I. C) DESERTIFICATION ET INONDATIONS

Cette année, de nombreuses régions ont été frappées par une sécheresse majeure, qui aurait laissé environ 4 millions de personnes en manque d’eau. Cela aurait aussi provoqué la perte de plus de 20% des récoltes dans les provinces de Henan et de l’Anhui (à l’est de la Chine). Dans ces régions il y eut une période de 110 jours pendant laquelle il ne plut pas. A Pékin aussi, il y eut une telle période (de 100 jours), une situation pas connue depuis 40 ans. La Chine doit aussi faire face à un problème sur plus longue échelle qui est contribue aussi aux manques et à la raréfaction d’eau : la désertification.

La Chine est un des pays les plus touchés au monde par la désertification. Déjà 27.3% de la totalité du territoire serait désertique et on estime que le désert progresse d’environ 2460 km2 (soit environ 0.03% du territoire) chaque année. D’est en ouest, le pays se retrouve face à un problème grave qui risque de devenir de plus en plus important. Des provinces comme celle du Gansu sont déjà presque entièrement désertiques. Il ne reste plus que 30% de la province qui ne fait pas partie du désert. Dans le nord du pays, le désert Mongol menace la ville de Shenyang, ville industrielle de plus de 6,89 millions d’habitants. Aujourd’hui la distance entre la ville et le désert n’est plus que de 48 km alors qu’elle était de 100 km en 2000. A l’échelle nationale il ne resterait que 800 000 km2 de forêts principalement à l’extrême nord et dans le sud de la Chine.

Cela amène non seulement des contraintes pour les paysans qui subissent une diminution de leur terre cultivable mais aussi pour les citadins des centres urbains touchés par la désertification. En effet, il est fréquent que ces villes soient touchées par de véritables tempêtes de sable ce qui entraîne des troubles respiratoires et des démangeaisons sévères aux yeux. Ces tempêtes de sable deviendraient de plus en plus violentes et fréquentes depuis que la désertification s’accélère.

110 millions de chinois sont directement affectés par ce problème. Les conséquences économiques sont également importantes puisque chaque année 8 à 12% du PNB est utilisé pour secourir les sinistrés.

Cette désertification serait provoquée par la surexploitation des terres agricoles, en particulier le surpaturage selon le ministère de l’agriculture chinois. Ce processus concernerait 130 millions d’hectares de prairies et serait en constante augmentation. La Chine est un des pays les plus touchés par la désertification comme l’indique le graphique ci-après.

La vulnérabilité aux sécheresses de pays à travers le Monde

Cette surexploitation des terres remonterait à la politique de la Chine entre 1950 et 1980 qui consistaient à assurer l’autosuffisance alimentaire de la Chine et donc à la surexploitation des terres agricoles. De plus le déboisement en Chine s’accélère, ce qui favorise non seulement la désertification mais également les inondations.

La Chine est fréquemment frappée par de vastes inondations et a souvent dû surmonter de véritables catastrophes. Les fortes variations des précipitations sont dues aux moussons. Elles provoquent fréquemment des inondations calamiteuses, comme au cours de l’été 1998 dans le bassin du Yangzi, où elles ont provoqué la mort de plus de 3 000 personnes. La menace la plus dangereuse d’inondation reste néanmoins les crues gigantesques des fleuves chinois.

En effet, 8% du territoire chinois se trouve en aval des sept grands fleuves chinois et est susceptible d’être inondé. Cette zone détenant 50% de la population chinoise est très développée puisque 2/3 des produits agricoles et industriels en proviennent.

Depuis toujours, la Chine construit des digues et des berges afin de lutter contre les crues des grands fleuves. La Chine est exposée à des crues de violence parfois exceptionnelle, qui peuvent inonder des millions d’hectares. La plus grande inondation du siècle est sans aucun doute celle de 1931. Le Yangzi, la rivière Haihe et la rivière Jaune connurent tous une crue record. Cela engendra des inondations sans précédent qui tuèrent 140 000 personnes sur le coup et 3,7 millions après. Plus récemment en 2004, les inondations ont coûté la vie à 1029 personnes pendant la saison des pluies. 650 000 foyers ont été détruits et plus de 115 millions d’habitants ont été sinistrés.

Inondation dans la région du Xinghua pendant la saison des pluies en 2004





















La déforestation, l’urbanisation et la disparition des zones humides ont tendance à rendre ces crues plus violentes et plus brutales. En effet, l’eau des fleuves n’est plus retenu et lorsqu’elle atteint un bassin ou les digues sont peut être vétustes ou trop basse peut déborder et engendrer de véritables inondations. C’est pourquoi pour que les digues protègent convenablement la population, il faudrait qu’elles soient constamment rehaussées et renforcées.

La vulnérabilité aux inondations de pays à travers le monde






Xavier Moys, Tanguy Mercier, William Zhang