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Tirage
de tête est un manuscrit qui a été
volé à son auteur. Et nous sommes tout à fait d'accord
avec lui pour reconnaître que ce n'est pas correct. Mais il semblait
primordial, à beaucoup de ceux qui ont connus Michel Touchalon,
de faire vivre ce portrait autrement que dans un tirroir, ou au creux
d'une disquette. C'est chose faite. |
Au
SOMMAIRE de Chapitre
1er
1er
extrait:
La naissance Chapitre
2 4e
extrait: au Flore Chapitre
3 6e
extrait: Fils de pub
9e
extrait: Chapitre
5 10e
extrait:
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7e extrait : La campagne de France
En période
électorale, l'afficheur devient un personnage essentiel, courtisé,
et le publicitaire, ce rabatteur de sa clientèle, peut indiquer
ses préférences, arracher des compromis selon l'importance
de son agence. Une grande campagne ne sera pas donnée, mais enfin,
si elle peut être offerte
La position de Touchalon lui permit
d'agir ainsi, devant la crainte du désastre, son bon cur
à droite, pour le candidat qu'il aimait le mieux : Barère
Lauzun, forcément! Il autorisa donc le jeune publicitaire à gouverner sa campagne d'affichage, comme il visait la plus haute charge de l'Etat. Touchalon s'attela à la tâche avec une véritable abnégation, occasion pour lui de jouer de sa puissance et de sa faconde, pour soutenir un homme honnête par des moyens qu'il n'aurait pas à connaître. Il y mettait de l'affectivité aussi, souhaitant faire oublier la paresse, les sottises de sa jeunesse. Ce projet éclairait une facette de son caractère : il pouvait être sincère, jusqu'à payer de sa personne - mais pas tout seul! Des difficultés aisément prévisibles surgirent quand il voulut enrôler, pour cette juste cause, les concepteurs de l'agence T.T.A. ... Même dans ce monde abusif de la pub où les trucs se répondent, vendre un homme renvoie à une dimension spéciale, irrationnelle, incontrôlable, et, d'une certaine façon, Barère Lauzun se présentait comme le candidat de la quatrième dimension - celle qui ne tiendrait pas dans les urnes. Aucun produit exaltant, whisky ou cocaïne, ne pouvait dissimuler cette évidence qu'on uvrerait en pure perte, pour faire plaisir au patron et soutenir son singulier militantisme. En outre, le caractère particulier de la commande pouvait heurter jusqu'à l'absence de conviction des collaborateurs prêts à l'exécuter. Ce que Lauzun proposait, l'effort, la grandeur, la force, la colère au besoin ne les concernait en rien, eux à qui toute facilité avait souri. Bientôt, Touchalon, comme un merle attentif, reprendra ce programme à son compte La création publicitaire, pour exalter le candidat et ses idées, s'effectua donc à bureaux fermés, avec des volontaires plus ou moins contraints ou prévoyants, là où des esprits libres, brillants, paradoxaux n'auraient pas suffi Ces événements sont encore trop récents dans l'Histoire pour qu'on se hasarde à les commenter sans se créer d'ennemis dans tous les partis. Lauzun était un homme austère, droit, sincèrement attaché à quelques-uns des principes fondamentaux de la République, même s'il n'était pas assez radical pour en poursuivre les conséquences, silhouette anachronique facilement persiflée pour cette raison, et pour d'autres. Le secours cocasse de Touchalon ne le ramènerait pas dans le siècle, encore moins à la tête d'un Etat qu'il faut plutôt considérer désormais comme un Grand Magasin Les choses allèrent ainsi, avec les sentiments baroques des électeurs, que Lauzun recueillit le plus petit nombre de voix à l'élection, contre-score éclatant - et Touchalon fut son prophète!
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Nous
sommes désolés de l'aspect affreux de cette page,
trop inspirée du gris Touchalonien... |