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Tirage
de tête est un manuscrit qui a été
volé à son auteur. Et nous sommes tout à fait d'accord
avec lui pour reconnaître que ce n'est pas correct. Mais il semblait
primordial, à beaucoup de ceux qui ont connus Michel Touchalon,
de faire vivre ce portrait autrement que dans un tirroir, ou au creux
d'une disquette. C'est chose faite. |
Au
SOMMAIRE de Chapitre
1er
1er
extrait:
La naissance Chapitre
2 4e
extrait: au Flore Chapitre
3 6e
extrait: Fils de pub
9e
extrait: Chapitre
5 10e
extrait:
|
2e extrait : Sauterie
Barbant! Le fils Touchalon n'avait que ce mot dans l'inconscience de son âge tendre, pour qualifier ce genre de grands dîners indispensables à une rigoureuse sélection sociale où on présente les enfants, leur mine, leurs progrès... Heureusement, il y aurait son cher condisciple du collège Saint-Thomas, Jean-Louis Lauzun, qui venait de s'inscrire à deux écoles spécialisées dans la sélection des hauts fonctionnaires et des futurs hiérarques de l'Etat. La principale caractéristique de ces deus établissements était qu'on n'y apprenait rien du tout, sauf ce que la télévision, alimentée par les "services secrets", révélait tous les soirs; il ne s'agissait que de sas d'observation entre ces excellents garçons (le système n'étant pas encore étendu aux filles) qui décideraient, vingt ou trente ans plus tard, qui serait ministre et qui ne dépasserait pas le rang de chef de cabinet, de directeur d'un grand service ou, pour les moins introduits, de trésorier-payeur général ou de membre d'un conseil fantôme, les présidences de sociétés de tunnels ou d'autoroutes également très convoitées. Barbant! Il lui faudrait faire semblant d'être aimable... Il y aurait le sale petit frère de Marguerite, Gontran-Amédée de Rohan de Courcel, une caricature d'aristocrate qui, du haut de ses quinze ans, le considérait déjà avec pitié. Ce garnement à particule dont la carte de visite portait encore cette indispensable précision : Gontran-Amédée IV de, etc. menait des études classiques extrêmement brillantes, parlait presque couramment le latin à la grande joie des ecclésiastiques éminents souvent reçus chez ses parents, et un français étrange, sec, sans un mot de trop; il ne s'épanchait guère qu'à propos de son cheval, dont il déplorait d'être si souvent séparé... Son aînée, Marguerite, n'était qu'une pauvre petite fille chlorotique, menue, épuisée, dont on ne parvenait pas à penser qu'un sang, même bleu, irriguât ses veines. Elle avait de beaux yeux, mais si pâles, un sourire simple mais si désolé qu'on pouvait croire que ce serait le dernier et, par ce mouvement complémentaire qui s'observe souvent dans les amitiés de collège, sa meilleure amie était cette Geneviève de Vieuxbois, athlétique Helvète de près de 1,80 m, au développement physique complet sous une puissante toison d'un blond terne. Spirituellement, Jean-Louis Lauzun constatait : "Elle a du coffre, la fille de la Banque Töpffer!" Il y aurait sa propre sur, Céline, beaucoup plus abordable en ses mensurations, quoique assez ronde, qui ne témoignait à son faible condisciple qu'une stricte politesse, comme son père portait sur lui un jugement peu amène. Il s'était dit parfois qu'elle avait un doux regard, des formes aimables, mais maintenant, Sara... Il y aurait sans doute de ces aristocrates insupportables aux conversations impossibles - tandis qu'avec Sara, ce qui était amusant tenait à ce qu'ils n'avaient jamais assez de mots pour le dire -, des filles de hauts fonctionnaires, de magistrats du siège ou du parquet dont les parents voyaient monter la jeune étoile de Gontran-Amédée IV... Ce serait d'un barbant! Il se promit d'en faire un petit tableau satirique en rentrant pour l'offrir à Sara. |
Nous
sommes désolés de l'aspect affreux de cette page,
trop inspirée du gris Touchalonien... |