I. B) UNE GESTION PEU EFFICACE
Cette pénurie en eau est due à de nombreux facteurs qui restent pour la plupart dorigine humaine. La situation la plus alarmante est sans aucun doute lassèchement annuel du deuxième plus grand fleuve chinois. Le fleuve jaune, situé en plein milieu dun bassin agricole important, sassèche régulièrement avant datteindre la mer Jaune. Entre 1985 et 2008, le fleuve sest desséché sur une longue période avec un record de 226 jours en 1997. La rareté de leau dans ce bassin sexplique par une importante charge sédimentaire du fleuve aggravée par la déforestation en amont, effectuée dans lère maoïste. Les villes qui manquent cruellement deau ont donc tendance à en pomper des nappes souterraines non-renouvelables et des cours deau environnants. Dans le nord de la Chine et dans des grandes villes, le sur-pompage des nappes phréatiques conduit à un affaissement des plaines. Les grands bassins hydrographiques sont surexploités comme lindique le tableau suivant dans le nord du pays. En effet, les quatre premiers fleuves sont beaucoup plus pompés (situés dans le nord du pays) que les quatre derniers o¨´ leau est surabondante.
La gestion de leau en Chine est particulièrement peu efficace, avec 385 m3 pour 1000 USD (dollars américains) de PIB en 2003. Cest-à-dire que pour produire 1000 USD de richesse il leur faut 385 m3 deau, soit quatre fois plus que la moyenne mondiale. Les pertes deau sexpliquent notamment par lagriculture où les systèmes dirrigation sont vétustes et peu performants mais aussi par lindustrie chinoise qui est très gaspilleuse et qui se soucie peu de leau quelle consomme. La Banque Mondiale estime que 60% de leau est perdue dans les systèmes dirrigation chinois contre 20-30% dans ceux de pays développés.
Une grande partie de leau destinée à être utilisée dans lindustrie est également perdue à cause de canalisations percées. Le système de tarification de leau contribue aussi au gaspillage. Malgré quelque hausse en 2005, le prix de leau reste très bas. Par conséquent, les populations des villes et les industrielles sont peu enclins à réduire leur facture deau, déjà très faible.
Xavier Moys, Tanguy Mercier, William Zhang