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DOSSIER : Professionnalisme et traduction (Octobre 1998)

 

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Sept bons conseils aux traducteurs indépendants

Article de Chris Durban, traductrice indépendante.

1. Commencez par agir sur ce que vous maîtrisez : votre propre production.

Ne passez pas votre temps à critiquer le mauvais travail de traducteurs à la petite semaine.

Visez plus haut.

En tant que traducteur professionnel, vous êtes rédacteur professionnel. De nos jours, savoir parler une langue étrangère n’a rien d’exceptionnel, mais avoir une bonne plume, dans sa langue maternelle, c’est tout autre chose. Ce que vous vendez, c’est la qualité de votre écriture - ainsi que les connaissances que vous avez acquises dans votre ou vos domaines de spécialité (voir conseil n°3).

Concrètement : examinez d’un œil critique le fruit de vos efforts. Prenez l’habitude de faire relire votre travail par vos pairs pour recueillir leur avis.

Comme tout texte percutant, une bonne traduction est un texte qui répond aux objectifs de son auteur. Trop souvent, on voit du premier coup d’œil qu’on n’a pas affaire à un texte original, mais à " une simple traduction ". Et bien trop souvent, les traducteurs (y compris des diplômés de l’ESIT) se réfugient derrière les habituels : " mais, c’était dans le dictionnaire ! " ou " ce n’était pas clair, dans l’original ! ", au lieu de prendre le temps ou la peine d’obtenir des explications auprès de l’auteur.

2. Soyez à l’écoute du marché : un traducteur a plusieurs façons de gagner sa vie. Il peut, par exemple, posséder une combinaison linguistique rare, ou bien proposer, dans des délais très courts, des traductions brutes de documents volumineux. Mais il peut aussi choisir de produire, pour des clients directs, un travail peaufiné. Ce marché lucratif, passionnant, n’est ouvert qu’à ceux qui sont prêts à y consacrer du temps et de l’énergie.

Concrètement, lisez la presse spécialisée, cherchez à rencontrer des professionnels du secteur qui vous intéresse, repérez les sujets d’intérêt stratégique et les intervenants clés. Bref, préparez-vous à répondre à la demande avant qu’elle ne se matérialise. Ce n’est pas à vos clients de payer votre formation.

3. Spécialisez-vous. Aussi étonnant que cela puisse paraître (!), de nombreux traducteurs (y compris des diplômés de l’ESIT) traduisent pratiquement tous les textes qui leur sont proposés, soit par nécessité, soit selon le principe du "parcours du combattant". S’étant engagés dans une entreprise au-dessus de leurs moyens, ils font alors un travail "professionnel" dans le sens où ils vérifient tous les mots difficiles, passent des heures devant leur écran, transpirent à grosses gouttes et finissent par accoucher d’un texte dans lequel on retrouvera tout le contenu explicite de l’original. Pourtant, une bonne partie du message implicite, qui leur aura échappé, ne sera pas passé. Les clients exigeants flairent de loin ce genre de textes ; leur déception n’a rien d’étonnant.

[Une hypothèse : serait-ce la crainte sourde de se faire finalement surprendre en flagrant délit d’incompétence par des spécialistes (destinataires de la traduction, experts dans le domaine...) qui met tant de traducteurs mal à l’aise ? Cela expliquerait peut-être pourquoi même des traducteurs bien établis, inondés de travail, augmentent rarement leurs tarifs - comme s’ils avaient l’impression que ce serait forcer un peu trop la chance.]

4. Tenez-vous en à ce que vous savez faire. Les traducteurs, de même que les sociétés de traduction, doivent identifier non seulement leurs points forts, mais aussi leurs faiblesses - et en tirer les conclusions nécessaires (savoir dire "non", par exemple).

5. Sachez tirer gloire de votre travail - mais aussi assumer vos responsabilités. Si votre perpétuelle excuse est de dire : "je ne peux pas faire mieux que ce qu’on m’a donné", vous manquez de professionnalisme, un problème qu’aucun statut professionnel ne pourra résoudre. A se plaindre de l’ignorance des clients, on ne fait pas longtemps illusion.

Il faut se mettre à la place des donneurs d’ouvrage. Presque toujours, les clients à la recherche de traductions de très bonne qualité (et ce sont justement les clients qui vous intéressent) sont passionnés par leur métier. Ils attendent de vous le même enthousiasme. Si vous vous contentez de produire un texte plat qui ne peut servir qu’à des fins purement informatives, ils n’auront plus envie de vous confier quoi que ce soit - et on les comprend.

Concrètement : prenez la parole. Posez des questions et faites des suggestions : c’est ce qui vous distingue des autres. Signez votre travail. Expliquez pourquoi vous êtes prêt à mettre votre réputation en jeu pour eux. Contribuez à faire de ce principe une norme dans notre métier.

6. Etablissez d’emblée un dialogue avec le client. Veillez à ce qu’il sache ce qui lui est proposé/ce qu’il va obtenir. Ne rendez pas un texte destiné à un usage purement informatif (une version rudimentaire qui sent la traduction) quand le client s’attend à autre chose. Et si vous avez une meilleure idée, n’hésitez pas à lui présenter vos suggestions.

7. Apprenez à vos clients comment utiliser au mieux leur budget traduction : en leur conseillant de planifier ; d’automatiser tout ce qu’il est possible d’automatiser ; de constituer un réseau de fournisseurs fiables ; de s’assurer de l’origine du travail (oui, du nom du traducteur en personne) ; de vérifier régulièrement la qualité du travail en demandant une relecture à des partenaires ou à des contacts sensibles aux problèmes d’adaptation linguistique, dans le pays destinataire ; de fournir des éléments de référence ; de se montrer prêts à répondre aux questions des traducteurs.

Pour que chacun y trouve son compte, il faut former le client - faire prendre conscience aux utilisateurs de services de traduction qu’un travail professionnel peut servir leurs intérêts, et leur donner une idée précise des moyens de l’obtenir. Mais pour cela, il faut d’abord que les traducteurs soient eux-mêmes conscients de ce qu’est une traduction professionnelle et mettent un point d’honneur à parvenir à ce résultat.

Un bon conseil en prime pour les écoles de traduction : il faut donner aux étudiants des atouts commercialisables (à commencer par une bonne maîtrise de l'outil informatique, la capacité d’effectuer des recherches terminologiques, une pré-spécialisation), qui en feront des stagiaires recherchés. Quelques rudiments sur la vie professionnelle leur seront d’ailleurs aussi utiles. Ainsi qu’une mise en garde : éviter à tout prix de travailler en indépendant avant d’avoir plusieurs années d’expérience, bien encadrée.

© Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.

 

 

 

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