I. A) UNE REPARTITION INEGALE
- UNE EAU GLOBALEMENT ABONDANTE
Les précipitations sont très diverses en Chine. Elles varient entre 25 et 50 mm par an dans la province du Qinghai et 2000 mm dans les provinces du Sud-ouest de la Chine. On distingue en Chine quatre zones : aride, semi-aride, semi-humide et humide. Les zones arides et semi-arides se trouvent au nord et au nord-est de la Chine et représentent 53% du territoire.
Mais, compte tenu de sa population énorme, les ressources en eau par habitant savèrent en réalité extrêmement limitées. La Chine est donc à une moyenne denviron 2100 m3/an/habitant.

- UNE EAU INEGALEMENT REPARTIE
La région des trois H (Bassins hydrographiques du Huanghe, des rivières Hai et Huai) couvre 39% des terres cultivables nationales et aussi 35% de la population chinoise (soit 460 millions dhabitants). Cest une région très active économiquement puisquelle génère le tiers du PIB (produit intérieur brut) du pays. En revanche, cette zone ne possède que 7,7% de la ressource chinoise en eau. En 2001, la Banque mondiale évaluait que le déficit hydrique de la région était denviron 37 milliards de m3. Il est estimé que chaque habitant a à sa disposition 525 m3 deau par an, soit 475 m3 en dessous du seuil de pénurie établie par la FAO. (Food and Agriculture Organization of the United Nations). Les habitants auraient accès à moins deau que la population somalienne ou celle du Sahara algérien! Le graphique ci-contre indique que la ressource en eau mondiale moyenne est bien supérieure à celle de la Chine. De plus, cette ressource est très inégalement repartie, avec des zones où la moyenne deau par habitant est seulement de 290 m3.
Daprès le Ministère des Ressources en Eau, la Chine aurait souffert dun manque deau de 30 milliards de m3 pour lirrigation dans le nord et le nord-est du pays. 400 de 669 villes de plus de 100 000 habitants ont manqué deau en 2003. 16% des villes étaient particulièrement touchées. Les précipitations provoquent également des inégalités de ressource en eau à travers le pays. Il arrive que le sud de la Chine connaisse des inondations, tandis que le nord est frappé par la sécheresse.
Dans le nord où leau se fait rare, les nappes souterraines sont souvent surexploitées (20% de la consommation chinoise en 2003). Chaque année, Pékin consomme 3,5 milliards de m3 deau, dont 75% proviennent de nappes phréatiques qui se renouvellent très lentement et sont donc inutilisables à long terme pour de grandes métropoles. Cette nappe est laquifère souterrain qui se trouve à faible profondeur et qui traditionnellement alimente les puits et les sources en eau potable. Etant en profondeur, elle est beaucoup moins affectée par la pollution que leau en surface. Le sur-pompage de cette ressource peut provoquer deux incidents conséquents : soit un affaissement des sols dû à la disparition de leau, ou alors une entrée de leau de mer lorsquelle se trouve près de la côte, rendant ainsi la ressource complètement inutilisable. A Pékin par exemple, ce phénomène se traduit par un abaissement du niveau des nappes, de -13,2 m en 1996 à -14,8 m en 1997, ce qui équivaut à une diminution du stock des eaux souterraines denviron 768 millions de m3 en une seule année. En effet, lorsque leau de la nappe est sur-pompée, le sol senfonce véritablement. Ce phénomène est courant dans les grandes villes chinoises, en particulier à Shanghai et à Pékin.

Xavier Moys, Tanguy Mercier, William Zhang