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ANNECY 82 : Extrait de Best de Octobre 1982. Article rédigé par Michel Lousquet. Après s'être donné à fond pendant deux heures, il était complètement crevé. Il s'excusera à plusieurs reprises pendant l'interview de son état d'exténuation, et à certains moments je me suis demandé si j'étais un journaliste faisant son métier ou un bourreau torturant une innocente victime. Alors, ne vous attendez pas de la part de Neil Young à de long développements métaphysiques. D'ailleurs, il considère que son rôle est de chanter, pas de disserter sur ce qu'il chante. Neil Young : Je suis fatigué. Question : Qu'as-tu pensé de ton premier concert en France ? Neil Young : C'était bien. Q. : Es-tu content de la réaction du public ? Neil Young : Oui, Q. : Quels étaient les sentiments entre toi et le public ? Neil Young : Bons. Je ne parle pas beaucoup, parce que je suis fatigué.(Aux photographes :) Pouvez-vous arrêter, avec les flashes ? Il me faut une heure pour arrêter quand je joue, alors je ne peux pas parler beaucoup, parce que je ne pense pas très clairement. Okay ?Mais continuez. Q. : Six ans après ta dernière tournée en France, n'as-tu pas l'impression que quelque chose s'est arrêté et que tout le monde est resté pareil ? Tous ces gens qui sont venus ce soir, ce sont les mêmes; N'as-tu pas l'impression que quelque choses dans le temps s'est arrêté ? Neil Young : Un peu, mais...les gens vieillissent, nous vieillissons, et je ne pense pas que le temps soit arrêté pour les jeunes. Mais nous avons tous fait ça avant, les jeunes non, alors ce n'est pas arrêté pour les jeunes. Michel Lousquet : A part "HHMM" "LAH" et les nouveaux morceaux, tout ce que tu as joué date de "Zuma" ou d'avant. Y a-t-il une raison ? Neil Young : Oh yeah, je n'y avais pas pensé. (Rires) Et les nouveaux morceaux. M. Lousquet : Sont-ils sur le nouveau disque ? Neil Young : Certains. Q. : Et cette passion pour le synthétiseur sur les nouveaux morceaux ? Neil Young : Ouais, j'aime ça. Ca me plaît bien. M. Lousquet : Comment se fait-il que tu ne l'aies pas utilisé avant ? Neil Young : Je ne sais pas . C'est arrivé comme ça. Q. : Et tu comptes l'utiliser davantage dans l'avenir ? Neil Young : Ouais. Je suis désolé, je ne suis pas très rapide. Je suis fatigué. Q. : En ce moment tu sembles beaucoup plus cool et relax que jamais. Mais d'autre part à l'écoute des dernières chansons et du dernier album "Reactor", tu sembles beaucoup plus pessimistes. Comment les deux choses sont-elles conciliables ? Neil Young : C'est la musique. Il y a moi, et il y a la musique. Ce sont deux choses différentes. Q. : Alors le sourire est un masque ? Neil Young : C'est la même personne. Je souris quand c'est une chanson triste, et c'est tout pareil. Je souris et la musique est parfois triste , parfois heureuse. Q. : Quel morceau as-tu préféré ce soir ? Neil Young : Certains nouveaux étaient bien. M.L : Peux-tu parler du long morceau, "Like An Inca" je crois ? Neil Young : Oui, "Like An Inca". Il est sur le nouveau disque. M.L : Tu sembles avoir une fascination pour les indiens. Neil Young : Oui, ça ressort. Q. : Pourquoi cette tournée européenne ? Pour le plaisir ou pour le business ? Neil Young Je pense que c'est ce que j'aime faire. Et ça fait longtemps que je n'ai pas pu le faire, alors c'est le pied.Mais les gens paient, alors c'est du business. M.L. : Cet été en Californie tu as joué dans des petits clubs. Pourquoi ? Neil Young : De façon à être prêt pour cette tournée. M.L : Est-ce que cela a changé quelque chose pour toi de jouer devant des gens qui ne comprennent ni les paroles des chansons ni ce que tu leur dis ? (Pendant le concert, Neil avait dit : "En France, si vous ne parlez pas français on vous regarde d'un drôle d'air ; si vous parlez français, on se moque de vous". Puis, voyant le manque de réaction du public, il avait ajouté en aparté "j'aurais peut-être dû dire ça en français"). Neil Young : Seulement quand je parle...(s'essuyant) il y a des gens qui ne transpirent pas quand ils jouent. Q. : Que penses-tu du dernier album de CS&N ? Neil Young : Je ne sais pas, je ne l'ai pas entendu... J'aime Martha and the Motels (rires). "Only the Lonely". C'est bon, j'aime la nouvelle musique. Ma vieille musique n'est pas mal, mais j'aime de la nouvelle musique. Cela ne me dérange pas de jouer mes vieux morceaux, puisque comme ça les gens savent d'où je viens. Mais j'aime pas écouter les vieux trucs. Q. : Tout le monde se demande qui est-ce "King" dont tu parles dans "Out Of the Blues". Neil Young : Moi aussi (rires) M.L. : Comment as-tu rencontré Devo ? Neil Young : Mon ami Dean Stockwell, un acteur, nous a présentés. M.L. : Qu'as-tu fait avec eux, exactement ? de la vidéo? Neil Young : "Human Highway", un film. M.L. : j'ai entendu parler de "HH" depuis très longtemps. C'était le titre d'un album qui devait sortir... Neil Young : Ouais, ça va sortir. Elliot : Il sort en France en novembre. M.L. : Le disque ou le film ? Elliot : le film. M.L. : (à Neil Young) : peux-tu en parler ? Neil Young : Je ne peux vraiment pas, parce que si je dis quelque chose j'oublierai autre chose. Ou alors je parlerais toute la nuit. Il vaut mieux voir le film, parce que j'ai fait le film pour ne pas avoir à en parler. Le film est plus intéressant que ce que j'en dirais. De toute façon j'en suis trop proche, j'y ai consacré trop de temps. M.L. : Comment la musique et le cinéma se complètent-ils pour toi ? Ce sont deux aspects différents ? Neil Young : Ce sont deux choses différentes. Les films me donnent quelque chose d'autre à faire, de façon que je n'en aie pas marre de la musique. Q. : Es-tu toujours aussi crevé quand tu sors de scène, ou bien ce soir est-il spécial ? Neil Young: Premier concert depuis dix jours, changement. D'habitude je ne parle pas aux gens après le concert. Je suis ok, mais pour répondre à vos questions il faut que je pense. Quand tu joues, tu ne penses pas : si tu joues bien, tu ne penses pas, tu sens. Tout est dans le feeling, pas dans la logique. Quand vous posez des questions, vous m'obligez à penser. A penser vite, plus vite que je ne le peux. Mais c'est ok, nous sommes en train de faire ça parce que c'est Ok. Mais ça explique pourquoi j'ai l'air comme ça. Si je n'avais pas à penser, si je ne savais pas que ce que je dis sera écrit et que vous me prenez en photo, je serais plus détendu. Après avoir joué, il me faut deux heures pour redevenir moi-même. On ne peut pas être les deux à la fois. Je pense que c'est pour ça , en tout cas. Q. : C'est peut-être un manque d'entraînement physique. Neil Young : Peut-être. Mais après le premier concert dans un bar j'étais vraiment fatigué. En général, je ne joue qu'une heure vingt , à tous les autres shows que j'ai faits. Alors ça fait quarante minutes de plus. Mais je ne veux pas faire un concert court et laisser les gens sur leur faim. Je n'ai pas l'impression de m'épuiser en donnant les concerts, mais parler après...Quand j'en aurai fait trois ou quatre, ça ira ; ça vient progressivement. Mais le public a eu ce qu'il voulait, et c'est important. Q. : Demain tu remontes en scène. C'est une sorte de marathon ? Tu as peur ? Neil Young : J'ai toujours peur. On ne sait jamais ce qui va arriver, qui peut être là ; mais j'aime ça, c'est ce que je fais. J'ai été élevé pour faire ça, je m'entraîne pour ça. C'est ma vie. M.L : Et tu vas continuer. Neil Young : Oui M.L : Parmi les nouveaux morceaux que tu as joué ce soir, certains, comme "Little Thing Called Love", semblent assez directs. Est-ce une nouvelle tendance de ta musique? Neil Young. : Je ne sais pas, je n'y pense pas quand j'écris une chanson. Je l'écris, je ne la prévois pas. Après, c'est à vous de savoir ce que c'est. Moi, je ne sais pas, je n'ai l'ai jamais su. M.L : Toutes ces nouvelles chansons ont été écrites à peu près au même moment ? Neil Young : Je les ai toutes écrites en une année. Elles sont sur le nouveau disque. M.L : Il y a un blues aussi. Tu avais envie de chanter un blues ? Neil Young : Oh, dans le concert ? Je l'ai écrit il y a quelques semaines. C'est le pied à jouer ; ça détend , ça arrondit les angles. M.L : c'est le pied, aussi de jouer sur le morceau de Nils Lofgren? Neil Young : Oh oui, c'est bon. C'est comme quand j'étais dans le Buffalo Springfield. Je n'avais pas toujours à être la vedette. Je pouvais jouer de la guitare, venir chanter une chanson , et me remettre à jouer. C'est bien de faire ça. M.L : Comment as-tu formé ce nouveau groupe ? juste des vieux amis? Neil Young : Des gens avec qui j'aime jouer. Je ne veux pas monter sur scène avec un groupe d'inconnus. M.L : Et CH ? Rejoueras-tu avec eux dans le futur ? Neil Young : C'est très grand , le futur. CH, je m'en écarte et j'y reviens. Q. : Où as-tu eu l'idée de la route derrière toi sur scène ? Neil Young : Dans ma tête. Et la pochette de l'album est comme ça. Quand vous verrez la pochette, je crois que vous comprendrez. Il n'y a pas de message. La musique est le message. C'est la route, nous sommes sur la route, au milieu de la route. C'est tout simple. M.L : Et le message dans la musique ou autour de la musique ? Neil Young : C'est à vous de voir ça. Je ne peux pas dire ce que c'est. Je chante, c'est comme ça que je dis ce que je veux dire. M.L : Je vais être plus précis. Tu as soutenu Mc Govern. (candidat à la présidence des EU en 72). Neil Young : Tout le monde fait des erreurs. M.L : Tu penses que c'était une erreur ? Neil Young : Oui M.L : Alors tu ne referas pas quelque chose de semblable ? Neil Young: Je ne pense pas que je tienne particulièrement à soutenir des hommes politiques. M.L : tu ne crois pas aux hommes politiques? Neil Young : Je crois qu'ils sont là, mais je ne les connais pas personnellement. Je ne sais pas quoi dire. Qui sait ? Brejnev , Reagan, qui sait ? M.L : a propos de Reagan, est-ce que le titre de l'album "Reactor" est un jeu de mots sur Reagan ? (ancien actor fortement réactionnaire). Neil Young : (avec un drôle de sourire) : non. Non, je ne crois pas. Il n'y a pas de grand message, c'est juste les sentiments que j'avais à ce moment-là. C'est ce que vous l'appelez. Moi, je fais le disque. C'est ce que je suis. Je ne peux pas dire ce que le disque est. M.L: Mais c'est toi qui l'enregistres. Neil Young ; C'est juste. mais je n'y pense pas, je le sens. Après, vous y pensez et vous écrivez à son sujet. Moi je pense au prochain. Vraiment. M.L : D'où vient ton inspiration ? De ce que tu vois autour de toi?NY : De ma vie, et de la vie des autres. M.L : Ton inspiration semble moins personnelle qu'auparavant. Neil Young : je suis peut-être plus heureux personnellement, maintenant. Il y a trop d'autres choses sur lesquelles on peut écrire. C'est comme quelqu'un qui se lamente tout le temps sur lui-même : qui s'y intéresse ? Il faut écouter, il se passe trop d'autres choses. Il faut sortir de soi-même. Qui sait ? Q. : Quand vous prenez le métro, est-ce que vous vous asseyez ? Neil Young : Non, je reste débout, et je laisse les vieilles dames s'asseoir. C'est une bonne question, je l'aime bien. M.L: tu prends souvent le métro ? Neil Young : Quand je suis à NY ou à Toronto. Il y a un métro à Paris ? Alors je le prendrai."
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