I. A) UNE REPARTITION INEGALE

Les données globales montrent une eau relativement abondante sur l’étendue du territoire chinois (9,6 millions de km2). Il est estimé que les eaux de surface atteignent un volume de 2 711,5 milliards de m3 et que les eaux souterraines ont un volume avoisinant les 828,8 milliards de m3. La quantité totale des ressources hydriques est d’environ 2 812,4 milliards de m3, soit 5,8% de celles du monde. La Chine est donc classée 6ème au rang mondial après le Brésil, la Russie, le Canada, les Etats-Unis et l’Indonésie. La richesse de la Chine en ressources hydriques a diverses origines. 50 000 cours d’eau ont un bassin qui dépasse les 100 km2 et plus de 1500 les 1 000 km2. Le Yangzi, le plus grand fleuve chinois représente à lui seul un tiers de la ressource en eau chinoise. A titre d’exemple, le bassin hydrographique de la Seine a une surface de 75 000 km2 ; celui du Yangzi, 1 800 000 km2 (soit environ 24 fois plus). Les cinq fleuves les plus grands du pays sont, par ordre de débit, le Yangzi, premier fleuve de l’Asie et troisième du monde, la rivière des Perles, le fleuve Jaune (Huanghe) et le Haihe. En Chine, les lacs ont une superficie s’élevant à 71 787 km2. On compte 2300 grands lacs dont la superficie dépasse 1 km2. Avec une superficie totale de 58 500 km2, les glaciers chinois sont une énorme réserve d’eau de 5 100 milliards de m3. Néanmoins la fonte des glaces est assez faible : seulement 56 milliards de m3 par an au total, ce qui représente à peine 2% du débit total des cours d’eau du pays.

Les précipitations sont très diverses en Chine. Elles varient entre 25 et 50 mm par an dans la province du Qinghai et 2000 mm dans les provinces du Sud-ouest de la Chine. On distingue en Chine quatre zones : aride, semi-aride, semi-humide et humide. Les zones arides et semi-arides se trouvent au nord et au nord-est de la Chine et représentent 53% du territoire.

Mais, compte tenu de sa population énorme, les ressources en eau par habitant s’avèrent en réalité extrêmement limitées. La Chine est donc à une moyenne d’environ 2100 m3/an/habitant.

Ressources en eau/habitant (m3) Malgré des ressources parfois abondantes, des régions entières peuvent souffrir d’un énorme manque d’eau. Le Japon, par exemple ne possède que 20% des ressources en eau de la Chine mais la quantité d’eau disponible par habitant y est deux fois plus élevée ! Les ressources en eau par habitant en Chine sont faibles (environ le quart de la moyenne mondiale) et inégalement reparties. En effet, les ressources par habitant au nord sont trois fois inférieures à celles des habitants du sud. Le sud de la Chine, avec 55% de la population et 35% des terres cultivées, concentre 80% de l’eau, alors que la Chine du nord n’a à sa disposition que 15% des ressources en eau pour alimenter 45% de la population et surtout 65% des terres cultivées. Le sud-est du pays possède une ressource en eau très abondante estimée à 32 000 m3/an/habitant.

La région des trois H (Bassins hydrographiques du Huanghe, des rivières Hai et Huai) couvre 39% des terres cultivables nationales et aussi 35% de la population chinoise (soit 460 millions d’habitants). C’est une région très active économiquement puisqu’elle génère le tiers du PIB (produit intérieur brut) du pays. En revanche, cette zone ne possède que 7,7% de la ressource chinoise en eau. En 2001, la Banque mondiale évaluait que le déficit hydrique de la région était d’environ 37 milliards de m3. Il est estimé que chaque habitant a à sa disposition 525 m3 d’eau par an, soit 475 m3 en dessous du seuil de pénurie établie par la FAO. (Food and Agriculture Organization of the United Nations). Les habitants auraient accès à moins d’eau que la population somalienne ou celle du Sahara algérien! Le graphique ci-contre indique que la ressource en eau mondiale moyenne est bien supérieure à celle de la Chine. De plus, cette ressource est très inégalement repartie, avec des zones où la moyenne d’eau par habitant est seulement de 290 m3.

D’après le Ministère des Ressources en Eau, la Chine aurait souffert d’un manque d’eau de 30 milliards de m3 pour l’irrigation dans le nord et le nord-est du pays. 400 de 669 villes de plus de 100 000 habitants ont manqué d’eau en 2003. 16% des villes étaient particulièrement touchées. Les précipitations provoquent également des inégalités de ressource en eau à travers le pays. Il arrive que le sud de la Chine connaisse des inondations, tandis que le nord est frappé par la sécheresse.

Dans le nord où l’eau se fait rare, les nappes souterraines sont souvent surexploitées (20% de la consommation chinoise en 2003). Chaque année, Pékin consomme 3,5 milliards de m3 d’eau, dont 75% proviennent de nappes phréatiques qui se renouvellent très lentement et sont donc inutilisables à long terme pour de grandes métropoles. Cette nappe est l’aquifère souterrain qui se trouve à faible profondeur et qui traditionnellement alimente les puits et les sources en eau potable. Etant en profondeur, elle est beaucoup moins affectée par la pollution que l’eau en surface. Le sur-pompage de cette ressource peut provoquer deux incidents conséquents : soit un affaissement des sols dû à la disparition de l’eau, ou alors une entrée de l’eau de mer lorsqu’elle se trouve près de la côte, rendant ainsi la ressource complètement inutilisable. A Pékin par exemple, ce phénomène se traduit par un abaissement du niveau des nappes, de -13,2 m en 1996 à -14,8 m en 1997, ce qui équivaut à une diminution du stock des eaux souterraines d’environ 768 millions de m3 en une seule année. En effet, lorsque l’eau de la nappe est sur-pompée, le sol s’enfonce véritablement. Ce phénomène est courant dans les grandes villes chinoises, en particulier à Shanghai et à Pékin.

Carte indiquant la raret¨¦ de l’eau en Chine en utilisant un index de 3 ¨¤ 15






Xavier Moys, Tanguy Mercier, William Zhang