CULTURE ET SOCIÉTÉ
Les ethnies
Le Burkina Faso compte une soixantaine d'ethnies d'importance numérique inégale, elles n'occupent pas toujours des aires géographiques précises. Certaines ethnies à tradition commerçante sont présentes dans tout le pays, en particulier dans les centres urbains et les gros villages. C'est le cas des yarse que l'on trouve dans tout le pays mossi et des dioula dans le sud-ouest et les villes.
Il en est de même pour les populations migrantes. Principalement les mossé qui, débordent largement de l'aire ethnique qui leur est attribuée sur la carte. Au fil du temps, ils se sont progressivement installés dans de nombreuses régions du Burkina Faso.
Les peul, peuple nomade, gardiens des troupeaux des agriculteurs de la zone soudanienne, victimes des sécheresses successives et de la désertification, migrent vers le sud du pays avec leur bétail, soit pour s'installer auprès des points d'eau permanents, soit pour transhumer en saison sèche. Ils restent dominants dans les provinces du nord-est
Il est difficile de regrouper toutes ces ethnies en « familles » plus ou moins proches, car chacune a une personnalité propre. Cependant, quelques critères permettent d'associer certaines ethnies dans un groupe plus large: parenté de langue, coutumes et traditions, organisation sociale, méthodes de mise en valeur du milieu, habitat....
Le critère, certes subjectif, mais qui nous semble le plus proche de la réalité est la conscience que chaque ethnie a d'être proche d'une autre ethnie. Cette conscience accorde une certaine importance aux origines historiques ou géographiques.
Les populations les plus anciennement installées, bobo, bwa, kurumba, gourounsi, pougouli, sénoufo, turka, gouin... en mettant à part le groupe Lobi venu de la rive gauche du Mouhoun en groupes successifs, en refoulant les gan, les dorosye et les vigue.
Les populations néo-soudaniennes qui ont formé dans le passé des royaumes puissants
- les mossé ( en rouge ) , dont la forte organisation politique hiérarchisée a permis, après les avoir vaincus, d'intégrer les nyonyose, premiers habitants du pays, et de s'étendre au détriment des voisins, notamment les kurumba et les gourounsi ;
- les gourmantché ( en rose ), à l'est, auxquels peuvent s'apparenter les yarse ;
- les songhay, peu nombreux au Burkina Faso. Leur langue et leur culture sont totalement différentes de celles des autres ethnies. Ils ont eux aussi, constitué un grand empire historique.
Les populations mande (couleur violette), venues de la haute vallée du Niger; les marka qui se sont insérés dans le pays bwa, les samo et leurs parents les bisa, qui ont colonisé les marges du pays mossi.
Les populations du Sahel (couleurs jaune et barré), nomades en voie de sédentarisation
- les peul et leurs anciens captifs sédentaires, les rimaïbe,
- les touareg et leurs anciens captifs, les bella.
Deux groupes sont difficilement classables : les dogon, peu nombreux, débordent en populations résiduelles de leur aire d'origine (Mali) et les syemou, dans la région d'Orodara dont l'origine nous est encore inconnue.
Les langues
Au Burkina sahélien, on parle le foulfoulde chez les peul et le tamacheq chez les touareg.
Les langues parlées dans l'ensemble du pays par les populations d'agriculteurs se partagent en deux grandes familles: les langues gour et les langues mande.
les langues gour, une étude les divise en dix groupes dont le gourma-moore, le grousi, le lobiri, le bwamu, le senoufo et le dogon.
- Le groupe gourma-moore comprend : le gourrna, langue des gourmantché et le moore-dagbani, sous-groupe réunissant le moore, langue des mossé, le dagara et le birifor.
- Au grousi appartiennent les langues des populations dites gourounsi, et divers autres dialectes, dont le kourounfe, parlé par les kouroumba.
- Le lobiri est la langue des lobi, des wile et de divers petits groupes de l'hinterland lobi.
- Le bwamu est celle des bwaba, de culture et de langue mande tout comme les bobo.
- Le senoufo et le dogon, comme leurs populations sont peu représentés.
Les langues mande dites mande-nord sont principalement représentées au Burkina Faso par le dioula, utilisé dans les échanges commerciaux et qui fut la langue de diffusion de l'islam dans l'ouest du pays. On distingue les langues mande-sud, représentées par le bisa et le sâ, langue des samo.
Les religions
Une enquête démographique de 1991 fait apparaître une évolution assez significative de la répartition des différentes religions.
- L'animistes, en net recul, est passé de 68,7 % en 1960-1961 à 25,9 % en 1991. Il se localise essentiellement dans certaines provinces: Poni 85 %, Tapoa 68 % et Nahouri 69,3 %.
- L'islam est concentré dans le nord: Oudalan 99,2 %, Soum 98,6 %, Seno 94,5 %.
Il est passé de 27,5 % en 1960-1961 à 52,4'% en 1991 (62 % de la population urbaine et 50,8 % de la population rurale)
- Les religions chrétiennes ont connu le développement le plus spectaculaire en trente ans. Surtout en milieu urbain: Kadiogo (55,5 % ), Kouritenga (49,5 %) Boulkiemdé (40,9 %).
En 1991, elles représentent 20,7 % de la population contre 3,8 % en 1960-1961. ( 34 % en zone urbaine et 18,5 % en zone rurale).
La parenté à plaisanterie
Il s'agit d'un mode de comportement spécifique aux relations entre certains groupes. Il se traduit dans l'échange verbal, par un ton, des paroles, des attitudes, parfois une agressivité que les protagonistes ne pourraient se permettre envers d'autres personnes ne partageant pas ce lien particulier qu'est la «parenté à plaisanterie » (rakiré en mooré).
Les origines de la parenté à plaisanterie sont souvent liées à des événements historiques communs, mais parfois aussi à des faits divers anecdotiques, souvent rocambolesques dans la mémoire collective, mais la plupart du temps oubliées.
Tout l'intérêt de cette relation réside dans l'interaction des deux personnes ou groupes concernés. Une des fonctions de ce jeu relationnel est d'affirmer, pour chacun, son identité et son appartenance à un groupe, tout en dénigrant l'autre.
Pour un non-initié, assister à une telle scène peut s'avérer inquiétant : les deux parties s'invectivent parfois avec violence, laissant croire que l'altercation va dégénérer en bagarre. En fait, c'est tout le contraire qui se produit : grâce à ce jeu de rôle, chacun évacue son agressivité, tout en amusant un public qui sait à quoi s'en tenir.
Il existe plusieurs types/duo de partenaires ayant entre eux un lien de parenté à plaisanterie : samo/mosséi, gourounsi/bissa, samo/bissa, peul/bobo, lobi/siamou, etc.
Les peul représentent le groupe le plus sujet à plaisanterie, car il est le "souffre-douleur" de presque toutes les autres ethnies; pour tous, il est le voleur de bétail. Le peul est parfois nié en tant qu'humain et l'on peut entendre des descriptions de ce type: « il y avait six personnes et deux peul ... ».
Les bissa sont considérés par leurs parents à plaisanterie comme des mangeurs d'arachides ; les gourounsi, des voleurs ; les samo, des mangeurs de chien, etc.
La parenté à plaisanterie joue un rôle fondamental dans la société burkinabè.
Elle est source de distraction et d'amusement, mais elle est aussi et avant tout un régulateur social, un exutoire pour dédramatiser une situation tendue ou conflictuelle.
Les fonctions sociales remplies par la parenté à plaisanterie, étudiées et mises en valeurs ces dernières années par les sociologues (cf : Les grandes conférences du ministère) ont amené les autorités à promouvoir cette pratique qui contribue à la stabilité et à la paix de ce pays pluri-ethnique.
Artisanat
La technique du bronze
Les statuettes réalisées selon la technique du « bronze à la cire perdue », dans laquelle les artisans de Ouagadougou sont passés maîtres, figurent aujourd'hui parmi les productions artisanales les plus connues du Burkina Faso.
A l'aéroport, au marché de Ouagadougou, dans les boutiques d'artisanat des hôtels, on trouvera un large assortiment de ces petits bronzes : depuis la bague et les bracelets jusqu'aux jeux d'échecs et aux statuettes représentant des cavaliers... Pour en savoir plus, reportez-vous au reportage: de la cire perdue et du bronze au Burkina Faso
Sculpture sur bois
Les burkinabè sont parmi les plus grands sculpteurs d'Afrique noire.
A défaut de trouver une pièce de musée chez les antiquaires de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, on se contentera d'une belle copie (beaucoup moins onéreuse et dont l'exportation est autorisée) d'un masque à lame bobo ou d'un masque sénoufo.
Les instruments de musique traditionnels seront également recherchés: le balafon (xylophone en bois), des tam-tams de toutes les formes et de toutes les tailles (en particulier le "djembé") ainsi qu'un luth très élégant, le "kondé" .
Tapis et broderie
Les tapis en haute laine du Centre artisanal de Gounghin, à Ouagadougou, sont cotés à la fois par la beauté de leurs motifs et par la qualité de leur exécution. Ils sont épais d'au moins 2 cm et comptent plus de 40 000 points au mètre carré.
Quant à la broderie, elle a toujours été encouragée chez les jeunes femmes burkinabé par les soeurs missionnaires qui ont aménagé à Ouagadougou des ateliers spécialisés (des ouvroirs). Principale production, le linge de table (nappes, napperons, serviettes), brodé avec art.
Maroquinerie
Grand pays d'élevage, le Burkina Faso utilise depuis toujours les peaux des bovins et des moutons pour le cuir. Celui-ci sert aussi bien à fabriquer des sacs et besaces de différentes tailles, que des sandales ou des parements pour des paniers.
Particulièrement doués, les nomades peul et touareg du nord du Burkina Faso tressent des bandes de cuir polychromes pour en décorer des portefeuilles, des sacs et des chapeau, et sont devenus experts dans la technique du cuir "repoussé" qui permet, entre autre, d'habiller coffres et coffrets de toutes tailles et de toutes formes, miroirs....
Le Centre de tannage de Ouagadougou s'est spécialisé dans la confection d'articles en cuir façon "daim", décorés de motifs pyrogravés.
Vannerie
Très nombreux au Burkina Faso, les vanniers perpétuent la fabrication des objets traditionnels (paniers et chapeaux de toutes les formes). Ils cherchent également à s'adapter aux besoins du monde moderne en produisant des pantoufles, des chapeaux, des paniers à pain et des sacs à provisions.
Poterie
La poterie est l'activité artisanale la plus répandue dans le pays et le domaine réservé des femmes (dans le village, la potière est souvent l'épouse du forgeron, qui travaille lui aussi avec le feu). Plusieurs villages se sont même fait un nom grâce à leurs productions.
Comme pour la vannerie, les formes, les couleurs, les tailles des poteries produites sont infinies : depuis le petit pot de la taille d'un cendrier jusqu'aux immenses « canaris », jarres où l'on fabrique et entrepose la bière de mil.
Toutes ces productions peuvent être unies, couleur terre cuite ou noire vernissée, ornées de dessins incisés, ou peintes de motifs géométriques blancs, noirs ou bruns (en vente sur les marchés traditionnels).
Tissage
Le tissage traditionnel sur un minuscule métier, ne pouvant fabriquer qu'une bande d'étoffe étroite, est toujours pratiqué. Mais avec cet outil rudimentaire, le tisserand burkinabè est capable de réaliser des merveilles. Notamment de splendides couvertures polychromes aux motifs géométriques, sans oublier les magnifiques tenues traditionnelles encore portées aujourd'hui, aussi bien à la campagne qu'à la ville où son port a une forte connotation identitaire.
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