de l’embrocher sur le jeu de dards. Tu penses tu
qu’ils auraient joué une petite partie avant ?
VaVomir : Ferme ta gueule Lesgrelos. C’est pas moi le coupable. De
toute façon, si tu regardes comme faut, c’est des poignards d’elfe
qu’il a de fiché dans le tronc. Ce serait une honte pour moi de
traîner ce genre d’armes dont n’importe qui peut apprendre le
maniement en trente secondes.
[L-Rond étudia attentivement les dits poignards et sembla
consterné par leur nature. Il tenta aussitôt de changer la
conversation en poussant sur tout le monde pour qu’ils reculent d’un
pas et n’aillent voir ailleurs.]
L-Rond : Bon ! Il ne sert plus à rien de trouver qui est le
coupable. Ce pauvre barde est partit pour un monde meilleur. Et
quant à vous, je vous rappelle que vous devez immédiatement vous
mettre en route pour Merdor, que je ne qualifierai pas
nécessairement de monde meilleur. Mais qu’importe, c’est votre
devoir.
Glandalf : Maître L-Rond a raison. Mettons nous en route. Frotteux
transportera le Cockring sur lui et nous, nous veillerons à ce que
rien de fâcheux ne lui arrive. Dirigeons nous vers le Sud avant que
je ne perde la mémoire complètement et que je ne puisse plus vous
protéger de mes puissantes formules magiques.
Tous : *Râclements de gorge polis*
Ptit Pine : Ah ! C’est dans le Sud qu’on s’en va. Mon oncle est
agent de voyage, vous savez. Il pourrait peut-être nous dégoter des
tarifs avantageux. Je peux l’appeler si vous voulez.
Tous : *Soupirs de découragement profond*
Avalgorn : En route tout le monde !
[La Falluship prit donc la route en direction de Merdor qui,
selon les estimations de L-Rond, se trouvait à quelques vingt jours
de marche au Sud de Chipendell. Pour faciliter leur périple et
transporter leurs affaires personnelles, l’Elfe leur avait confié un
vieux poney qui répondait au nom de Gin et qui avait cette étrange
caractéristique de produire une urine à haute teneur en alcool.
D’ailleurs, L-Rond gardait d’ordinaire l’animal à l’arrière de ses
cuisines afin d’en extraire la pisse et de la revendre en fût aux
Orcs de la région qui n’y voyaient que du feu. Après leur avoir fait
ce cadeau et les avoir accompagnés aussi loin qu’il le pouvait dans
leur voyage : c’est-à-dire le pas de la porte d’entrée de son
établissement, le vieil Elfe s’attaqua immédiatement aux préparatifs
de l’enterrement du pauvre homme tronc dont il ne restait plus rien
que le torse.
L’enterrement eut d’ailleurs lieu deux jours plus tard dans un petit
cimetière ancestral à l’arrière du restaurant en la présence de
plusieurs amis et parents du défunt barde. La cérémonie fut courte
et sobre, « comme William l’aurait souhaité », avait dit L-Rond,
après qu’il eut constaté que ses propres finances ne lui
permettaient pas d’organiser quelque chose de mieux pour le barde.
Le tronc de William fut déposé solonnelement dans une vieille
poubelle en tôle rouillée puis enterré dans un bourdonnant champ
radioactif sous les larmes et les lamentations des jeunes neveux de
William qui étaient venu assistés à l’office. Il est à noter que ces
larmes et ces lamentations furent également reproduites par eux,
vingt minutes après la fin de la cérémonie, après que Bimbo les eut
entraînés derrière la maison en leur promettant des bonbons afin de
se régaler de leur virginité anale comme le véritable animal en rût
qu’il n’avait jamais cessé d’être même sans la présence du Cockring
dans ses shorts.
À la fin de tout ça, des petites sandwiches à la viande faites à
partir des restants de tournedos du concile furent servis à tous les
invités. Plusieurs d’entre eux frôlèrent la mort cette journée-là.
Ce qui ne fut pas le cas pour les membres de la Falluship.]
[Ceux-ci
parcoururent la campagne sans incident durant les trois premiers
jours de leur voyage, d’ordinaire en fredonnant des chansons à
répondre qu’Avalgorn entamait sans relâche au grand dam des Grosbits
qui s’en lassaient rapidement.]
Avalgorn : *LA LA LA* Je ne suis satisfait que lorsque les clous sur
mon bâton…
Tous : …ne déchirent la joue d’un dragon… *LA LA LA*
Avalgorn : *LA LA LA* Je ne suis assouvi que lorsque la pointe
acérée de mes flèches…
Tous : …dans les yeux d’un loup argenté ne se percent… *LA LA LA*
Avalgorn : *LA LA LA* Je ne suis rassasié que lorsque le tranchant
de mon bouclier…
Les Grosbits (en chœur) : ÇA VA FAIRE ! ON N’EN PEUT PU ! PITIÉ !!!
Avalgorn : Comment ?! Mais ce n’est pas la version que je vous ai
apprise. Mais au moins ça rime. C’est déjà ça.
Scram : T’as-tu déjà eu ça une extinction de voix par hasard,
Touche-Pipi ?
Avalgorn : Non, maître Gamchi. J’ai une santé de fer.
MerryChristmas : Ostie… On est pas sortit du bois.
Glandalf : Le bois ? Quel bois ? Est-ce que vous parlez de la forêt
périlleuse qui nous entoure. Ne craignez rien. Nous n’aurons pas à
nous y aventurer. Je connais un détour qui nous évitera d’avoir à y
passer.
VaVomir : C’est quoi ce détour ?
Glandalf : Vous verrez bien.
VaVomir : *Grognements de suspicion*
Gémi : Pardon ? Est-ce que quelqu’un m’a dit quelque chose ?
Lesgrelos : NOOOON ! *soupirs de découragement*
Gémi : Pourtant, j’étais certain…
Frotteux: Lâche moi sale bête !!!
Tous : Hein ?!!
[Les membres de la falluship s’arrêtèrent un instant et se
tournèrent en direction du Grobit qui traînait à l’arrière de la
file.]
Scram: Qu'est-ce qu'y a Frotteux ?
Frotteux: C'est ce maudit Gin, le poney. Il n’arrête pas d'essayer
de me voler l'anneau en me suçant. Pis en plus, il sent drôle et il
marche tout croche. On dirait qu’il est soûl.
Glandalf : Il a du boire sa pisse tout à l’heure quand nous nous
sommes arrêtés pour aller au petit coin.
Avalgorn : Il faudrait le surveiller plus attentivement afin qu’il
ne recommence pas. Gin risque de s’égarer dans la nature et toutes
nos affaires avec lui s’il devient trop ivre.
Glandalf : Avoir plus de couches sur moi, je lui en refilerai bien
une. Mais malheureusement, celle que je porte en ce moment est ma
dernière. Et croyez-moi, cela n’annonce rien de bon pour la durée de
ce voyage.
Frotteux : En tout cas, dites à ce poney ivrogne de me lâcher la
queue sans quoi je vais être obligé de l’enculer à mort.
Scram : Comme si tu l’avais pas déjà fait.
Lesgrelos: Laissez ce pauvre animal tranquille. Je le connais bien
ce poney. Il a toujours été très affectueux. Viens me voir mon petit
Gin. Tiens. Mange ça comme un grand garçon.
[Gin le poney se mit alors à sucer la partie intime que l’Elfe
lui avait présentée comme un fruit mûr. Quelques secondes plus tard,
ce dernier laissa sortir plusieurs soupirs de soulagement. Peu
après, la Falluship se remit en route. VaVomir bombarda Glandalf de
nouvelles questions à propos de ce fameux détour dont il avait fait
mention mais les réponses du magicien étaient aussi évasives et
obscures que sa nouvelle crise de sénilité n’éclatait au grand jour.
Les autres membres semblaient néanmoins prêts à le suivre les yeux
fermés jusqu’au bout du monde. Pour l’instant, Glandalf les entraîna
dans une région montagneuse qui n’apparaissait étrangement sur
aucune carte géographique.]
Glandalf : Voici par où il nous faudra passer pour nous rendre à ce
fameux détour dont quelqu’un parlait tout à l’heure.
VaVomir : C’est toi qui en parlais, vieux fou.
Glandalf : C’est possible. Qu’importe.
Ptit Pine : On est rendu où là ? Je suis tout fucké là sur ma carte.
Scram : C’est parce que tu la regardes à l’envers, piniouf !
Ptit Pine : Non ! Non ! Rergarde. Elle est à l’endroit.
Scram : Ôtes ça de sous ma face, toi.
Ptit Pine : Quoi ?
Scram : Je t’ai vu quand tu t’en aies servi de papier de toilette, à
matin.
Glandalf : Sachez que nous appelons la région dans laquelle nous
nous trouvons Charagaz… ou quelque chose comme ça.
Ptit Pine : Charagaz !? C’est pas sur ma carte. À moins que ça soit
ici où le gros spot brun.
[Nos amis continuèrent leur route jusqu’à ce qu’ils ne se soient
avancés suffisamment pour comprendre que ce qui de loin avait pu
s’apparenter à des montagnes étaient en fait plusieurs dizaines
d’immenses tas de neige souillée qui gisaient dans un vieux
stationnement abandonné d’une époque ancienne.]
Glandalf : Nous allons devoir escalader cette grosse montagne
enneigée, maintenant !
Avalgorn : Pourquoi cela ?
Glandalf : Pourquoi quoi ?
Avalgorn : Pourquoi devons nous escalader ce tas de neige ? Ne
pourrions-nous pas en faire le tour, tout simplement ?
Glandalf : Mais de quelle montagne parles-tu, VaVomir ?
Avalgorn : Avalgorn… Mon nom est Avalgorn. Est-ce que vous vous
sentez bien, maître Glandalf. Vous voulez qu’on s’arrête un peu ?
Glandalf : Vous ressemblez vraiment à un coureur des bois que j’ai
bien connu mais dont le nom m’échappe.
Avalgorn : ...
[Satisfaits par les explications du magicien, les autres
commencèrent à escalader l’énorme tas de sloche et de calcium. Il ne
fallut à peine qu’une poignée de secondes avant que les balles de
neiges ne se mettent à siffler aux oreilles des uns et des autres au
grand amusement des deux coupables : MerryChristmas et Ptit Pine.
Les Grosbits, de tout temps, étaient reconnus pour être très habiles
dans le lancer de la motte de neige (habileté developpée
parallèlement à la pratique frénétique de la pétanque.)
Quand ils furent enfin parvenus au somment de la montagne, Frotteux
s’aperçut avec horreur que le Cockring ne se trouvait plus sur le
bout de son engin qu’il avait laissé balader à l’air libre depuis
deux jours.]
Frotteux : Tabarnak ! Le froid a fait rapetisser ma bite pis
l’anneau est tombé. Je ne sais plus où il est.
[Tout le monde se regarda d’un air paniqué.]
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